TORONTO — On demande aux médecins canadiens de prendre en compte le scorbut lorsqu’ils évaluent les patients à risque de mauvaise nutrition et d’insécurité alimentaire.
Une étude de cas publiée dans le Journal de l’Association médicale canadienne prévient que le syndrome le plus associé à la navigation au XVIIIe siècle persiste dans les temps modernes.
Il décrit une femme de 65 ans qui s’est présentée l’année dernière aux urgences d’un hôpital de Toronto avec une série de problèmes de mobilité et de santé qui limitaient sa capacité à faire ses courses et à cuisiner des repas équilibrés.
Avec peu d’aide sociale et familiale, elle subsistait en grande partie grâce à de la soupe en conserve, du thon, du pain blanc et du fromage fondu.
L’auteure principale Sally Engelhart, docteure en médecine interne générale à l’hôpital Mount Sinai de Toronto, affirme qu’il est difficile de ne pas considérer la hausse des prix des aliments comme un facteur probable dans cette affaire.
“C’est un diagnostic que les gens associent aux marins du XVIIIe siècle, et qui n’est pas pertinent en 2024 au Canada et à Toronto”, a-t-elle déclaré.
“Mais ce que j’ai appris, c’est qu’il ne s’agit pas d’un diagnostic si ésotérique et que les personnes qui souffrent d’insécurité alimentaire ou qui suivent un régime alimentaire extrêmement restrictif pour diverses raisons courent un risque de carences nutritionnelles, y compris le scorbut.”
L’étude indique que des rapports provenant du Royaume-Uni suggèrent que la prévalence de la carence en vitamine C pourrait atteindre 25 pour cent dans certains groupes à faible revenu.
Le scorbut, appelé dans l’étude hypovitaminose C, est causé par une carence en vitamine C, qui joue un rôle essentiel dans de nombreux processus métaboliques.
Même si une prise quotidienne de vitamines peut aider, Engelhart a déclaré que les fruits et légumes frais constituent la meilleure source.
Elle a déclaré que le scorbut prendrait « plusieurs semaines, voire plusieurs mois » de mauvaise alimentation pour apparaître, mais note que « certaines personnes peuvent passer plusieurs mois sans consommer de fruits, de légumes ou d’autres sources de vitamine C dans leur alimentation ».
“Quand on pense au coût de l’épicerie, si la meilleure source de vitamine C est les fruits et les légumes, avec un coût croissant des produits frais, je pense que c’est pertinent”, a déclaré Engelhart.
« Je pense qu’il est important d’améliorer les revenus des ménages à faible revenu et de renforcer l’accès aux ressources communautaires pour aider les populations vulnérables à garantir un accès constant et fiable à des aliments sains », a-t-elle ajouté.
Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 7 octobre 2024.
Cassandra Szklarski, La Presse Canadienne
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