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Les conséquences de la fermeture des frontières entre le Niger et le Bénin.

Les conséquences de la fermeture des frontières entre le Niger et le Bénin.

La fermeture des frontières – d’abord décidée par les militaires au pouvoir à Niamey, puis sanctionnée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) – a non seulement isolé ce Nigérien de 38 ans de son pays et de sa famille, mais l’a également ruiné.

“Nous sommes épuisés et malades. Nous avons libéré nos apprentis car nous commençons à manquer de nourriture”, déclare le conducteur bloqué à Malanville, une ville béninoise située à la frontière avec le Niger.

Pour lui, les pertes se chiffrent en millions de francs CFA (des milliers d’euros) car les marchandises périssables qu’il transporte “se détériorent” sous ses yeux, explique-t-il.

Et pour survivre en attendant une éventuelle réouverture, il a commencé à vendre le diesel de son réservoir.

À la suite du coup d’État qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum le 26 juillet, la CEDEAO a imposé de lourdes sanctions contre le régime militaire à Niamey, notamment l’interdiction de toutes les transactions commerciales entre ses pays membres (dont le Bénin) et le Niger.

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Pont bloqué

Les négociations entre les militaires et le bloc ouest-africain, qui a menacé d’intervenir militairement en cas d’échec de celles-ci, semblent dans l’impasse. Les militaires annoncent une période de transition de trois ans, tandis que la CEDEAO demande le rétablissement du président Bazoum.

En attendant, le Niger, déjà l’un des pays les plus pauvres du monde, est durement touché par ces sanctions.

Les prix des denrées alimentaires ont augmenté d’environ 21% dans ce pays enclavé qui dépend presque entièrement de ses voisins pour ses importations, ainsi que des routiers comme Mahamat Kabirou Amado.

À Malanville, ces transporteurs s’occupent comme ils le peuvent, disputant d’interminables parties de cartes sur le bitume, les nerfs à vif ou l’air abattu.

Koudjegah Justin, un apprenti togolais de 18 ans, n’en peut plus.

“L’argent de nos patrons est épuisé. La faim nous frappe. Nous supplions le gouvernement béninois de nous aider en rouvrant la frontière. Nous voulons traverser”, implore le jeune garçon.

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Tous regardent les collines et les terres verdoyantes de l’autre côté du fleuve Niger, qui marque la frontière entre les deux pays d’Afrique de l’Ouest.

Côté nigérien, le pont est bloqué par quatre gros camions et des conteneurs, ainsi que des sacs de sable.

Traverser le fleuve Niger

Pour ceux qui n’ont pas de camion à faire passer, une autre solution existe…

À quelques kilomètres de là, sur les rives du fleuve, Hima Tourey ajuste son hijab et sa longue robe, tenant fermement sa valise sur sa tête en débarquant sur la terre ferme.

Cette commerçante nigérienne de 35 ans, qui a cinq bouches à nourrir, avait toujours traversé en bus pour récupérer les créances de ses clientes installées au Bénin.

Mais désormais, elle est contrainte de traverser la frontière sur une embarcation de fortune, “au péril de sa vie”.

“Il y a trop de souffrance ici”, confirme Chabi Nourou, un bagagiste de 33 ans, ajoutant que le transport fluvial est désormais “le seul moyen” de passer.

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Le tarif de la traversée de trente minutes a été multiplié par dix, passant de 500 francs CFA (moins d’un euro) à 5 000 francs CFA (7,5 euros).

“Seuls quelques rares passagers utilisaient l’eau. Le fleuve était davantage utilisé pour le trafic (illégal, ndlr) de produits pétroliers”, confie Aminou Hassan, 56 ans, responsable des piroguiers.

Ce trafic est désormais à l’arrêt, poursuit-il, en raison de la présence quasi permanente des policiers qui quadrillent le fleuve et ses environs jusqu’au poste de contrôle juxtaposé.

En l’absence d’essence, tout est bon à transporter sur les embarcations qui partent et arrivent à intervalles réguliers : bétail, motos, voyageurs, vivres…

Les policiers ferment les yeux, aidés par des pots-de-vin et un certain pragmatisme mêlé de compassion, face au désespoir de ces femmes et de ces hommes pour qui les échanges entre les deux pays sont d’une nécessité vitale.

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