Le secrétaire d’État Antony Blinken s’exprime lors d’une conférence de presse sur l’ingérence de la Russie dans les élections au Département d’État à Washington vendredi.
José Luis Magana/AP
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WASHINGTON — Le département d’Etat américain a annoncé vendredi de nouvelles sanctions contre les médias d’Etat russes, accusant un média du Kremlin de travailler main dans la main avec l’armée russe et de mener des campagnes de collecte de fonds pour payer des fusils de précision, des gilets pare-balles et d’autres équipements pour les soldats combattant en Ukraine.
Si RT a déjà été sanctionnée pour ses activités de propagande et de désinformation du Kremlin, les nouvelles accusations suggèrent que son rôle va bien au-delà des opérations d’influence. Le secrétaire d’État Antony Blinken a déclaré que RT était un élément clé de la machine de guerre de la Russie et de ses efforts pour saper ses adversaires démocratiques.
« RT veut que ses nouvelles capacités de renseignement secrètes, tout comme ses efforts de désinformation et de propagande de longue date, restent cachées », a déclaré Blinken aux journalistes. « Notre antidote le plus puissant aux mensonges de la Russie est la vérité. Elle met en lumière ce que le Kremlin essaie de faire sous le couvert de l’obscurité. »
RT a également créé des sites Internet se faisant passer pour des sites d’information légitimes pour diffuser de la désinformation et de la propagande en Europe, en Afrique, en Amérique du Sud et ailleurs, ont indiqué des responsables. Ils affirment que le média a également étendu son utilisation des cyberopérations avec une nouvelle unité liée aux services de renseignement russes créée l’année dernière.
L’opération de financement participatif s’est déroulée sur les réseaux sociaux russes et visait à lever des fonds pour des fournitures militaires, dont certaines ont été achetées en Chine, ont déclaré les responsables. Il n’y a aucun lien évident entre RT et la campagne de financement, ni aucune indication que les responsables chinois savaient que leurs produits étaient vendus à la Russie.
La liste des fournitures comprenait également du matériel de vision nocturne, des drones, des radios et des générateurs.
Les actions de RT montrent que « ce n’est pas seulement une caserne de désinformation, mais un membre à part entière de l’appareil de renseignement et du fonctionnement du gouvernement russe », a déclaré Jamie Rubin, qui dirige le Centre d’engagement mondial du département d’État.
Le porte-parole du président Poutine, Dmitri Peskov, a déclaré à l’Associated Press que ces allégations étaient « absurdes ». RT est un « média » et « assez efficace », a déclaré M. Peskov.
Les sanctions annoncées vendredi visent la maison-mère de RT, TV-Novosti, ainsi qu’un groupe de médias d’État lié, Rossiya Segodnya, et son directeur général Dmitry Kiselyov. Une troisième organisation et sa dirigeante, Nelli Parutenko, ont également été sanctionnées pour avoir organisé un système d’achat de voix en Moldavie destiné à aider les candidats préférés de Moscou lors d’une prochaine élection.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a suggéré que les sanctions contre RT étaient inutiles car la chaîne avait déjà été sanctionnée.
« Je pense qu’une nouvelle profession devrait apparaître aux États-Unis – un spécialiste des sanctions déjà imposées contre la Russie », a-t-elle écrit sur sa chaîne Telegram.
La propagande russe à l’échelle mondiale fait l’objet d’une attention accrue à l’approche des élections américaines. La semaine dernière, l’administration Biden a saisi des sites Internet gérés par le Kremlin et a accusé deux employés de RT d’avoir versé en catimini près de 10 millions de dollars à une société du Tennessee pour son contenu.
L’entreprise a ensuite payé plusieurs influenceurs populaires d’extrême droite, dont le contenu reprenait souvent des arguments russes. Deux d’entre eux ont déclaré qu’ils n’avaient aucune idée que leur travail était soutenu par la Russie.
Cet été, des responsables des services de renseignements ont prévenu que la Russie utilisait des Américains à leur insu pour diffuser sa propagande en la déguisant en anglais sur des sites populaires auprès des Américains. Selon eux, la Russie cherche à diviser les Américains avant les élections afin de réduire le soutien à l’Ukraine.
Les opérations d’influence de la Russie semblent également conçues pour soutenir l’ancien président Donald Trump, qui a critiqué l’Ukraine et l’alliance de l’OTAN tout en faisant l’éloge du président russe Vladimir Poutine.
