les débats éthiques et juridiques persistent – ​​Commerce et Justice

Par Evangelina Belén Mollar

Les progrès des techniques de procréation assistée ont ouvert de nouvelles opportunités pour de nombreuses personnes souhaitant fonder une famille, ainsi que des débats éthiques et juridiques qui se poursuivent.

L’une des questions les plus complexes dans ce domaine est le sort des embryons cryoconservés, notamment lorsque les couples ou les individus ne souhaitent plus les utiliser ou que la durée légale de conservation est expirée. Que leur arrive-t-il ? Quelles sont les implications éthiques et juridiques de son rejet ?

Une pratique répandue

La cryoconservation des embryons est un procédé qui permet de les conserver à l’état congelé pour les utiliser ultérieurement dans des traitements de fécondation in vitro (FIV). La technique a fourni des solutions aux personnes confrontées à des problèmes de fertilité, permettant de conserver les embryons restants après un cycle de fécondation pour éventuellement les utiliser lors de tentatives futures.

À mesure que cette pratique devenait plus courante, des milliers d’embryons se sont accumulés dans les cliniques de fertilité du monde entier, et l’Argentine ne fait pas exception. Mais que se passe-t-il lorsque les gens décident de ne plus les utiliser ou d’avoir plus d’enfants ?

En Argentine, en août, dans l’affaire « PA et autres sans autorisation », la Cour suprême a maintenu ferme l’arrêt de la Chambre I de la Cour nationale d’appel civile, qui a légitimé en octobre 2021 une proposition visant à interrompre la cryoconservation de trois embryons conçus en Février 2015.

Faits

À l’époque, AP et MM pratiquaient des techniques de procréation humaine assistée extracorporelle. Deux embryons ont été transférés à la femme et le fils du couple est ensuite né en octobre 2015. Simultanément, trois ont été cryoconservés. À leur sujet, un contrat a été signé entre les demandeurs et la clinique, qui établissait : « Cette congélation et conservation ont pour but leur futur transfert utérin. La durée de ce contrat est de 12 mois à compter de la date de gel, et pourra être renouvelée d’un commun accord. Si notre partenaire ne souhaite pas de transfert, nous déterminerons (conjointement) la destination future de nos embryons, en donnant ensuite des instructions écrites sur leur destination.

En 2018, les requérants ont mis fin à leur cohabitation et ont entamé début 2021 une procédure judiciaire pour mettre fin à la cryoconservation. Auparavant, ils l’avaient demandé à la clinique, qui avait répondu : « Si vous avez l’intention de les jeter, vous devez obtenir une autorisation judiciaire. »

En première instance, la demande a été rejetée. Les pétitionnaires ont fait appel et la Chambre a annulé la décision du tribunal inférieur. Il a fait valoir qu’en raison de l’absence de controverse entre les parties concernant le contrat avec la clinique, une déclaration sur l’autorisation n’était pas nécessaire et légitimait le rejet.

Considérations

Quelques considérations. Le jugement a fermement légitimé l’abandon d’embryons, des êtres humains que la loi argentine reconnaît expressément comme des personnes, affectant ainsi leur dignité et leur droit à la vie.

D’autre part, il faut dire qu’il fait partie de plus de 30 ans de débats juridiques en Argentine, tant au niveau législatif que judiciaire, sur le sujet, qui ont suivi deux lignes principales : celle qui légitime la nouvelle procréation assistée techniques sans imposer de restrictions significatives à son utilisation et une autre qui cherche à protéger les embryons dès le moment de la fécondation, les considérant comme des personnes à naître.

Dans ce contexte, l’arrêt de la Cour n’introduit pas de changements substantiels ni n’établit une position définitive sur le statut des embryons congelés, se limitant à rejeter un appel direct pour manque de légitimité du ministère public (MPF).

La Haute Cour a refusé à la justice l’accès aux embryons cryoconservés. Leur échec les a laissés dans une situation vulnérable. Cela est dû, en partie, au fait que le Défenseur général de la Nation a retiré le recours initialement présenté par le Défenseur devant la Chambre et que le Ministère public de la Défense devant la Cour a décidé de ne pas assumer la représentation des embryons. De plus, la Cour, dans sa résolution, a empêché l’intervention du Procureur dans ces affaires, ce qui laisse les embryons sans défense.

En conséquence, aucune entité ne protège les droits, la dignité et les intérêts des embryons humains.

