Les microbiotes : une nouvelle révolution médicale ?

Les microbiotes : une nouvelle révolution médicale ?
Conférences et débats, rencontres avec des biologistes, anthropologues, agriculteurs, écrivains… Du 13 au 15 octobre à Rouen, la fédération Biogée organise les journées «Naturellement !». Thématique de cette deuxième édition : les microbiotes, indispensables microbes pour la santé et l’environnement.

La bactériologue Geneviève Héry-Arnaud, autrice de Ces microbes qui nous veulent du bien (Humensciences, 2021), défend la prise en compte de la «flore» de nos corps comme un enjeu crucial de santé publique (1).

Vous concentrez vos recherches sur le microbiote pulmonaire, moins connu et moins peuplé que le microbiote digestif. Pourquoi ce choix ?

Le poumon est l’un des grands chefs d’orchestre de notre santé. Je travaille depuis des années sur des pathologies respiratoires telles que la mucoviscidose, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou l’asthme, qui connaissent une forte augmentation. Leur visage est en train d’évoluer grâce à l’arrivée de nouvelles thérapies, dont l’apport est considérable – il est comparable à celui des trithérapies contre le sida. Mais une inconnue demeure : le pronostic dépend en partie de l’état du microbiote pulmonaire de chaque patient. Etudier ce microbiote est donc nécessaire pour mieux comprendre l’affection, et l’appréhender autrement.

Quel est le rôle de ce microbiote ? En quoi permet-il un nouveau regard sur la maladie ?

C’est un allié qui assure notamment une fonction «barrière», car les bactéries dites «commensales», qui font partie de notre organisme, empêchent l’installation de pathogènes. Il stimule également, à bas bruit, notre système immunitaire. C’est un rôle complexe, dont on ne sait pas tout. Aujourd’hui, si la nécessité d’une flore intestinale diversifiée est acquise, nous devons aller plus loin dans la compréhension des microbiotes humains : ils sont bien plus que des outils digestifs. Il s’agit de replacer l’église au centre du village, autrement dit le microbiote au cœur de notre corps et de ses différents organes ! Si le microbiote n’explique pas tout bien sûr, son étude apporte des clés de compréhension, de prédiction, de prévention, voire de traitement des maladies. Ainsi, une affection peut être analysée à travers son déséquilibre, qu’on qualifie de «dysbiose», et dont on va rechercher les facteurs : par exemple, la survenue de crises d’asthme peut être favorisée par une dysbiose pulmonaire, elle-même déclenchée par la pollution atmosphérique.

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Après l’âge d’or des antibiotiques, sommes-nous à l’orée d’une nouvelle révolution médicale, apportée par la connaissance des microbiotes ?

Nous assistons en effet à un changement de mentalités, mais il faut se méfier d’un possible effet de balancier. Les antibiotiques restent des molécules très intéressantes, nécessaires, dont la prescription doit être très encadrée. Dans les années 60 et 70, nous avons pu croire que nous allions résoudre tous les problèmes de santé grâce à eux. Mais en fait, nous avons contribué à fabriquer une nouvelle problématique de santé publique : l’antibiorésistance. Aujourd’hui, à l’hôpital, j’observe au quotidien l’émergence de véritables «bêtes de compétition» devenues résistantes à la quasi-totalité des antibiotiques. Depuis vingt ans, cette épidémie silencieuse, extrêmement préoccupante, se propage à toute vitesse.

Nous assistons également à d’importants déséquilibres de flore, avec un appauvrissement du microbiote des populations occidentales, dus aux médicaments, à l’alimentation et aux modes de vie. Face à cela, le logiciel des médecins doit être revu à travers le prisme du microbiote. Cette évolution bouscule les habitudes, mais elle est nécessaire.

(1) A retrouver à Rouen samedi 14 octobre à 15h10 lors du débat «Les fonctions du microbiote humain».
Conférences et débats, rencontres avec des biologistes, anthropologues, agriculteurs, écrivains… Du 13 au 15 octobre à Rouen, la fédération Biogée organise les journées «Naturellement !». Thématique de cette deuxième édition : les microbiotes, indispensables microbes pour la santé et l’environnement.

La bactériologue Geneviève Héry-Arnaud, autrice de Ces microbes qui nous veulent du bien (Humensciences, 2021), défend la prise en compte de la «flore» de nos corps comme un enjeu crucial de santé publique (1).

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Vous concentrez vos recherches sur le microbiote pulmonaire, moins connu et moins peuplé que le microbiote digestif. Pourquoi ce choix ?

Le poumon est l’un des grands chefs d’orchestre de notre santé. Je travaille depuis des années sur des pathologies respiratoires telles que la mucoviscidose, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou l’asthme, qui connaissent une forte augmentation. Leur visage est en train d’évoluer grâce à l’arrivée de nouvelles thérapies, dont l’apport est considérable – il est comparable à celui des trithérapies contre le sida. Mais une inconnue demeure : le pronostic dépend en partie de l’état du microbiote pulmonaire de chaque patient. Etudier ce microbiote est donc nécessaire pour mieux comprendre l’affection, et l’appréhender autrement.

Quel est le rôle de ce microbiote ? En quoi permet-il un nouveau regard sur la maladie ?

C’est un allié qui assure notamment une fonction «barrière», car les bactéries dites «commensales», qui font partie de notre organisme, empêchent l’installation de pathogènes. Il stimule également, à bas bruit, notre système immunitaire. C’est un rôle complexe, dont on ne sait pas tout. Aujourd’hui, si la nécessité d’une flore intestinale diversifiée est acquise, nous devons aller plus loin dans la compréhension des microbiotes humains : ils sont bien plus que des outils digestifs. Il s’agit de replacer l’église au centre du village, autrement dit le microbiote au cœur de notre corps et de ses différents organes ! Si le microbiote n’explique pas tout bien sûr, son étude apporte des clés de compréhension, de prédiction, de prévention, voire de traitement des maladies. Ainsi, une affection peut être analysée à travers son déséquilibre, qu’on qualifie de «dysbiose», et dont on va rechercher les facteurs : par exemple, la survenue de crises d’asthme peut être favorisée par une dysbiose pulmonaire, elle-même déclenchée par la pollution atmosphérique.

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Après l’âge d’or des antibiotiques, sommes-nous à l’orée d’une nouvelle révolution médicale, apportée par la connaissance des microbiotes ?

Nous assistons en effet à un changement de mentalités, mais il faut se méfier d’un possible effet de balancier. Les antibiotiques restent des molécules très intéressantes, nécessaires, dont la prescription doit être très encadrée. Dans les années 60 et 70, nous avons pu croire que nous allions résoudre tous les problèmes de santé grâce à eux. Mais en fait, nous avons contribué à fabriquer une nouvelle problématique de santé publique : l’antibiorésistance. Aujourd’hui, à l’hôpital, j’observe au quotidien l’émergence de véritables «bêtes de compétition» devenues résistantes à la quasi-totalité des antibiotiques. Depuis vingt ans, cette épidémie silencieuse, extrêmement préoccupante, se propage à toute vitesse.

Nous assistons également à d’importants déséquilibres de flore, avec un appauvrissement du microbiote des populations occidentales, dus aux médicaments, à l’alimentation et aux modes de vie. Face à cela, le logiciel des médecins doit être revu à travers le prisme du microbiote. Cette évolution bouscule les habitudes, mais elle est nécessaire.

(1) Retrouvez-la à Rouen le samedi 14 octobre à 15h10 lors du débat “Les fonctions du microbiote humain”.

#microbiote #permet #comprendre #maladie #autrement #Libération
2023-10-10 02:39:27

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