Surprise. Dimanche 17 décembre, parmi les manifestants massés devant le siège de Casino, à Saint-Etienne, des descendants du fondateur, Geoffroy Guichard, avaient répondu à l’appel de l’intersyndicale. « Que la famille ait perdu beaucoup d’argent, c’est malheureux, mais le plus important, c’est le personnel. Nous voulons montrer aux salariés que la famille est avec eux »explique Laurent Guichard, arrière-petit-fils de l’épicier stéphanois parti de rien il y a cent vingt-cinq ans, lorsqu’il a ouvert en 1898 sa première succursale.
D’aucuns pourraient croire que les liens entre Casino et les Guichard se sont dénoués en 1997, lorsque Jean-Charles Naouri a récupéré la majorité du capital, à l’issue d’une offre publique lancée avec la bénédiction d’Antoine Guichard, dernier du nom à avoir dirigé le distributeur. Pourtant, si la maison Guichard-Perrachon a changé de mains, l’attachement du clan est resté. « Nous avons été baignés toute notre vie dans cet environnement »relate Stéphanie de Senneville, une autre descendante.
« Mon père, qui s’appelait aussi Geoffroy, était le frère cadet d’Antoine, il avait été membre du conseil de surveillance de Casino. Il nous a transmis les valeurs sociales et morales de notre aïeul. Et puis, il nous demandait toujours où nous avions fait nos courses. Il voulait que nous allions uniquement chez Casino »se rappelle-t-elle, avant d’ajouter : « Un jour, j’ai voulu vendre quelques actions Casino dont j’avais hérité, j’ai cru que mon père allait faire une crise cardiaque. Ensuite, j’ai gardé l’essentiel de mes titres. Je voulais les transmettre à mes enfants. Je suis contente que papa ne soit plus là pour voir ça. J’ai beaucoup de peine pour lui. »
« Je me sens triste comme si j’avais perdu un proche »
Tous les cousins, nièces, arrière-petits-enfants, bien sûr, n’ont pas grandi dans l’hagiographie familiale, mais certaines branches ont été bercées par « les Mémoires de Geoffroy Guichard »ont accroché aux murs les affiches anciennes de l’enseigne et conservé leurs titres Casino comme des bijoux de famille à passer de génération en génération. « La plupart d’entre nous avons gardé les actions dont nous avons hérité comme une propriété à transmettre à nos enfants. Je n’y ai presque pas touché, même quand le groupe a commencé à aller mal »raconte Théodore Guichard, un quadragénaire qui préside l’association familiale rassemblant la descendance du fondateur et de ses sept enfants : à la dernière réunion, cet été, ils s’étaient retrouvés à 200.
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