Les enjeux des prochaines élections à la présidence de l’Union Africaine

Les enjeux des prochaines élections à la présidence de l’Union Africaine

Les discussions sur les prochaines élections à la présidence de l’Union Africaine s’annoncent difficiles en raison de divergences entre de nombreux États.

Pas de répit pour les prétendants à la très convoitée présidence de l’UA. Alors que les grands électeurs doivent se réunir pour s’accorder sur un choix, plusieurs pays, dont le Maroc, sont activement en train de rallier un maximum de soutiens. Nous sommes à moins de deux mois avant la tenue de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA) en février 2024, mais les négociations pour déterminer le pays de la région Afrique du Nord qui prendra la présidence l’année prochaine sont au point mort. Les tractations s’annoncent nettement plus longues et ardues qu’en 2023, puisque le Maroc et l’Algérie sont en désaccord pour favoriser la personne qui aura la charge de la direction de l’organisation panafricaine l’année prochaine. Une première réunion du bureau de l’UA composé de l’actuel Président des Comores, Azali Assoumani, du Président du Sénégal, Macky Sall, et des Vice-Présidents représentant les trois autres régions, devait se tenir en décembre 2023 pour trancher la question. En raison des divergences politiques, l’Afrique du Nord qui devait occuper la première vice-présidence, lui donnant un droit quasi automatique de prendre la présidence l’année prochaine, la double candidature du Maroc et de l’Algérie a gelé le processus de désignation, surtout quand Alger a également mis dans la course la prétendue République arabe démocratique saharaouie. Pour ne pas être en reste, l’Égypte a également candidaté, tandis que la Libye a finalement abandonné.

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Pourtant, il faut être vraiment naïf pour croire que la présidence de l’UA est une affaire strictement africo-africaine, bien au contraire. Le lendemain de l’élection de Azali Assoumani, Président des Comores, à la présidence de l’Union africaine pour l’exercice 2023, le monde titrait “les Comores à la présidence de l’Union africaine, une aubaine pour la France”. Pour enfoncer le clou, le quotidien parisien expliquait tout bonnement que “Paris a facilité l’accession de la petite île de l’océan Indien à la tête de l’UA en incitant le Kenya à retirer sa candidature. Le Président comorien est un habitué de l’Élysée, qui apprécie son opposition ouverte à l’invasion russe de l’Ukraine” ! Il fallait du culot pour faire des îles Comores, un pays insulaire au poids diplomatique très faible, avec ses moins de un million d’habitants un capitaine aux commandes du continent, cela veut dire que l’hexagone se moque des logiques diplomatiques, n’hésitant pas à adouber Azali Assoumani qui est devenu le 18 février 2023 le nouveau Président en exercice de l’Union africaine (UA).

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Pourquoi la France a déployé autant d’énergie pour favoriser la candidature des Comores ? Pour une raison très simple : les deux pays sont coincés dans une crise interminable dont l’objet est le statut de l’île française de Mayotte, que les Comores considèrent comme la quatrième composante de l’archipel. Il n’y a pas que les Français qui sont à la manœuvre dans les coulisses des préparatifs des élections à la présidence de l’UA, même les Américains sont au coude à coude avec les européens pour éviter une mauvaise surprise qui bombarderait un président trop anti-occidental ou carrément russophile à la tête de l’organisation africaine.

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Depuis le fameux sommet américano-africain qui s’est tenu aux États-Unis en décembre 2022, l’administration Biden cherche à renforcer son rôle dans le continent. Dans la nouvelle stratégie déployée par Washington, il s’agit dans un premier temps de se rapprocher du continent africain pour faire oublier les déclarations racistes et intempestives de Donald Trump, et dans un deuxième temps de barrer la voie à la Chine et la Russie qui ont renforcé leur influence en Afrique ces dernières années. Au-delà des vœux pieux sur l’économie mondiale, la démocratie et la gouvernance, le changement climatique, la santé ou encore la sécurité, les Américains qui considèrent que l’organisation panafricaine est un outil précieux pour assurer leur hégémonie sur l’Afrique, sont désormais conscients que le Maroc reste la porte d’entrée privilégiée pour l’Afrique, d’où leur revirement spectaculaire sur la marocanité du Sahara.

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