Les Contes des mille et une sciences : Cédric Villani raconte les équations différentielles

FRANCE CULTURE – À LA DEMANDE – PODCAST

Prévenir d’emblée : dire ou écrire les seuls mots « équations différentielles », c’est prendre le risque de faire fuir lecteurs et auditeurs. Sauf que Cédric Villani a un certain talent pour s’en faire le vulgarisateur et, mieux encore, le conteur. C’est parce que, dit-il, les équations différentielles ont permis à l’homme « d’établir des prédictions sur le monde qui l’entoure et d’anticiper certaines de ses évolutions »quoi « météo, transports, conquête spatiale, architecture ou encore agriculture, notre quotidien est inextricablement lié aux prévisions »que le mathématicien consacre quatre épisodes d’un nouveau podcast à nous les donner à mieux entendre.

Episode 1 : nous voici en France dans les années 1680. L’Eglise est sur la défensive, tandis que le monde scientifique s’organise. Galilée, Descartes, Fermat, Pascal « ont jeté aux orties la vieille scolastique d’Aristote ». Et puis il y a cette lettre, du 24 octobre 1676, écrite en latin par Isaac Newton à l’intention de Gottfried Wilhelm Leibniz, lequel sera bientôt moqué par Voltaire dans son Candide. C’est ce que rappelle l’épisode 2, qui s’ouvre sur une expédition en Laponie (magie de la radio et de ses équipes qui nous y transportent) et nous fait découvrir la vie et l’œuvre de Leonhard Euler, « titan suisse » douze fois vainqueur du Grand Prix de l’Académie des sciences.

Narration au cordeau

Le troisième épisode est construit autour de « l’erreur féconde d’Henri Poincaré »et le dernier épisode s’intéresse au mariage des équations différentielles et des ordinateurs. Et Villani de rendre notamment hommage à Katherine Johnson, mathématicienne afro-américaine, dont la vie a été racontée dans le film de Theodore Melfi, Les Figures de l’ombre (2016), aujourd’hui disponible sur Disney+.

Mais inutile d’en dévoiler davantage, car c’est cela, aussi, que réussit parfaitement ce podcast : à nous faire vivre chaque avancée comme une aventure, à nous tenir en haleine alors que la tentation de partir en courant était grande, au vu des concepts manipulés. En multipliant les exemples, en croisant les disciplines, en rendant hommage à ces hommes et à ces femmes (ainsi d’Emilie du Châtelet, première femme dont les écrits sont publiés par l’Académie des sciences et dont Voltaire dira, à sa mort en 1749 : « J’ai perdu un ami de vingt-cinq années : un grand homme qui n’avait de défaut que d’être femme »), en tenant une narration écrite au cordeau et si bien mise en ondes, l’équipe de cette première saison des « Contes des mille et une sciences » a parfaitement réussi son coup : nous les rendre moins ardues.