Alors que s’ouvre dimanche à Bruxelles un sommet mondial de la filière du cacao, les chocolatiers belges entendent montrer l’exemple. Objectif: proposer d’ici 2030 100% de produits durables et payer un “revenu vital” aux producteurs.
Garder le cap de la durabilité en dépit de l’envolée des prix du cacao sur les marchés boursiers: à quelques jours de l’ouverture à Bruxelles d’un sommet mondial réunissant plus de 1.000 acteurs de la filièreles industriels belges du secteur entendent profiter de la notoriété de notre pays dans le domaine du chocolat pour se poser en exemple.
Montrer l’exemple
D’ici 2030, les 170 entreprises membres de Choprabisco, qui regroupe 90% des industriels belges du chocolat, de la praline, de la biscuiterie et de la confiserie, s’engagent à proposer des produits 100% durables et assurant une rémunération correcte aux producteurs.
“Chaque cacaoculteur doit percevoir un revenu lui assurant un niveau de vie au moins acceptable. Dans ce contexte, nous avons un rôle de leader à jouer”, souligne Philippe de Selliers, patron de Leonidas et président de Choprabisco.
Le chocolat belge, c’est effectivement du lourd. Savoir-faire, innovations et créativité ont contribué à la réputation mondiale du chocolat belge, faisant de notre pays le 2ᵉ exportateur mondial (668.000 tonnes) derrière l’Allemagne. À lui seul, le chocolat belge représente un chiffre d’affaires de 6,1 milliards d’euros, dont 3,4 milliards réalisés à l’exportation.
“Mettre une couche de prix supplémentaire à un cacao déjà très cher complique les choses, mais nous restons volontaristes.”
47% du chocolat traçable jusqu’à la ferme
L’ennui, c’est que depuis un peu plus d’un an, le prix du cacao s’est littéralement envolé, passant en un peu plus d’un de 3.000 dollars à plus de 10.000 dollars la tonne. En cause: le mauvais temps et les maladies qui ravagent les plantations d’Afrique de l’Ouest et favorisent la spéculation sur les marchés “spots”. De quoi compliquer la tâche des entreprises belges qui se tournent de plus en plus vers un chocolat durable et plus rémunérateur pour les producteurs locaux.
“Mettre une couche de prix supplémentaire à un cacao déjà très cher complique les choses, mais nous restons volontaristes. Même si les prix ne reviendront sans doute pas à 3.000 dollars, nous ne pensons pas que la situation actuelle perdurera”, assure Philippe de Selliers.
Le cacao “fairtrade” n’est en tout cas pas aidé par les prix actuels qui, selon le président de Choprabisco, rémunère au premier chef les spéculateurs. Un chiffre très parlant à cet égard est la proportion de chocolat produit en Belgique qui est certifié ou couvert par un programme de durabilité d’entreprise: 68%, une proportion sensiblement inférieure à celle du chocolat vendu dans notre pays (90%).
Assurer un revenu correct aux producteurs permet d’éviter le travail des enfants et de lutter contre la déforestation. En Belgique, 47% du chocolat est traçable jusqu’à la ferme de cacao, contre moins de 10% en 2018. “Une grande partie des volumes vient des trois grands producteurs (Barry Callebaut, Cargill et Belcolade-Puratos, NDLR), qui anticipent la législation européenne”, précise Mieke Callebaut, conseillère de Choprabisco. Celle-ci interdira en effet à partir de 2025 l’importation de produits issus de la déforestation.
“Payer plus pour un cacao durable”: le thème central de la Conférence mondiale sur le cacaoqui se tiendra de dimanche à mercredi prochains à Bruxelles, donnera pour mission aux différents acteurs de la filière cacao (producteurs, coopératives, exportateurs, négociants, gouvernements…) de répartir au mieux, tout au long de la chaîne d’approvisionnement, la charge des solutions pour la durabilité du secteur.
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