Il arrive que des événements engendrent des obstacles dont les conséquences laissent une marque durable. C’est l’effet cicatrice, qui s’installe et persiste pendant de longues années, voire pour toujours. En période de crise, ce risque affecte particulièrement les jeunes générations qui entrent sur le marché du travail. On parle de générations sacrifiées et le sociologue Louis Chauvel évoque des “effets de scarification” pour analyser comment la situation vécue à l’âge de 20 ans peut entraîner de lourdes séquelles sociales, économiques et psychologiques pour le reste de la vie.
Les conséquences d’une crise ne se font pas seulement ressentir à court terme, les incertitudes et les difficultés rencontrées rendent plus vulnérable et pénalisent ainsi le parcours professionnel et le bien-être de toute une génération.
Le Covid, les années “piteuses”
Ce danger est bien réel pour la génération Covid. En raison des confinements, elle a subi des interruptions scolaires avec des conséquences potentiellement durables sur les niveaux de revenus et la recherche d’emploi. En raison du confinement, certains jeunes diplômés n’ont pas pu trouver d’emploi après leurs études. Une fois le Covid disparu et la croissance revenue, les entreprises ont embauché les diplômés de l’année suivante au détriment des quelque peu plus anciens, qui ont parfois dû accepter des emplois moins qualifiés et moins rémunérés.
Toutes leurs perspectives de vie économique et sociale en sont alors affectées, car en découlent des difficultés de logement, d’autonomie, d’insertion sociale et de bien-être. Le temps perdu peut-il être rattrapé ?
Les jeunes ne sont pas les seuls touchés : toute la société en souffre. Productivité moindre de l’économie, exclusion sociale, aides sociales compensatrices et conflits intergénérationnels avec les baby-boomers, bénéficiaires des Trente Glorieuses et du plein emploi alors qu’eux connaissent des crises et la précarité depuis les années “piteuses”.
Source
1. Le Destin des générations, PUF, 2014.
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2024-03-01 09:06:56