Les limites de la génomique face aux maladies multifactorielles et à l’environnement

Les limites de la génomique face aux maladies multifactorielles et à l’environnement

L’enthousiasme suscité par le projet Génome humain et le montant de son financement ont suscité des promesses extravagantes quant à son impact sur la santé publique. En 2000, Francis Collins, le directeur du NIH (le financeur public de la recherche en médecine et santé aux États-Unis) prédisait que le décodage du génome humain permettrait une révolution de la médecine en matière de prévention et de traitement.

Bien que les effets soient indéniables pour les maladies monogéniques (dues à un variant rare de l’ADN), les promesses pour les maladies multifactorielles, résultant de processus complexes impliquant des facteurs génétiques et environnementaux (telles que les maladies endocriniennes, neurologiques, psychiatriques, etc.) sont loin d’être tenues.

Cependant, une équipe scientifique australienne a proposé d’utiliser les corrélations entre marqueurs génétiques et maladies complexes afin de calculer le risque pour un individu de développer une maladie multifactorielle en s’affranchissant des facteurs d’environnement. Il est maintenant possible de séparer ce qui est génétique de ce qui est environnemental simplement en lisant l’ADN. Cette approche, appliquée à des millions d’individus (incluant les ADN récoltés par la société 23andMe, qui vend en ligne des tests génétiques), a donné lieu à des publications en croissance exponentielle dans des journaux scientifiques renommés.

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Cependant, les mêmes journaux s’inquiètent maintenant de l’impact sociétal de la génomique, alors qu’ils ont contribué à crédibiliser une approche incompatible avec les connaissances biologiques. Postuler l’absence d’interactions entre gènes et environnement, c’est nier les processus de régulation et de réaction à l’environnement qui se produisent tout au long de notre vie, dès le stade fœtal et même avant (l’effet sur l’embryon du régime alimentaire de la mère ou d’ancêtres récents, de leur exposition à des toxiques tels que le tabac, l’alcool, les polluants, les bactéries, les virus, etc.).

De même, postuler que les facteurs génétiques se transmettent indépendamment de l’environnement, c’est nier la transmission de facteurs non codés par l’ADN parental, regroupés sous le terme d’hérédité non génétique. Outre la transmission de facteurs socioculturels, nous savons depuis les années 1990 que l’effet de facteurs environnementaux peut se transmettre sur plusieurs générations.

Il est donc sur la base de postulats erronés que l’on assiste à un retour en force du concept d’héritabilité visant à quantifier la part de la variabilité génétique et de la variabilité environnementale. Pourtant, depuis les travaux de généticiens tels qu’Albert Jacquard en France, ou Marcus Feldman et Richard Lewontin aux États-Unis, nous savions que ces postulats étaient inapplicables en biologie évolutive et en génétique humaine.

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