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Les footballeurs israéliens se sentent marginalisés

by Nouvelles

2024-11-13 18:07:00

Les Israéliens affronteront la France jeudi soir à Paris – un match aux explosifs suite aux attaques contre des supporters juifs. Le football israélien est ancré en Europe depuis trente ans. On pensait que cela présenterait moins de risques que s’il y avait des duels directs avec d’autres États du Moyen-Orient.

Supporters du Maccabi Tel Aviv à Amsterdam la semaine dernière : certains membres du groupe de supporters ont été menacés, harcelés et battus en raison de leur origine juive et israélienne.

Jéroen Jumelet / ANP / Imago

L’équipe nationale israélienne de football sera en visite à Paris jeudi soir. Leur match de Ligue des Nations contre la France sera sécurisé par environ 4 000 policiers. Parmi eux se trouverait une unité d’élite qui reste proche de l’équipe israélienne. Le Conseil de sécurité nationale israélien a également appelé ses citoyens à rester à l’écart du Stade de France et à éviter les événements sportifs publics. Mardi, seuls 20 000 environ des 80 000 billets avaient été vendus.

Ces mesures sont une réponse au match du Maccabi Tel Aviv contre l’Ajax Amsterdam la semaine dernière. Les supporters du Maccabi ont été menacés, harcelés et battus. Certaines victimes ont qualifié ces attentats, apparemment planifiés sur les réseaux sociaux, de « pogrom ». Mais les ultras du Maccabi sont également devenus violents.

Ces violences illustrent que les attitudes antisémites et anti-israéliennes éclatent de plus en plus dans l’environnement émotionnel et soi-disant anonyme du football. Et de différentes manières : des joueurs nationaux israéliens comme Shon Weissman et Liel Abada signalent des menaces de mort à leur encontre. Des attaques contre des clubs juifs du Maccabi ont été documentées dans le football amateur, notamment jeudi dernier à Berlin. La police souhaite désormais être présente à tous les matchs de La Mecque.

A Amsterdam, des manifestants brandissant des drapeaux palestiniens se sont formés contre le mouvement des supporters israéliens lors du match Ajax - Maccabi Tel Aviv.

A Amsterdam, des manifestants brandissant des drapeaux palestiniens se sont formés contre le mouvement des supporters israéliens lors du match Ajax – Maccabi Tel Aviv.

Jéroen Jumelet / Imago

En plus de ces manifestations brutales, les footballeurs juifs et israéliens sont tenus conjointement responsables de la politique israélienne. Depuis lors 7 octobre 2023, jour de l’attaque du Hamas contre Israël et le début de l’offensive militaire qui a suivi à Gaza, de nombreux jeux ont été accompagnés de manifestations. Les supporters du Celtic Glasgow et de l’Athletic Bilbao brandissent des drapeaux palestiniens. Lors d’un match international entre footballeurs israéliens en Écosse, un supporter s’est enchaîné au poteau de but. Un message était apposé sur son T-shirt : « Carton rouge pour Israël ».

Depuis des mois, 300 organisations sportives palestiniennes réclament l’exclusion d’Israël des compétitions. Ils soulignent qu’au moins 400 athlètes, entraîneurs et officiels feraient partie des plus de 43 000 morts à Gaza. Et recevez un large soutien, par exemple de la part de députés de France, d’Irlande et d’Afrique du Sud. Mais aussi du mouvement BDS, qui veut isoler économiquement Israël et est classé comme antisémite par le Bundestag. Sur Internet, BDS promeut également des manifestations, des sit-in et des « perturbations pacifiques » lors de compétitions sportives.

Le football israélien est ancré en Europe depuis une trentaine d’années, même si le pays fait géographiquement partie de l’Asie. L’espoir avec cette mesure était que la sécurité en Europe serait plus élevée que lors des jeux au Moyen-Orient. Cet espoir est-il enfin perdu ? Les footballeurs israéliens, dont la seule participation à un événement majeur remonte à la Coupe du monde 1970 (dont un match nul contre l’Italie), se sentent une fois de plus marginalisés. Il ne s’agit toutefois pas d’une évolution nouvelle, mais plutôt du résultat de décennies d’histoire marquées par de nombreux échecs.

Ce n’est qu’après l’effondrement de l’Union soviétique qu’Israël a été accepté comme membre à part entière de l’UEFA.

Dès les années 1950, le Liban avait interdit à ses citoyens de participer à des compétitions sportives contre les Israéliens. Les États arabes ont boycotté à plusieurs reprises les matchs contre Israël ou ont appelé à leur transfert vers des pays neutres. Les délégations israéliennes ont été à plusieurs reprises exclues des événements sportifs, comme les Jeux asiatiques de 1962 à Jakarta.

La guerre des Six Jours en 1967 et la guerre du Yom Kippour en 1973 ont approfondi l’isolement d’Israël au Moyen-Orient. Aux Jeux asiatiques de 1974 à Téhéran, des représentants du Koweït et de l’Irak ont ​​organisé des manifestations contre Israël, auxquelles se sont joints la République populaire de Chine, le Pakistan et la Corée du Nord.

