Les non-maladies : la médecine au défi

De nos jours, la médecine a fait des progrès incroyables pour diagnostiquer de nombreuses maladies à un stade précoce et ainsi améliorer grandement les chances de guérison. Cependant, cette quête pour un diagnostic précoce peut parfois conduire à une surutilisation de tests diagnostiques et à des surdiagnostics, c’est-à-dire la découverte de maladies qui ne présenteraient jamais de problème clinique chez le patient. Le surdiagnostic est un réel problème de santé publique, car il peut entraîner des traitements inutiles, des dommages collatéraux pour le patient et une utilisation inefficace des ressources de santé. Cet article explorera les raisons pour lesquelles la médecine est confrontée à ce défi du surdiagnostic, ainsi que les solutions possibles pour le surmonter.


Dans une interview, Luc Perino, médecin et auteur du livre “Les non-maladies : la médecine au défi”, explique le concept de “non-maladies”. Cela concerne des symptômes qui ne répondent à aucune maladie connue après une batterie d’examens médicaux ou la détection d’une maladie sans conséquence sur la santé du patient. Perino explique que ces non-maladies peuvent entraîner du surdiagnostic, de la surmédicalisation et une dérive du système sanitaire. Il souligne que la prévention ne doit pas être confondue avec le dépistage et que le dépistage généralisé du cancer du sein et de la prostate n’a pas eu d’impact sur le taux de mortalité, bien que des progrès de diagnostic permettent de déceler des tumeurs de plus en plus petites. Il critique également l’idée de traiter toutes les prostates enlevées dans les années 90, alors que désormais, on surveille un tiers des cas. Perino rappelle que la médecine est un commerce et se méfie de l’émergence de nouvelles maladies comme l’apnée du sommeil ou l’endométriose. Il note que certaines non-maladies ont finalement été reconnues par la science grâce aux progrès de la médecine.