Les conséquences de la montée de l’extrême droite sur la politique étrangère de la France

La France est sur le point de connaître un changement politique radical alors que les électeurs se rendent aux urnes pour le second tour des élections législatives anticipées du 7 juillet. Le Rassemblement national (RN) d’extrême droite est en tête les sondageset pourrait sortir avec une majorité quasi-absolue à l’Assemblée, faisant de son chef Jordan Bardella Premier ministre en cohabitation avec le président Emmanuel Macron. Alternativement, il pourrait se retrouver en position de groupe parlementaire le plus important, mais sans majorité, ce qui ferait de Macron un gouvernement minoritaire. L’un ou l’autre de ces scénarios aurait de graves conséquences sur la politique intérieure et extérieure de la France.

Au-delà du scrutin

Dans un gouvernement minoritaire, Macron conserverait le leadership en matière de politique étrangère, mais il serait probablement confronté à de fréquentes impasses législatives. Cela réduirait ses marges de manœuvre, entraverait l’efficacité de la gouvernance et affaiblirait la voix de la France sur la scène européenne et internationale.

Les décisions politiques concernant l’Ukraine et la nomination du prochain commissaire européen français sont les premiers points sensibles potentiels.

Ukraine

Les récentes déclarations de Bardella sur défendre Ukraine, restant dans la structure de commandement de l’OTAN « aussi longtemps que durera la guerre », et prévenir L’ingérence russe suggère que le RN pourrait dans un premier temps rechercher un consensus minimal avec Macron pour éviter de perturber directement l’unité européenne et de s’aliéner les alliés internationaux.

Cependant, l’idéologie fondamentale du RN, caractérisée par le nationalisme, l’anti-américanisme, le scepticisme envers l’Union européenne et l’OTAN, l’admiration pour la Russie en tant que bastion des valeurs européennes traditionnelles et une relation ambiguë avec le Kremlin, pourrait pousser la France vers une politique étrangère plus isolationniste et conflictuelle. La « mélonisation » du RN ne peut pas être tenue pour acquise.

Intégration européenne

La vision du RN d’une « Europe des nations » s’oppose catégoriquement à une intégration plus poussée de l’UE. les propositionsnotamment le rétablissement des frontières intérieures, le favoritisme envers les entreprises françaises dans les marchés publics et la modification des prix de l’énergie, sont en conflit avec les règles de l’UE et pourraient provoquer d’importantes tensions avec les institutions de l’UE.

L’opposition du RN au Pacte vert pour l’Europe et au Pacte sur la migration et l’asile, ainsi que la promesse de Bardella de réduire les contributions annuelles de la France à l’UE, illustrent encore davantage son programme eurosceptique. Enfin, sa préférence pour les solutions nationales en matière de défense plutôt que pour la collaboration européenne, et ses critiques des efforts de Macron pour « européaniser » la dissuasion française reflètent une réticence plus large à s’engager dans les initiatives de l’UE.

Les manœuvres de Macron

Une majorité ou une quasi-majorité du RN après les élections marquerait un tournant dans la politique française. Constitutionnellement, Macron pourrait convoquer de nouvelles élections au bout d’un an pour tenter de reprendre le contrôle, tandis que le RN pourrait faire pression pour sa démission. Le blocage qui en résulterait diminuerait probablement le leadership de la France dans les affaires européennes et compliquerait son paysage économique et politique. Si l’élection présidentielle de 2027 pourrait offrir une chance de rétablir la stabilité, cela dépendra de la progression du RN dans son ascension au pouvoir.

Le Conseil européen des relations étrangères ne prend pas de position collective. Les publications de l’ECFR ne représentent que les points de vue de leurs auteurs individuels.

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