Le Bangladesh connaît l’une des plus grandes vagues de protestations de son histoire récente. Le pays peuplé d’Asie du Sud, fondé au début des années 1970, s’est réveillé ce lundi 5 avec la nouvelle que Cheikh Hasina, le premier ministre au pouvoir depuis plus de quinze ans, a démissionné du gouvernement et a fui le territoire. On ne sait toujours pas où se trouve Hasina.
L’information sur la démission a été confirmée par le chef de l’armée du pays, Waker-uz-Zama, qui a déclaré lors d’une conférence de presse que l’armée formerait un gouvernement intérimaire. « Quelles que soient vos demandes, nous y répondrons et ramènerons la paix dans la nation. S’il vous plaît, aidez-nous avec cela. Restez à l’écart de la violence », a demandé le commandant dans une déclaration à la nation.
Ce qui a commencé comme des manifestations étudiantes s’est transformé en un tremblement de terre politique au Bangladesh.
Les étudiants manifestent au Bangladesh. Photo : AFP
Le mois dernier, les étudiants sont descendus dans la rue après que la Haute Cour du pays a décidé de rétablir un système de quotas pour les emplois publics destiné aux proches des anciens combattants de la guerre d’indépendance de 1971 contre le Pakistan.
Selon les règles, 30 % des emplois publics dans tout le pays devraient être attribués à des descendants d’anciens combattants.
L’argument des étudiants est simple : le système crée une structure discriminatoire et ne doit donc pas être mis en œuvre.
Au moment de la décision, Hasina a commenté la question, affirmant que « si les petits-enfants des combattants de la liberté ne reçoivent pas de quotas, alors les petits-enfants des Razakars [colaboradores paquistaneses] devraient-ils recevoir des quotas ? La réaction des étudiants a été immédiate.
Les manifestations ont commencé pacifiquement, mais, à mesure que les revendications se sont multipliées, elles se sont transformées en une immense vague de mécontentement contre la direction du pays gouverné par Hasina.
L’intensification des protestations a également entraîné une augmentation de la violence. Plus de 300 personnes sont mortes à la suite des manifestations, et le jour le plus violent a été le dimanche 4 dernier, où plus de 90 morts ont été enregistrées. Des centaines de personnes supplémentaires ont été blessées.
Dimanche également, la Cour suprême du pays a annulé la décision rétablissant le système de quotas.
Confrontations
La violence s’explique également, en partie, par les actions des forces de sécurité du pays. Du point de vue du gouvernement, l’aile étudiante du parti de Hasina est également entrée en scène, agissant contre les manifestants.
Outre les tentatives de répression des manifestations, le gouvernement a également décrété un couvre-feu pour une durée illimitée, en vigueur depuis hier soir. Les services Internet sont suspendus et, à partir d’aujourd’hui, il y aura une fête nationale de trois jours.
Cheikh Hasina, Premier ministre du Bangladesh.
Photo : KIMIMASA MAYAMA / PISCINE / AFP
L’avenir immédiat du Bangladesh est aussi incertain que celui de Sheikh Hasina elle-même. Selon les informations de AFPelle aurait fui en hélicoptère peu après que les manifestants ont tenté de prendre d’assaut le palais présidentiel de la capitale, Dhaka.
D’un point de vue géopolitique, un point important sera de savoir quelle sera la position de l’Inde face aux tensions sociales au Bangladesh. Le pays voisin, gouverné par Narendra Modi, soutient l'(ancien) gouvernement de Hasina.