Les étudiants en médecine marocains crient à “des semaines de colère”

AFPManifestation d’étudiants à Rabat, en début de semaine

NOS Nouvelles•aujourd’hui, 11:22

  • Samira Jadir

    Correspondant au Maroc

  • Samira Jadir

    Correspondant au Maroc

Les étudiants en médecine marocains sont engagés dans une grève sans précédent qui dure maintenant depuis sept mois. Les étudiants de tout le pays descendent dans la rue cette semaine dans ce que les militants appellent « les semaines de la colère ».

Ils ne sont pas d’accord avec une réforme de leur éducation entrée en vigueur au cours de l’année scolaire écoulée. La durée des études médicales a été réduite de 7 à 6 ans.

Le gouvernement marocain s’efforce d’obtenir plus rapidement davantage de diplômés en médecine. La Cour des Comptes marocaine a publié à la fin de l’année dernière des chiffres faisant état d’un manque de 47 000 médecins. Selon les étudiants, la réforme se fait au détriment de la qualité de leur éducation.

Immédiatement dans le grand bain

“Sept, sept, sept”, scandent les étudiants devant le Parlement. Ils portent tous un T-shirt noir pour exprimer leur colère. La septième année était auparavant principalement destinée à acquérir une expérience pratique. On craint désormais que les diplômés ne soient jetés directement dans le grand bain après six années d’études.

Les manifestations attirent des milliers d’étudiants de tout le pays. Selon les organisations étudiantes, jusqu’à 94 pour cent des étudiants en médecine au Maroc participent à la grève.

NOSEun des étudiants manifestant

“Nous ne demandons pas de salaires plus élevés ni de cours coûteux à l’étranger, nous voulons simplement que notre niveau d’éducation augmente”, explique Hakim, 22 ans, originaire de Fès, de l’organisation étudiante.

Il espère qu’une solution sera trouvée dans les semaines à venir. « Plus cela dure, plus la société marocaine souffrira si nous commençons notre carrière de médecin mal préparé. »

Les négociations entre les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur et les étudiants ont été difficiles depuis le début. Par exemple, les facultés de médecine menacent de laisser les étudiants en grève terminer l’année scolaire avec un zéro à leurs examens. Cela signifie que la majorité de ces étudiants n’ont plus la possibilité de poursuivre leurs études.

Même si la réforme visait à permettre l’entrée du plus grand nombre de médecins possible dans un court laps de temps, la grève et les représailles menacent d’aggraver encore la pénurie de médecins au Maroc.

Les étudiants en médecine de l’AFP manifestent à Rabat en début de semaine

Non seulement il existe un malentendu quant à l’attitude inébranlable du gouvernement, mais de nombreux Marocains considèrent également que l’action brutale de la police lors d’une précédente manifestation en juillet est excessive. Des canons à eau ont été utilisés pour disperser la manifestation à Rabat. De nombreux internautes marocains ont également noté qu’il était bizarre d’utiliser cet outil en particulier, compte tenu de la sécheresse que connaît le pays depuis six ans.

Mères et grands-mères

Une délégation de parents et grands-parents d’élèves est également présente à cette manifestation. Ils sont venus à Rabat de tous les coins du pays pour soutenir leurs enfants et petits-enfants. Mais aussi pour leur offrir une protection. L’idée est que leur présence devrait permettre à la police de prendre des mesures moins sévères cette fois-ci.

Le petit-fils de Hada, 71 ans, originaire de Marrakech, n’a pas pu être présent aujourd’hui. Il est malade, alité à la maison. « Je suis ici au nom de mon petit-fils, mais je considère tous les étudiants ici comme mes petits-enfants », dit-elle.

La mère Fatima, 48 ans, est également originaire de Marrakech et s’est rendue dans la capitale avec son enfant. Elle pense qu’il est important de contredire que les étudiants sont principalement en grève parce qu’ils craignent de ne plus pouvoir partir à l’étranger avec leur diplôme. « Ce n’est tout simplement pas vrai. Ils veulent simplement une éducation de meilleure qualité », explique-t-elle.

Exode des cerveaux

Même si la majorité des manifestants indiquent vouloir travailler comme médecin au Maroc, le grand nombre de diplômés partant à l’étranger constitue effectivement un problème sérieux pour le système de santé marocain.

Selon l’organisation des médecins marocains FEML, on estime qu’entre 600 et 700 médecins partent à l’étranger chaque année. Depuis cette année, l’Allemagne a un accord avec le Maroc pour, entre autres, recruter du personnel soignant dans ce pays africain. Le premier lot est déjà parti.

Il devrait être clair la semaine prochaine si le gouvernement et les étudiants en grève parviendront à un compromis. Mère Fatima estime que cette situation a assez duré. “C’est un tel gaspillage de talents, de gens qui veulent étudier et consacrer leur vie au service du Maroc. Aujourd’hui, une année entière risque d’être perdue pour les étudiants et rien n’a encore changé.”

2024-07-20 12:22:44
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