Les poètes de l’artisanat

Sur les tables de l’atelier trônent plusieurs machines à coudre. Si Annick Roulet les utilise toutes pour son travail de chapelière-modiste, l’une d’elles a une plus forte valeur sentimentale. Elle s’en sert depuis l’âge de 8 ans et son achat par sa maman, qui, sous la pression de la mère de son second mari – couturière de métier –, n’a eu d’autres choix que de l’acquérir. A la maison, la jeune Annick est euphorique. Elle en rêve. Une fois rentrée, sa maman pose la machine à coudre sur la table. «Tu peux l’employer, mais tu ne me demandes rien, tu te débrouilles», lance-t-elle à sa fille. Alors Annick Roulet s’est débrouillée, jusqu’à en faire son métier, plus de trois décennies plus tard.

Le lien entre les habits bricolés pour ses nounours, dont les finitions se faisaient au scotch, et les chapeaux qu’Annick Roulet confectionne aujourd’hui – et qui passe par les robes fabriquées et portées à l’adolescence – semble couler de source. Le chemin est pourtant plus sinueux. Avant de laisser libre cours à son âme d’artiste et d’artisane, la Neuchâteloise a eu, durant quinze ans, une première vie d’infirmière, avec tout ce qui va avec: de belles rencontres, certes, mais aussi des horaires irréguliers. Un métier difficilement compatible avec l’arrivée d’un enfant.