Taille du texte
Les cinémas du monde entier sont toujours aux prises avec les séquelles de la pandémie de Covid, mais les écrans français ont résisté l’année dernière au ralentissement généralisé des marchés développés, offrant ainsi des leçons aux autres pays.
L’industrie française a enregistré un million de spectateurs supplémentaires en 2024 par rapport à l’année précédente et a retrouvé le même niveau de revenus qu’avant la Covid, ce qui la distingue de ses pairs, selon les chiffres de l’industrie.
“En 2024, tous les grands pays européens mais aussi les Etats-Unis sont en baisse par rapport aux entrées de 2023”, a commenté le directeur du Centre national du cinéma (CNC), Olivier Henrard, à propos des chiffres de fréquentation révélés en fin d’année.
Les seuls autres points positifs au niveau international ont été le Brésil et la Bolivie, où le nombre d’entrées en cinéma a également augmenté.
Covid a fermé les cinémas du monde entier en 2020-2021 et a paralysé la production cinématographique, tandis que les confinements ont vu de nombreux consommateurs investir dans des services de streaming en ligne comme Netflix et de nouveaux téléviseurs haut de gamme.
Lorsque les écrans ont rouvert définitivement à la fin de l’urgence sanitaire, certains commentateurs se sont demandé si l’industrie du cinéma s’en remettrait un jour.
“Les gens disaient que c’était mort”, a déclaré à l’AFP Eric Marti, analyste à l’agence de mesure des médias Comscore.
Une pénurie de sorties post-Covid suivie d’une grève majeure des scénaristes hollywoodiens en 2023 a aggravé les problèmes, réduisant considérablement le pipeline de nouveaux films nécessaires pour inciter les fans à revenir vers les multiplexes ou les cinémas indépendants.
La France a rebondi plus fortement que la plupart des autres pays, mais n’a toujours pas retrouvé les niveaux d’avant-Covid en termes de ventes de billets, le nombre d’entrées l’an dernier étant encore en baisse d’environ 13 % par rapport à la période 2017-2019.
La relative résilience du marché français témoigne de l’histoire d’amour durable avec le grand écran au pays du Festival de Cannes, ainsi que du soutien de l’État de longue date aux productions et aux exploitants de cinéma francophones.
Ludovic Graillat gère une nouvelle installation de sept écrans à Cahors, dans le sud-ouest du pays, qui a ouvert ses portes peu avant la pandémie, en partie grâce aux subventions de la ville et de la région.
“C’était assez difficile parce que nous avions fait beaucoup d’investissements, mais nous avons survécu”, a-t-il déclaré à l’AFP à propos des confinements de 2020 et 2021.
L’année dernière, les ventes de billets pour son théâtre du Grand Palais ont augmenté d’environ 6% sur un an pour atteindre 193 000, le laissant agréablement surpris et de plus en plus confiant pour l’avenir.
“Je suis rentable. Nous avons grandi chaque année depuis la réouverture. Cela me permettra d’économiser pour pouvoir rénover davantage”, a-t-il expliqué.
Il a également procédé à des ajustements pour encourager les gens à quitter leur canapé.
Il existe un service de restauration pour les clients qui peuvent se mêler avant et après les projections. Il organise des événements tels que des conférences, des dégustations de mets et de vins, des concerts ou des ateliers pour les écoliers locaux pendant les vacances.
“Nous devons changer pour donner envie aux gens de sortir. L’attrait du film ne suffit pas à lui seul”, a-t-il déclaré. “Le cinéma est devenu davantage un espace social.”
Comme d’autres opérateurs, il a également investi dans de grands sièges confortables, une technologie de projection laser de pointe et des systèmes Dolby Atmos à son surround percutant.
“Quand les gens viennent ici, ils doivent sentir qu’ils ne peuvent pas trouver mieux en termes de confort, de son et d’image”, explique Graillat.
L’exception française en 2024 est aussi le résultat de sorties locales populaires, dont le best-seller “Un p’tit truc en plus”, une comédie sur un père et son fils qui partent travailler dans un colonie de vacances pour personnes handicapées.
Le deuxième plus gros succès au box-office a été une adaptation française à gros budget du roman épique d’Alexandre Dumas “Le Comte de Monte-Cristo” avec l’acteur Pierre Niney, qui a également été la plus grande exportation étrangère du pays.
“Le secret est le même partout : les cinéphiles aiment regarder les productions locales”, explique Marti. “C’est absolument indispensable. Et la France a une industrie nationale forte, avec son écosystème, qui produit chaque année.”
Au total, les films français ont représenté 44 pour cent des entrées en salles l’année dernière, la proportion la plus élevée depuis 2008, selon les chiffres du CNC.
“En dehors des Etats-Unis, aucun autre pays ne s’approche de ce chiffre”, a déclaré Henrard, président du CNC, à la radio France Inter. “Chez nos grands voisins européens, c’est environ 15 à 25 pour cent.”
Au total, les salles françaises ont enregistré 181 millions d’entrées en 2024, soit une hausse de 0,5 % par rapport à 2023.
adp/tgb/ach
#Les #cinémas #français #montrent #voie #suivre #pour #reprise #postCovid