Le secteur du jeu vidéo a connu une croissance importante ces dernières années. On fait le point autour de quelques sujets fondamentaux. Dernier cas : les défis de l’emploi.
La pénurie de main-d’oeuvre frappe aussi l’industrie du jeu vidéo au Québec, mais d’une manière bien particulière : dans ce secteur, c’est le manque de seniors qui inquiète en ce moment. En plus, les nouvelles exigences nationales de francisation des travailleurs immigrés ne facilitent pas la tâche des recruteurs québécois dans ce secteur mondialisé, dont le marché est évalué à 250 milliards de dollars.
« Plusieurs studios sont en manque d’employés expérimentés », explique au Devoir Jean-Jacques Hermans, directeur général de la Guilde du jeu vidéo du Québec depuis bientôt deux ans. L’organisme sans but lucratif regroupe les forces vives du secteur, les développeurs indépendants et internationaux, les créateurs et les établissements d’enseignement, soit plus de 300 membres, ce qui en fait le plus grand regroupement du genre au monde.
Un senior dirige en général une équipe d’une dizaine de personnes. Les transformations de fond de la grappe industrielle vidéoludique au cours des dernières années ont accentué le découvert de gradés par rapport aux simples soldats. La pandémie a engendré une nouvelle vague de créations de studios indépendants, certains par de jeunes diplômés du secteur et d’autres par des employés chevronnés, qui ont déserté les grands studios établis pour se lancer à leur tour dans les affaires.
La Guilde fait pression sur Québec pour faciliter le recrutement des seniors de substitution à l’étranger. Deux éléments font barrage : la lenteur du traitement des dossiers d’immigration et la francisation des travailleurs immigrés.
« Nous avons des discussions avec le gouvernement parce que les nouvelles règles en matière d’immigration vont nous affecter, dit Jean-Jacques Hermans. On est en compétition avec l’Ontario, la Grande-Bretagne, les États-Unis, et c’est plus facile pour un travailleur expérimenté anglophone de se diriger là que de venir ici avec l’obligation de maîtriser le français en six mois. Malgré tous nos efforts de francisation, et il y en a énormément, cet élément reste une barrière quand même, surtout pour les seniors. On espère quand même que les discussions vont progresser et que les problèmes vont s’amenuiser. »
Et les jeunes ?
La formation de juniors pose d’autres défis particuliers. L’organisme Synthèse – Pôle Image Québec a été créé il y a cinq ans précisément pour répondre aux besoins pédagogiques particuliers dans les industries liées au jeu vidéo, à l’animation ou aux projections immersives.
« Les entreprises se sont tournées vers le ministère de l’Enseignement supérieur en leur faisant part de leurs problèmes de main-d’oeuvre, quantitatifs et qualitatifs, explique Brigitte Monneau, directrice générale de Synthèse. Les diplômés n’étaient pas toujours prêts à entrer sur le marché du travail. »
Elle donne l’exemple concret des doux compétencesles compétences transversales. Certaines entreprises déplorent que les diplômés embauchés aient peu l’habitude de travailler en équipe ou de recevoir sereinement certains commentaires sur la qualité de leur travail.
Le ministère a entendu la recommandation pour favoriser des apprentissages ad hoc avec des stages et du mentorat, mais aussi de la formation continue puisque ce secteur hautement technologique subit une constante évolution. « Un de nos axes d’intervention, beaucoup plus transversal, nous fait faire une vigie pour comprendre ce qui est en train de changer pour ensuite adapter l’enseignement », ajoute la directrice Monneau. Dans un rapport sorti il y a deux ans, Synthèse parlait déjà de l’impact à venir de l’intelligence artificielle sur les emplois du secteur.
M. Hermans affirme que, bon an, mal an, les écoles spécialisées postsecondaires fournissent environ 900 finissants de leurs différents programmes. La pandémie et ses confinements favorisant le divertissement intérieur ont stimulé leurs embauches et les maraudages en 2021 et 2022. Ce marché a ensuite connu un resserrement avec environ 6500 postes abolis aux États-Unis au début de l’année dernière puis une nouvelle reprise depuis quelques mois.
La formation des entrepreneurs du secteur pose également des défis. Les studios indépendants prolifèrent, et le secteur se retrouve dans un besoin pressant d’aider à commercialiser les productions tout en protégeant les pousses les plus prometteuses d’une prise de contrôle étrangère.
Trois fois passera, à la pandémie y restera
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