Les intrications cérébrales dans les difficultés psychologiques

Nos problèmes psychologiques sont moins souvent liés à des déséquilibres chimiques généraux qu’à des fragilités de nos circuits cérébraux.

En santé mentale, les explications réalistes sont trop rares et les hypothèses simplistes trop répandues.

Ainsi, selon certains, la dépression serait due à un manque de sérotonine, car on sait qu’augmenter la sérotonine dans le cerveau peut parfois aider les états dépressifs.

Pourtant, la sérotonine n’a pas d’effet sur une grande proportion des personnes déprimées et, dans le meilleur des cas, met plusieurs semaines à agir.

Plusieurs troubles de santé mentale ont été associés à des dysfonctionnements de la dopamine (schizophrénie, TDAH, dépendance) ou d’autres molécules impliquées dans l’activité cérébrale.

Le cerveau n’est pas une soupe

Les traitements pharmacologiques des maladies cérébrales se sont surtout concentrés sur des substances qui ont un effet diffus dans le cerveau.

Ces substances affectent principalement des circuits de modulation qui ajustent la sensibilité du cerveau grâce à des hormones ou régulateurs tels que la sérotonine, l’adrénaline, la dopamine ou leurs homologues.

En raison de leur influence très large, ces modulateurs peuvent affecter de nombreuses fonctions cérébrales telles que l’attention, la motivation ou la motricité, et ne sont donc pas une intervention ciblée. Un peu comme prendre un café très sucré pour une blessure au pied.

Cependant, le fonctionnement du cerveau ne dépend pas seulement du dosage de quelques ingrédients chimiques.

Les explications simplistes peuvent semer la confusion et n’aident ni à mieux comprendre ce qui se passe dans notre cerveau quand ça va mal, ni à mieux prédire qui est plus à risque, ni à mieux gérer les problèmes psychologiques.

Des circuits plus ou moins sensibles

Notre cerveau est constitué de circuits distincts, tels que ceux qui contrôlent les différentes émotions. Nos systèmes émotionnels ont des effets communs, comme la réaction au stress qui nous mobilise, mais ils ont chacun leurs déclencheurs distincts et leurs sensibilités distinctes.

La sensibilité de nos circuits émotionnels se façonne tout au long de notre vie.

Lorsqu’ils se développent chez le fœtus et le bébé, nos circuits sont façonnés par nos gènes, par la santé physique et mentale de notre mère et par de nombreux facteurs affectant le développement du cerveau (oxygène, nutrition, infections, toxines, troubles métaboliques).

Nos circuits émotionnels sont également façonnés par nos expériences, qui créent de nouvelles associations entre des événements et des émotions. Par les interactions avec nos proches. Mais aussi par les valeurs et priorités exprimées par notre entourage, et bien sûr par les événements négatifs (accidents, maladies, abus, traumatismes) et positifs (éducation, rencontres, expériences marquantes) qui jalonnent notre vie.

Nos circuits émotionnels sont également sensibles à l’inflammation (commotions, infections) et à l’état des mécanismes de soutien des cellules (sommeil, santé vasculaire, antioxydants).

Par exemple, si nos circuits de peur ont été sensibilisés par l’un de ces facteurs, nous pouvons développer de l’anxiété. Nos circuits de peur peuvent s’emballer en allumant de nombreuses pensées ou souvenirs effrayants à la moindre occasion. Ils peuvent également être sensibilisés par des dysfonctionnements dans d’autres circuits, tels que ceux qui évaluent nos priorités et freinent nos envies de réagir.

Expliquer les difficultés pour rassurer et pour comprendre

Par conséquent, il est dans notre intérêt d’aller au-delà des explications en termes de déséquilibre chimique. Une explication plus réaliste des mécanismes à l’origine des difficultés de santé mentale aide à rassurer les gens. Elle peut réduire le sentiment de perte de contrôle, la détresse et la honte qui accompagnent souvent ces problèmes psychologiques. Elle peut également nous aider à mieux comprendre les fragilités de chacun et à préserver notre motivation pour surmonter nos difficultés.