«Les garçons de la 56e rue» ont 40 ans, un chef-d’œuvre générationnel qui a lancé une batterie de grands acteurs – Corriere.it

«Les garçons de la 56e rue» ont 40 ans, un chef-d’œuvre générationnel qui a lancé une batterie de grands acteurs – Corriere.it
De Philippe Mazzarella

Après le succès d’Apocalypse Now et les flops qui ont suivi, c’est le film qui a relancé Coppola

Au début des années 1980, après l’exploit titanesque, douloureux, extrêmement troublé, mégalomane d’« Apocalypse Now » (1979), la carrière d’un maître comme Francis Ford Coppola subit un brusque revers. Descendu à des conseils plus cléments après le flop (voire critique) sans appel de l’expérimental et visionnaire “One From the Heart” (1982) qui provoqua la faillite de ses Zoetrope Studios (vingt-six millions de dollars à l’époque contre budget estimé pour un total recettes d’un peu plus de deux), Coppola a opté pour une somme dérisoire sur la suggestion d’un bibliothécaire de lycée deux romans de l’écrivain Susan E. Hinton : « The Outsiders » et « Rumble Fish » (de nous « The Boys from 56th Street » et “Rusty the Wild”) qui avait profondément touché les cordes oubliées de son existence (comme son affiliation à un gang de rue à l’adolescence). Les deux films ont été tournés à proximité l’un de l’autre et sont tous les deux sortis en 1983 : “Rusty the Savage” (universellement considéré comme meilleur bien qu’ignoré par le public américain) en octobre, “The Children of 56th Street” (qui rapporte excellent à la maison également en par rapport à son budget décidément plus petit que les deux qui l’avaient précédé) le 22 mars de cette année-là.

Deux chefs-d’œuvre sans si ni mais, a également eu le mérite de révéler et de lancer toute une génération de jeunes acteurs qui ont tenu la cour pendant toute la décennie et (comme dans le cas de Tom Cruise) bien au-delà. Oklahoma, 1965. Après la mort de leurs parents, l’aîné des trois frères Curtis, Darrel (Patrick Swayze), élève les deux mineurs, “Ponyboy” (C. Thomas Howell) et “Sodapop” (Rob Lowe), qui finissent fait partie avec lui de la bande de “graisseurs” de Tulsa, dans les rangs desquels militent aussi l’effronté et arrogant Dallas (Matt Dillon), le rugueux Tim (Glenn Withrow), le plus fragile Johnny (Ralph Macchio) et les têtes brûlées “Two -Bit » (Emilio Estevez) et Steve (Tom Cruise). Le groupe, composé majoritairement d’enfants de prolétaires ou d’immigrés, contraste ouvertement avec les plus aisés économiquement des “socs” (abréviation de “socials”), menés par l’alcoolique Randy Anderson (Darren Dalton). Lorsque Dallas, lors d’une soirée dans un drive-in avec ses potes, s’éloigne après avoir tenté sans succès de flirter avec la belle “soc” Cherry Valance (Diane Lane), cette dernière et son amie Marcia (Michelle Meyrink) laissent Johnny et Ponyboy les ramène chez eux à la colère de leurs petits amis respectifs Bob (Leif Garrett) et Randy, qui leur tendent une embuscade le lendemain avec trois autres “socs”. Ponyboy se noie presque dans une fontaine du parc, tandis que Johnny, sévèrement battu, riposte en poignardant Bob à mort. Les deux garçons, avec la complaisance de Dallas qui fait en sorte que la police les recherche au Texas et leur fournisse une arme à feu et de l’argent, s’enfuient vers Windrixville à proximité où ils trouvent refuge dans une église désacralisée. Atteints par Dallas et une note de Sodapop les exhortant à revenir parce que Cherry est disposée à témoigner en leur nom, les garçons sont d’abord divisés sur la décision de se rendre et se retrouvent ensuite protagonistes héroïques du sauvetage d’enfants piégés dans un incendie qui s’est développé à l’intérieur. l’église. L’entreprise coûte à la fois de graves brûlures et à Johnny une fracture du dos : et après la mort de ce dernier à l’hôpital, la tension entre les deux gangs va dégénérer aux conséquences les plus tragiques.

Parce que l’adaptation qu’il a commandée au départ la jeune Kathleen Rowell ne le satisfait pas, Coppola décide de réécrire entièrement et personnellement le film bien qu’il ne se voit pas crédité au générique comme scénariste : et il penche tout pour sa vision de l’histoire comme un mélodrame flamboyant sur la perte de l’innocence de jeunesse américaine des années qui ont immédiatement suivi l’assassinat de Kennedy, mais aussi à celle d’une réflexion anthropologique sur la nécessité d’appartenir à une « famille » (pas forcément naturelle) et sur la nécessité de faire partie d’une communauté unie par un sentiment de réaffirmation (ou vengeance) sociale. Mais ce n’est pas tout : avec la dimension féérique et pour partie mythologique qui imprègne aussi bien la reconstitution historique (les magnifiques décors de Dean Tavoularis) que la représentation purement cinématographique (l’exceptionnelle photographie “émotionnelle” de Stephen H. Burum, toujours destinée à moins à la réalité des images qu’à la tension psychologique des personnages et des événements), Coppola s’est de nouveau interrogé sur son propre cinéma (et se reproduira, pour presque tout le reste de sa production ultérieure au cours de près de deux décennies : avec “Rusty the wild” et son expressionniste noir et blanc des quelques mois; avec “Cotton Club”, “Peggy Sue s’est mariée”, “Jardins de pierre”, “Tucker”, “Dracula” et paradoxalement aussi avec le refoulé et poignant “Jack” alors) pour redonner au public un Temps et un passé complètement idéalisés et déréalisés, “ailleurs” impossibles et enracinés dans l’âme avant même dans la mémoire, à utiliser comme une évasion personnelle de la cage douleur de la contemporanéité. To (try to) “stay gold”, comme le dit l’une des répliques phares du film (empruntée au poème de Robert Frost “Nothing Gold Can Stay”, 1923) et la splendide chanson “Stay Gold” de Stevie Wonder qui accompagne le générique d’ouverture durant lequel Ponyboy écrit la première page des souvenirs de ce qui est encore à venir.

22 mars 2023 (changement 22 mars 2023 | 09h43)

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