2024-02-15 19:24:52
Lors de promenades en ville et à la campagne en automne ou, comme c’est le cas aujourd’hui en hiver, vous remarquerez que les feuilles de certains arbres sont fanées mais ne sont pas tombées. Un processus de décomposition qui a été stoppé et qui se poursuit ainsi jusqu’à ce que les premières tempêtes printanières emportent les feuilles. Sur la photo de Bernhard Fuchs, le feuillage brun-rougeâtre est un élément de couleur qui distingue l’arbre du paysage forestier enneigé et aride. Une image discrète en un coup d’oeil : carré, le motif est centré, aucun autre détail n’attire l’attention.
« Je suis un esprit agité. Je recherche des images qui m’apaisent”, déclare Bernhard Fuchs devant le tableau exposé dans les salles de la galerie Robert Morat à Berlin le jour de l’ouverture de son exposition “Mühl”. La veille, le photographe avait lui-même accroché ses clichés. Il montre toutes les photographies encadrées dans le même format, plutôt modeste, de 37,5 sur 38 centimètres, qu’il préfère. Finalement, il décide de réduire le nombre d’images afin de donner plus d’espace aux différents motifs. Une décision qui n’a certes rien d’inhabituel dans le processus d’installation d’une exposition, mais qui, dans le cas de Bernhard Fuchs, peut être comprise comme un engagement clair envers le dicton « Less is more ».
Fuchs, né en Haute-Autriche en 1971, était l’un des derniers étudiants de la classe de Bernd Becher à l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf. Il y vit encore aujourd’hui et travaille constamment sur une œuvre qui traite de ce qu’il appelle sa « région d’origine », la Haute-Autriche. L’évitement du concept confortable et chargé de la maison apparaît immédiatement en regardant ces images, qui semblent au premier abord assez sobres. Celles-ci sont divisées en séries thématiques, chacune étant créée sur plusieurs années et publiée sous forme de livre. Après « Autos », « Höfe » ou « Waldungen », « Mühl » (2014-2019) est le dernier volume publié de cette exploration photographique.
“Mon besoin de percevoir quelque chose différemment et plus intensément à travers la photographie est très grand” – Bernard Fuchs
Bernhard Fuchs s’est écarté de son intention initiale de photographier le long de la rivière et a capturé divers éléments de la forêt du Mühlviertel. Des rochers couverts de mousse, des racines qui sortent de la terre, une branche tombée dans le ruisseau semblable à une lande – ce sont généralement des détails qui ont attiré l’attention du photographe. Le spectateur vit une expérience similaire à celle lorsqu’il recommence progressivement à voir dans le noir. Les motifs familiers et ordinaires semblent différents, comme chargés d’une certaine aura. Ce changement de perception se produit de manière peu spectaculaire, prudente et pourtant décisive.
« Mühl », Bernhard Fuchs, est visible à la galerie Robert Morat de Berlin jusqu’au 16 mars. Un nouveau livre du photographe sera publié cette année
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