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Les portraits libyens d’Edgar Martin remportent le Sony World Photography Award

Les portraits libyens d’Edgar Martin remportent le Sony World Photography Award

Londres. Les portraits libyens évocateurs et intensément narratifs “in memoriam” du photographe portugais Edgar Martin remportent les Sony World Photography Awards 2023. Le prix revient au projet “Our War” que Martins a dédié au photojournaliste Anton Hammerl, kidnappé et exécuté le 5 avril 2011 par les milices gouvernementales pendant la guerre civile libyenne. Dans l’impossibilité de retrouver la dépouille mortelle d’Hammerl et de mener une enquête approfondie sur la fin de son ami, le photographe portugais décide de déplacer son enquête vers une réflexion aux contours “plus métaphysiques”, et d’une portée universelle certaine, comme le thème de l’absence et le deuil, ainsi que celui de la mémoire. Ainsi les visages dépeints, et ce sont ceux des guérilleros pour ou contre Kadhafi, et des gens ordinaires rencontrés par hasard, arrêtés à l’ombre clairsemée des palmiers, parmi l’enchevêtrement de joncs, armés de combinaisons camouflées ou dans des poses très allusives , recomposent à travers une sorte de méta-portrait-collage le « visage impossible » de l’ami perdu et de la guerre qu’il voulait déjà raconter.

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Le pouvoir de la mémoire

Martin est une narration à forte tension, naissante et troublante, qui par un savant jeu de mise en abyme nous interroge, et s’interroge en même temps, sur l’éternel mystère de la mort, pour tenter de combler le vide incommensurable. Une odyssée contemporaine, pour une Ithaque inaccessible, celle de Martin, encore et encore réconforté face à la force autrement annihilante de la mort, par la puissance humaine de la mémoire. « Comment raconter une histoire sans témoins directs, traces, preuves ou protagonistes ? était la question à laquelle Martin a fourni une réponse possible à travers les visages des personnes qu’il a rencontrées et dépeint poétiquement.

Libye

Entré clandestinement en Libye grâce à un contrebandier de pétrole, l’auteur des photos a immédiatement dû faire face à l’énorme difficulté de travailler dans des conditions aussi précaires. Dans « Our War », il a donc travaillé l’ellipse par un procédé évocateur, aux contours densément allusifs. Les contacts libyens de l’ami décédé et ceux qui avaient participé au conflit (combattants de la liberté ou leurs descendants, anciens miliciens, habitants, fidèles ou imitateurs de Kadhafi, sont ainsi devenus les protagonistes de ce projet, tous choisis parce qu’ils avaient la même apparence, les mêmes idées et croyances que Hammerl, ou parce qu’ils ont rappelé à Martins les différents moments de leur amitié. Le projet, qui a ainsi documenté le conflit libyen au même moment, met l’accent sur l’idée même de fragmentation et de contradiction inhérente à tous les conflits.

Commentaire du prix

“C’est un immense honneur de recevoir cette reconnaissance”, a-t-il commenté. Et encore : « bien que j’aie l’habitude d’avoir une approche plutôt détachée des récompenses et que je sois conscient du caractère subjectif des choix personnels, savoir que le concours Professionnel a reçu cette année plus de 180 000 candidatures remet tout en perspective. Dans ce cas particulier, c’était très émouvant de pouvoir rendre hommage à un ami sur la scène internationale et d’attirer l’attention du public sur la lutte de la famille pour retrouver sa dépouille. Aucun autre prix n’a la même portée que les Sony World Photography Awards.

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Martins a été sélectionné parmi les 10 premières catégories du concours professionnel, annoncé avec les deuxième et troisième places de chaque catégorie et les gagnants des concours Open, Youth et Student.

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