Les effets du réchauffement climatique sur la résurgence du choléra en Afrique

Les effets du réchauffement climatique sur la résurgence du choléra en Afrique

De nombreux pays d’Afrique australe et de l’Est sont actuellement touchés par une épidémie de choléra. Le manque d’accès à des toilettes et à des systèmes d’assainissement est le principal facteur de propagation de cette diarrhée aiguë causée par une bactérie transmise par l’eau ou la nourriture contaminées. Mais les événements climatiques extrêmes liés au réchauffement de la planète ont également un effet multiplicateur. Entretien avec Patrick Otim, responsable des crises sanitaires au sein du bureau Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Publié le : 26/01/2024 – 22:26

2 minutes

RFI : Comment concrètement le réchauffement climatique est-il devenu un facteur prédominant de la résurgence du choléra en Afrique ?

Patrick Otim : Quand les cyclones sont accompagnés de vents très forts et suivis d’inondations, les toilettes et les sources d’eau peu profondes sont inondées. Dans beaucoup d’endroits, ces toilettes ne sont pas solides, elles sont faites de bric et de broc et sont détruites facilement. Quand les toilettes sont détruites, tous les excréments se déversent dans l’eau. Et comme l’eau est partout, que toute la zone est inondée, les autres sources d’eau, comme les forages ou les puits, sont aussi contaminés.

Les gens n’ont pas d’autres endroits où trouver de l’eau alors ils boivent cette eau contaminée et finissent avec le choléra. On l’a vu en Zambie notamment. Lors des inondations en Zambie, on a fait des tests dans les sources d’eau, les forages, les puits et plus de 90% d’entre eux étaient contaminés à la matière fécale.

Et comment la sécheresse contribue-t-elle à la propagation de la maladie ?

Quand il y a un manque criant de pluie, les sources d’eau que les gens utilisent normalement sont à sec. Les populations cherchent alors d’autres points d’eau qui sont souvent contaminés. Ils partagent parfois le point d’eau avec les animaux. Deuxième problème : la sécheresse pousse les gens, en particulier les éleveurs, à migrer pour chercher de l’eau. Et dans ces zones où ils arrivent, il n’y a pas de toilettes, pas de système pour les déchets. Et les rares points d’eau sont partagés entre de nombreuses personnes donc ils n’ont pas la ration suffisante.

Enfin, la nourriture est un grand problème pendant les sécheresses. Les récoltes sont mauvaises et les animaux d’élevage meurent à cause du manque d’eau, et comme les gens dépendent de l’agriculture pour vivre, ils sont mal nourris. Et quand on est malnutri, nos défenses baissent et on attrape facilement des maladies. C’est ce qu’on a constaté dans la Corne de l’Afrique, en particulier en Somalie, au Kenya, en Éthiopie et dans certaines parties du Soudan du Sud et d’Ouganda.

Le phénomène climatique El Niño, lui aussi, est un facteur aggravant, car il assèche certaines régions d’Afrique et au contraire provoque des pluies intenses ailleurs sur le continent…

Oui, et dans les zones où El Niño réchauffe la surface de l’eau, cela favorise la croissance de la bactérie du choléra.
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2024-01-27 00:26:30

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