Les langues maternelles sont-elles désacralisées ? ~ Bro

Ils ne parlent plus la langue de leurs parents. Nombreux sont ces enfants-là qui ne parlent même plus le dialecte familial et plusieurs langues sentent déjà venir un vent de congélation. À qui la faute ?

La langue, un système d'expression orale ou écrite utilisé par une communauté, a longtemps servi à l'Afrique de véhiculer et de transmettre ses traditions et valeurs de génération en génération.

Toute vie en société est basée sur les langues, et pourtant peu de gens s’intéressent au fait que des nombreux dialectes africains souffrent d’un réel étouffement de nos jours.

Le Nigéria, le Cameroun et le Tchad font partie de ces pays africains qui renferment le plus de dialectes parmi les 1500 à 3000 qu’on estime en Afrique. Pourtant, la plupart de ces langues voient leur zone d’expression se restreindre au profit des langues étrangères (anglais, français etc) et de certaines langues locales les plus populaires comme le fulfuldé au nord du Cameroun, l’haoussa au Niger et Nigeria ou l’arabe local dans la majeure partie du Tchad.

Il n’est pas nouveau qu’une langue disparaisse. Il n’est pas non plus nouveau qu’une tradition se noie dans le passé et meurt. Si les membres d’une communauté quelconque ne font pas l’effort de maintenir en vie leur langue et leur tradition, la conséquence est évidente.

En 1953, l’UNESCO fait une publication capitale soulignant l’importance d’éduquer les enfants en leur langue maternelle et a même décrété depuis l’an dernier la journée du 21 février comme journée internationale de la langue maternelle.

Certains aspects impactent l’apprentissage de la langue maternelle, le premier est l’école. Les enfants vont à l'école afin d'acquérir des connaissances et de mieux s'intégrer dans la société. Le fait qu'on vive ensemble avec des personnes d'une autre communauté dans une même localité nous pousse à apprendre une langue autre que la nôtre, et on emploie généralement les langues vernaculaires du milieu ou les langues officielles employées par nos États. L'impact de l'école et de la modernité ne s'arrête pas là car certains parents voulant que leurs enfants prennent de l'avance en priorisant l'école, utilisent la même langue de l'école à la maison, obligeant ainsi l'enfant à n'avoir aucun accès à sa langue maternelle.

L’école, les parents, les enfants, la communauté, la modernité, la télévision et les médias d’une manière générale, sont ceux qui façonnent le langage. L’objectif ici n’est pas de donner le tort à qui veut se l’approprier, mais d’évoquer l’importance et la richesse de maintenir en vie sa langue maternelle et de la pérenniser en la transmettant aux enfants pour une stabilité socio-éducative et socio-culturelle. Tout enfant dans son jeune âge a une faculté d’apprentissage de base maximale. Ouvert à plusieurs langues, il peut donc en apprendre autant qu’il peut. L’une des notions qui serait le plus plausible serait donc de transmettre à l’enfant sa langue maternelle à la maison.

De nombreux États sont en train de fournir d’efforts considérables à travers le continent, notamment en employant certaines langues locales considérées comme nationale dans l’éducation de base à l’école maternelle et primaire mais aussi au collège. On peut s’exclamer « tant mieux ! » pour ces dialectes devenus populaires qui prennent de l’avance sur les autres dialectes.

À voir, quelques habitudes qui sont en train de disparaître dans la société africaine. 👇