les masques entravent la communication pour les personnes sourdes

les masques entravent la communication pour les personnes sourdes

Les masques faciaux étaient inhabituels avant la pandémie de covid-19. Nous les avons vus, par exemple, lors de visites au bloc opératoire et chez le dentiste. Bien que leur utilisation ait suscité un certain malaise chez la plupart des gens quant à la nature de ces occasions, cela n’était pas comparable au malaise profond qu’ils provoquaient chez les personnes qui dépendent de la lecture labiale pour communiquer.

Au début de la pandémie, l’utilisation de masques est devenue universelle dans des pays comme l’Espagne. Depuis, conscients de l’utilité des masques pour réduire la propagation du coronavirus, la plupart d’entre nous ont normalisé leur utilisation. Pourtant, nous oublions l’impact que le fait de ne pas voir ses lèvres a sur les 430 millions de personnes sourdes et malentendantes dans le monde.

Les masques faciaux ont augmenté les obstacles rencontrés par les personnes sourdes lors de la communication en face à face. Ils ont également rendu difficile l’accès à l’information dans d’autres médias tels que l’audiovisuel.

Nous avons récemment publié une étude auquel ont participé près de 400 personnes sourdes, tant d’Espagne que du Royaume-Uni. Nous avons constaté que 76 % des personnes sourdes estimaient avoir perdu de grandes quantités d’informations vitales à cause des masques faciaux. De plus, 56 % déclarent se sentir déconnectés de la société.

Cette étude était un effort d’équipe de chercheurs sourds et entendants qui mettait l’accent sur l’accessibilité. Les questions de l’enquête ont été présentées dans deux langues écrites et trois langues des signes : espagnol, britannique et catalan. La présentation des questions dans la langue de leur choix a permis de s’assurer qu’un plus grand nombre de personnes sourdes soient représentées dans les résultats.

Cela devient évident, par exemple, si nous pensons à mon cas. Bien qu’ils aient travaillé dans des pays anglophones pendant 15 ans, il est plus probable qu’ils participent à une enquête en espagnol mais refusent de répondre aux mêmes questions en anglais, car répondre dans leur langue non préférée coûte toujours plus cher. Il en serait de même pour de nombreux signataires sourds, qui ne seraient pas systématiquement représentés dans les recherches inaccessibles.

La population sourde n’est pas toute la même

Le deuxième avantage que l’étude a montré était l’accent mis sur la capture de la variabilité inhérente à la surdité. La population sourde n’est pas un groupe homogène, de nombreux facteurs peuvent affecter les stratégies de communication des personnes atteintes de surdité.

Le niveau de surdité est déterminant car plus l’audition résiduelle est faible, plus il est probable que la personne dépende d’informations purement visuelles pour communiquer. Dans le même temps, la distorsion sonore provoquée par le masque impactera davantage les personnes atteintes de surdité légère ou modérée que celles atteintes de surdité profonde.

L’âge d’apparition de la surdité a également des répercussions importantes. En cas de perte auditive due à l’âge, la plupart ont tendance à vouloir cacher leur surdité et à réduire le nombre d’interactions. Les personnes sourdes apprennent souvent dès leur plus jeune âge à utiliser toutes sortes d’informations visuelles pour mieux communiquer. Cela comprend la lecture labiale mais aussi la gestuelle et, dans le meilleur des cas, la langue des signes.

Le troisième facteur important est de savoir si la personne sourde est signataire ou non. La langue des signes utilise une expression facile et des mouvements des lèvres mais ne repose pas exclusivement sur eux. Si la personne appartient à un groupe de signataires, il est probable qu’ils aient des stratégies de communication différentes.

Enfin, la capacité individuelle à lire correctement sur les lèvres influencerait également l’impact du masque. En général, les personnes sourdes sont meilleures que les personnes entendantes en lecture vocale, mais il y a beaucoup de variabilité. Pour les personnes sourdes qui ne profitent pas autant des mouvements des lèvres dans des conditions normales, le masque serait moins gênant que pour celles qui ont l’habitude de la lecture labiale fluide.

Un homme avec un masque transparent demande de l’aide pour utiliser la langue des signes.
Shutterstock / oscardimalva

Perte d’informations pendant la pandémie

L’étude susmentionnée a révélé que:

  • Les personnes dont la surdité a commencé tardivement ont déclaré qu’elles avaient manqué plus d’informations. Les personnes atteintes de surdité précoce ont développé des mécanismes de communication efficaces autres que la lecture labiale tout au long de leur vie. Lorsque la lecture labiale est devenue impossible, ils avaient déjà d’autres stratégies.

  • Toutes les personnes sourdes ont signalé une moins bonne qualité de vie et un sentiment de déconnexion de la société. Ces effets négatifs étaient plus forts chez les sourds signeurs.

  • Dans une période d’incertitude, les barrières de communication dues aux masques, ainsi que le manque d’information en langue des signes dans la société en général, ont rendu plus évident le sentiment de déconnexion avec la société.

  • Tous les participants ont convenu que les masques avec une fenêtre transparente autour des lèvres facilitaient la communication, de l’épicerie à une visite à l’hôpital. Les signataires sourds appréciaient mieux les masques entièrement transparents car ils leur permettaient de voir l’expression entière.

  • La communication visuelle (signes, gestes et même écriture) a été valorisée positivement pour réduire les barrières de communication dues à l’utilisation de masques.

Figure 1. Exemple d’obstacles à la communication dus à l’utilisation de masques dans les médias audiovisuels. Sans pouvoir lire sur les lèvres et sans sous-titres, il était impossible pour la plupart des personnes sourdes d’accéder aux informations contenues dans l’actualité.
Auteur fourni

Dans une situation de communication difficile, la meilleure chose à faire est de continuer à essayer par tous les moyens auxquels nous pouvons penser. Parfois, il semble que le message n’est pas si pertinent, essayer de se faire comprendre semble demander beaucoup d’efforts pour peu de bénéfices. Cependant, nous devons comprendre que les avantages de ne pas rompre la communication vont bien au-delà de la transmission du message spécifique. La communication continue peut avoir des effets positifs sur les sentiments de connexion avec les autres êtres humains et sur le bien-être psychologique des interlocuteurs.

Les auteurs de l’étude espèrent que ces données seront prises en compte pour élaborer des politiques pour les futures urgences sanitaires. Les personnes sourdes ne forment pas un tout homogène. Au contraire, il existe différents besoins qui doivent être compris et pris en compte. Aussi pendant une pandémie.


Article traduit grâce à la collaboration avec fond de teint lilly.


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