Un article du Professeur Mathieu Nacher a été publié fin juin dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health et aborde l’espérance de vie en Guyane. Fondamentalement, l’espérance de vie dépend des conditions de vie et des ressources, que l’on soit un homme ou une femme. Dans nos contrées, la mortalité est inférieure de deux ans et demi par rapport à la France métropolitaine.
Le recul de l’espérance de vie à la naissance est significatif chez les femmes guyanaises. Globalement, l’espérance de vie à la naissance (hommes/femmes) est inférieure de deux ans et demi par rapport à la France métropolitaine. De 2001 à 2016, la mortalité prématurée (avant 65 ans) a diminué. En 2017, en raison des mouvements sociaux et de la grève de deux mois et demi à l’hôpital de Cayenne, il y a eu une augmentation. En clair, les hommes ont une espérance de vie plus courte que les femmes, mais les femmes présentent plus de pathologies telles que le diabète, le surpoids ou l’obésité.
Cela fait partie des enseignements d’un long article signé par le Professeur Mathieu Nacher, également directeur du Centre d’investigation de la Clinique Antilles Guyane, pôle Guyane. Il a été publié dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health en juin dernier et largement analysé dans la Lettre de l’ARS de ce mardi 22 août. L’épidémiologiste et son équipe ont analysé les données de l’Insee pour l’espérance de vie et celles du CepiDC pour les causes de décès des hôpitaux de Cayenne et Saint-Laurent du Maroni.
Les accidents, les maladies périnatales, les maladies infectieuses et en particulier le sida (en baisse constante) sont les causes les plus connues des décès prématurés. Chez les hommes, les homicides et les noyades sont plus fréquents que dans la France métropolitaine.
Chez les femmes, les tumeurs sont la première cause de décès prématurés, tout comme dans la France métropolitaine. Les chercheurs soulignent également l’impact plus élevé des maladies circulatoires et métaboliques, ainsi que des malformations congénitales et chromosomiques.
Le poids des cancers dans les décès, bien qu’il soit stable, reste inférieur en Guyane qu’en France métropolitaine. La consommation quotidienne d’alcool et de tabac est moins élevée qu’outre-Atlantique. En Guyane, les auteurs constatent une forte proportion de cancers de la prostate et de l’estomac chez les hommes. Chez les femmes, la part des cancers de l’utérus et de l’estomac est significativement plus importante.
Le surpoids et l’obésité chez les femmes sont très importants. Près d’une Guyanaise sur quatre (23%) est en situation d’obésité, contre 13% des hommes.
“Outre le problème de l’obésité en Guyane, il existe souvent un problème caché de malnutrition. Ainsi, parmi les femmes enceintes, si 50% sont en surpoids ou obèses, 81% présentent au moins une carence en micronutriments et 46% ont deux carences. L’insécurité alimentaire est relativement fréquente dans les quartiers pauvres de Guyane”, déclare le Professeur Mathieu Nacher dans l’article.
Ce même article démontre également l’écart d’espérance de vie entre les plus “riches” et les plus “pauvres”. Selon l’étude, les hommes ayant un revenu mensuel de 2 000 euros peuvent espérer vivre 5,8 années de plus que ceux qui gagnent 1 000 euros par mois. Chez les femmes, cet écart est de 3,8 années. “Il est probable que la moitié la plus riche de la population vivant en Guyane a une espérance de vie similaire à celle de la France métropolitaine”, concluent les auteurs. Cette étude passionnante apporte un nouvel éclairage sur l’espérance de vie des Guyanais.
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2023-08-22 21:56:54