Réification

L’affaire portait sur la dissolution d’une relation contractuelle dont l’objet était des embryons humains. Conçus grâce à des techniques de procréation assistée, ce sont les enfants des parents qui ont demandé l’intervention, qui doivent en assumer la responsabilité parentale. Lorsqu’on demande leur rejet, il faut se demander : sous quel rôle agissent-ils ? Ils ne peuvent être considérés que comme des « parents », puisque l’embryon, bien qu’à naître, est un individu différent de l’homme et de la femme, issu de la fusion de leurs gamètes. En tant que parents, vous n’avez pas le droit de vous débarrasser de vos enfants. Et, dans le cas hypothétique où ils ne seraient pas vos enfants, sont-ils considérés comme de simples objets de propriété ? Si oui, seraient-ils régis par les lois sur la propriété ? Et si le contrat prenait fin, seraient-ils alors « donnés » à la clinique ? Toutes ces questions ouvrent la porte à une objectivation inacceptable de l’être humain, une réalité qui n’a pas été prise en compte par la Cour dans son arrêt.

La décision se termine par un appel au Congrès pour qu’il légifère sur cette question, ce qui met en évidence l’ampleur du problème juridique sous-jacent.

Au-delà du rejet formel des ressources, l’arrêt reconnaît l’existence d’une question profonde sur la nature humaine des embryons et la nécessité de les protéger, soulignant qu’ils ne sont pas simplement du matériel biologique.

En ce sens, la loi 26994, dans son article 9, établit que « la protection de l’embryon non implanté fera l’objet d’une loi spéciale ». Dans son vote, le juge Rosatti est d’accord avec la décision selon laquelle le procureur n’avait pas la légitimité pour présenter l’appel, mais souligne l’urgence pour le Congrès de sanctionner la loi qui envisage cette règle transitoire. Au contraire, les autres juges se limitent à une exhortation plus vague et générale sur la nécessité de réglementer spécifiquement cette matière.

Le dilemme

Le rejet pose un dilemme bioéthique important. Dans la plupart des pays, y compris l’Argentine, les lois n’offrent pas de réponses claires ou uniformes sur ce qu’il faut faire des embryons « excédentaires ».

Le débat tourne autour de questions fondamentales comme la définition du statut moral et juridique de l’embryon, un aspect qui polarise les opinions. Pour certains secteurs, l’embryon est considéré comme une vie humaine potentielle et sa destruction serait donc éthiquement inadmissible. Pour d’autres, l’embryon n’est rien d’autre qu’un ensemble de cellules, et s’en débarrasser serait une décision plus personnelle que juridique ou morale.

Alternatives

Il existe d’autres alternatives au rejet pur et simple des embryons cryoconservés. Une option en discussion est le don à la recherche scientifique, qui permettrait de progresser dans des domaines comme la biologie de la reproduction ou l’étude des maladies génétiques. Une autre possibilité est le don à d’autres couples qui ne peuvent pas avoir d’enfants, une pratique qui, bien que légale dans certains pays, reste rare en raison des complexités émotionnelles et éthiques impliquées.

Cependant, chacune de ces options s’accompagne également de considérations éthiques. Le don pour la recherche pose le défi d’« utiliser » l’embryon comme objet d’étude, tandis que le don à d’autres couples implique de profonds aspects émotionnels et psychologiques.

Cadres réglementaires et juridiques en Argentine

En Argentine, la loi n° 26862 sur la fécondation assistée ne traite pas directement la question du rejet des embryons cryoconservés, ce qui laisse un vide juridique quant à leur gestion à long terme.

Les cliniques de fécondation disposent généralement de protocoles internes qui, dans de nombreux cas, impliquent une consultation des personnes concernées pour décider du sort des embryons.

Cependant, lorsque les couples ne réagissent pas ou décident de ne pas les utiliser, tout peut rester dans une sorte de « limbes cryogéniques ».

Conclusion

Le débat sur le sort des embryons cryoconservés en Argentine est loin d’être résolu. À mesure que les technologies de reproduction progressent, il devient urgent de mettre en place des cadres réglementaires plus clairs et un débat public plus approfondi sur ce sujet. Le défi consiste à trouver un équilibre qui respecte les décisions individuelles, les progrès scientifiques et les considérations éthiques plus larges.

Face à ce dilemme, l’avenir des embryons cryoconservés reste un domaine dans lequel la science, l’éthique et le droit doivent converger pour proposer des réponses justes et responsables.

Avocat. Spécialiste en bioéthique. Membre du Comité de bioéthique d’Incucai (anciennement de la Société argentine d’urologie -SAU- et de l’hôpital Vélez Sarsfield). Directeur régional pour l’Amérique latine, division Bioethx, Aquas.inc. (Washington DC). Consultant
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