Les marins participants sont des pionniers mais exposés à des risques

Les marins participants sont des pionniers mais exposés à des risques

2024-01-08 13:30:00

Un tour du monde en solitaire et sans escale sur d’immenses trimarans est le défi ultime. Le week-end, six Français audacieux se sont lancés dans l’un d’entre eux près de Brest.

Les bateaux de Thomas Coville (à g.) et Armel Le Cléac’h se massent déjà sur la dernière Route du Rhum.

Alexis Courcoux/Getty

La classe de bateau s’appelle Ultim, la course Ultim Challenge. Il s’agit d’un tour du monde en solitaire et sans escale – le défi ultime pour les personnes et le matériel. La tâche que se sont fixée six skippers ne peut être mieux décrite. Ils voyagent seuls sur des bateaux à trois coques de 32 mètres de long et 23 mètres de large. Non pas dans la lutte contre la montre comme dans les courses de records, mais contre les concurrents. Le départ a eu lieu ce week-end près de Brest. Dans six à sept semaines, le premier d’entre eux veut être de nouveau là pour franchir la ligne d’arrivée.

La presse spécialisée française a relaté cette première course avec des superlatifs, parlant de l’aube d’une nouvelle ère, de « l’une des dernières grandes frontières de la voile océanique et du sport ». Les participants, tous français, barrent les voiliers les plus rapides actuellement disponibles. En 24 heures ils parcourront chacun jusqu’à 1500 kilomètres, leur vitesse moyenne sera supérieure à 60 km/h, avec des pointes à plus de 80 km/h. Les machines de course ultramodernes voleront presque toujours à une hauteur de deux à trois mètres au-dessus de la mer. Si les vagues sont plus hautes et trop raides, les marins tenteront d’éviter la mer agitée.

Le circumnavigateur Thomas Coville dit : « Il y a des jours où on fond en larmes. »

Cette compétition exigera tout des skippers. Changer les voiles est un travail difficile et peut prendre jusqu’à 45 minutes. Tout sur ces bateaux est immense, mais les gens semblent minuscules. Thomas Coville, qui a fait trois fois le tour du monde sans escale sur des multicoques, dont une fois dans le temps alors record de 49 jours, parle d’une « très grande dimension psychologique ».

Vous ne pouvez pas imaginer à quel point il est difficile de rester mentalement et physiquement maître d’un projet comme celui-ci et de ne pas se laisser submerger par « le doute de soi et la fatigue tenace ». «Il y a des jours où tu fondes en larmes, des jours où tu cries, des jours où tu deviens fou. À la fin, vous êtes un mélange d’euphorie, d’épuisement et d’exaltation.

Au moins les marins peuvent bénéficier du fait que les foils agissent comme des amortisseurs. Grâce au mode vol, les coques tapent moins fort que les monocoques de la classe Imoca, la vie à bord est un peu plus agréable. Autre avantage : les marins sont accompagnés par des météorologues dans le choix de leur itinéraire. La route traversera l’Atlantique, l’océan Indien et le Pacifique, passera les trois célèbres caps (Cap de Bonne-Espérance, Cap Leeuwin, Cap Horn) et contournera l’Antarctique.

Les trimarans ont été construits au début des courses à la voile. Le Pen Duick IV de la légende française Eric Tabarly, un trimaran en aluminium, était célèbre. Alain Colas, élève de Tabarly, achète le Tri, avec lequel il réalise le premier tour du monde en solitaire sur un tricoque en 1974. Mais le Tri n’était pas seulement censé porter chance à Colas ; En 1978, il coule avec le navire sur la première Route du Rhum et perd la vie.

Au début du nouveau siècle, les trimarans de 18 mètres de long font leur apparition en course. A cette époque, les grands catamarans et trimarans de 30 à 40 mètres de long étaient construits avant tout pour les voyages de records. L’objectif était le Trophée Jules Verne du tour du monde le plus rapide pour les équipes et les solitaires. En 2006, un concepteur a lancé un trimaran de 31 mètres 50, moins cher et moitié plus léger que les unités plus grandes. Avec ce bateau de 100 pieds, les architectes navals ont trouvé la dimension qui peut également être maîtrisée par un seul marin. Finalement, la classe Ultim avec des dimensions de 32 mètres sur 23 mètres s’est imposée.

En 2013, un nouveau composant apparaît dans la voile : les foils, qui sortent de l’eau les voiliers de course et les font voler. Les Néo-Zélandais ont surpris avec cette innovation lors de l’America’s Cup. L’idée a été reprise pour d’autres voiliers de course.

Ce développement n’aurait pas été possible sans le soutien à long terme de certains sponsors majeurs. La construction d’un nouvel Ultim coûte environ 20 millions d’euros, et une campagne de quatre ans coûte autant.

Tout a commencé avec la famille Rothschild, impliquée dans la voile depuis des décennies au sein du bureau d’études Gitana. Avec le trimaran Maxi Edmond de Rothschild, lancé en 2017, elle a réussi à construire la référence de la classe Ultim. Viennent ensuite les trimarans des sponsors Lazartigue, Banque Populaire et Sodebo. Il y a aujourd’hui sept bateaux en route qui répondent à la règle de la classe Ultim.

La probabilité que tous les marins atteignent l’arrivée est faible

Parmi les marins ayant relevé l’Ultim Challenge, Armel Le Cléac’h part favori. Il a terminé trois fois le Vendée Globe sur le podium et a remporté la course populaire en 2017. Son rival le plus féroce pourrait être Charles Caudrelier. Il a remporté il y a quatorze mois la Route du Rhum et est également vainqueur de l’Ocean Race. Son handicap : Il n’a jamais fait le tour du monde seul.

Cela vaut également pour Tom Laperche, le plus jeune skipper à 26 ans. Il est coaché ​​par François Gabart, le grand absent de cette course. Le vainqueur du Vendée Globe 2013 détient le record d’un tour du monde en solitaire avec un temps d’un peu plus de 42 jours, réalisé sur un Ultim-Tri dont les foils ne permettaient pas de phases de vol plus longues.

Le doyen du peloton des six est Thomas Coville, 55 ans, le tri-marin le plus expérimenté. Il fait partie des quatre personnes qui ont réussi à faire seul le tour du monde sans escale à bord d’un trimaran. Les autres sont Gabart, Ellen MacArthur et Francis Joyon.

Les marins de l’Ultim Challenge, considérés comme des pionniers, sont exposés à de grands dangers. Si tous les bateaux ont franchi la ligne d’arrivée de la dernière Route du Rhum et de la Transat Jacques Vabre, certains d’entre eux ont subi des avaries considérables. De plus, une course atlantique ne peut être comparée à une régate autour du globe.

Les questions sont nombreuses : comment apprivoiser un catamaran volant lors d’une course de sept semaines ? Quelle est la fiabilité des structures de ces monstres ? Les systèmes conçus pour empêcher le chavirage sont-ils suffisamment sûrs ?

Cela demande beaucoup de chance : le risque de collision avec un objet flottant est élevé. La probabilité que tous les marins atteignent l’arrivée est faible. Charles Caudrelier l’a résumé : « Le plus grand défi, c’est de terminer la course. »




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