Toujours en 1974, deux ans après l’attaque contre la délégation israélienne aux Jeux olympiques de Munich qui avait fait onze morts, la Fédération asiatique de football excluait l’État juif. Avant les Jeux asiatiques de 1978, des investisseurs arabes avaient offert un soutien financier à la ville hôte, Bangkok. Leur condition : l’exclusion des athlètes israéliens. Les Japonais soutenaient également cette démarche à l’époque ; leur dépendance à l’égard des exportations pétrolières arabes était trop forte.

La FIFA a menacé de suspendre la Fédération asiatique de football, mais le président nouvellement élu de l’association mondiale, João Havelange, ne voulait pas risquer un conflit avec les pays arabes. Israël a de nouveau tenté de participer au jeu européen, mais l’UEFA a rejeté cette proposition en raison de la pression des pays du bloc de l’Est. Les footballeurs israéliens ont dû changer de structure à plusieurs reprises et ont même parfois joué en Océanie.

Après l’attaque olympique de Munich en 1972, au cours de laquelle onze Israéliens furent victimes, il y eut une résistance contre les terroristes arabes.

Après l’attaque olympique de Munich en 1972, au cours de laquelle onze Israéliens furent victimes, il y eut une résistance contre les terroristes arabes.

Sammy Minkoff / Imago

Ce n’est qu’en 1994, après l’effondrement de l’Union soviétique, qu’Israël a été accepté comme membre à part entière de l’UEFA. Et voilà : les joueurs israéliens se tournent de plus en plus vers les ligues européennes. En 2013, Israël a accueilli les Championnats d’Europe U-21. Des fan clubs israéliens du Liverpool FC, du FC Bayern et du Real Madrid ont été fondés.

Mais les joueurs israéliens se sont également vu rappeler leurs origines européennes. Surtout lorsque la situation au Moyen-Orient s’est aggravée. Par exemple en 2014 : vingt jeunes, pour la plupart d’origine turque, ont pris d’assaut un match test du Maccabi Haïfa près de Salzbourg. Ou en 2015 : des hooligans du CSKA Sofia ont lancé des bouteilles sur des joueurs du club israélien MS Ashdod. L’antisémitisme islamiste et l’antisémitisme d’extrême droite allaient de pair.

Peu de temps après, la situation semblait pouvoir s’améliorer. Israël a établi des relations diplomatiques avec les Émirats arabes unis en 2020 et a maintenu des relations pragmatiques avec le Qatar et l’Arabie saoudite. Ces trois pays font partie des nouveaux centres de pouvoir du football. C’est ainsi que des sponsors d’Israël et d’Abu Dhabi ont rapidement formé des partenariats. En 2020, Dia Saba est devenue le premier acteur national israélien à s’installer dans un État arabe du Golfe, Dubaï.

En 2020, Dia Saba est devenue le premier acteur national israélien à s’installer dans un État arabe du Golfe.

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Les « matchs à domicile » israéliens en Hongrie et en Serbie

Depuis le 7 octobre 2023, aucun signe de ce départ n’est apparu. En temps de guerre, l’équipe nationale israélienne de football joue ses « matchs à domicile » en Hongrie. En Ligue Europa, le Maccabi Tel Aviv se déplace à Belgrade. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban et le président serbe Aleksandar Vucic sont politiquement proches du gouvernement israélien en partie d’extrême droite. La Hongrie et la Serbie sont également les pays où les équipes biélorusses disputent leurs matchs internationaux à domicile depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, une exigence de l’UEFA.

La FIFA, qui a rarement formulé publiquement une position claire sur Israël, se retient une fois de plus. Elle souhaite apparemment rester en contact avec les associations critiques à l’égard d’Israël au Moyen-Orient ainsi qu’avec les États-Unis, partenaire le plus important d’Israël et l’un des prochains hôtes de la Coupe du monde.

Ainsi, la politique et le football en Israël semblent une fois de plus confirmer qu’ils mènent une bataille solitaire. Des groupes de supporters israéliens ont exprimé leur frustration dans les stades. Des groupes israéliens se mobilisent également pour des rassemblements à Paris, avant le match international contre la France. Parmi eux figurent des extrémistes de droite, mais aussi des forces modérées. Le président français Emmanuel Macron souhaite également visiter le stade jeudi soir, qui ne sera probablement qu’à moitié plein. Macron voit sa présence comme un « message de fraternité et de solidarité ».

Une mère accueille son fils à l'aéroport de Tel Aviv le 8 novembre 2024, après qu'il ait assisté au match du Maccabi à Amsterdam.

Une mère accueille son fils à l’aéroport de Tel Aviv le 8 novembre 2024, après qu’il ait assisté au match du Maccabi à Amsterdam.

Amir Lévy / Getty



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