Les précautions à prendre avec les médicaments pendant les fortes chaleurs

Les précautions à prendre avec les médicaments pendant les fortes chaleurs

En règle générale, il est préférable de ne pas prendre de médicaments sans l’avis de professionnels de la santé : cela est encore plus important lors de fortes chaleurs.

Les fortes chaleurs estivales et les périodes de canicule mettent le corps à rude épreuve et nécessitent une vigilance particulière pour se protéger du soleil, rester hydraté et éviter les coups de chaleur. Il en va de même pour les médicaments : les températures élevées peuvent accentuer leurs effets indésirables. Ainsi, certaines substances peuvent augmenter la transpiration et aggraver la déshydratation ; d’autres peuvent provoquer de la fièvre, empêcher le corps de se rafraîchir voire entraîner une hyperthermie. Les personnes âgées, les enfants, ainsi que celles souffrant de certaines pathologies cardiaques, de diabète ou d’obésité sont particulièrement vulnérables. Cependant, personne n’est véritablement épargné.

« Quand il fait chaud, on a tendance à ne pas assez boire et donc à perdre de l’eau : si, au lieu de se diluer dans cinq litres de sang, un médicament se dilue dans quatre litres, il sera beaucoup plus concentré. Par conséquent, ses effets secondaires seront plus importants », explique Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), dans une interview pour Libération. Les médicaments diurétiques, prescrits principalement en cas d’hypertension artérielle ou d’insuffisance cardiaque, sont particulièrement concernés : ils ont pour but de favoriser l’élimination de l’eau et des sels minéraux par l’urine. « Si, en plus, le patient n’a pas une absorption d’eau correcte, il sera amené à se déshydrater encore plus rapidement », précise le pharmacien de Côte-d’Or.

« Tous les médicaments sont concernés », déclare Lucie Bourdy-Dubois de la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France (FSPF). Certains médicaments contre le diabète, le cholestérol, la migraine, certains neuroleptiques, antipsychotiques et quelques traitements antiépileptiques sont également cités comme posant problème. Les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS), tels que l’ibuprofène ou l’aspirine, peuvent également entraîner une insuffisance rénale temporaire ; quant au paracétamol, il n’est pas nécessairement recommandé en cas de coup de chaleur en raison de son impact sur le foie. Autrement dit, « tous les médicaments sont concernés, car tous se diluent dans le liquide organique qui est le sang », insiste Pierre-Olivier Variot.

Ainsi, lorsque la température grimpe, en particulier pendant une période de canicule, il est essentiel d’être attentif lors de la prise de médicaments. Il est donc indispensable de bien s’hydrater et de consulter des professionnels de santé pour éventuellement adapter son traitement. « En aucun cas un patient ne doit arrêter ou diminuer seul sa prise de médicaments », prévient Lucie Bourdy-Dubois. « En règle générale, on évite d’en prendre sans l’avis de professionnels de santé : c’est encore plus important lors de fortes chaleurs. » Pour les médicaments délivrés sur ordonnance, une consultation chez le médecin est nécessaire : il réévaluera, au cas par cas, le rapport bénéfice-risque et ajustera le traitement si nécessaire. En ce qui concerne les médicaments en vente libre, il est préférable de consulter un pharmacien. Les risques dépendent de la pathologie, des autres médicaments pris, de la morphologie et d’autres caractéristiques propres à chaque individu.

La pharmacienne de la Nièvre soulève également un autre facteur de risque, cette fois-ci lié directement au soleil et à ses rayons : certains traitements, tels que certains antibiotiques ou ceux contre l’acné, sont photosensibilisants. Cela signifie qu’ils rendent la peau plus sensible aux rayons solaires, même par temps ensoleillé au printemps.

La hausse des températures pose également un autre problème, au-delà de la prise de médicaments : leur conservation. Pour les comprimés “secs”, il n’y a pas de souci à se faire, car ils sont conçus pour résister longtemps, même à la chaleur. « Bien sûr, l’idée n’est pas de les laisser pendant des heures sur la plage arrière de la voiture, mais s’ils restent pendant quelques jours ou semaines à une température supérieure à 30 degrés dans la cuisine, cela ne causera aucun dommage », souligne Lucie Bourdy-Dubois. Pour ceux qui voyagent avec leurs médicaments, il est possible de les transporter dans une glacière, mais il ne faut pas les congeler ou les placer directement sur des blocs réfrigérants.

Le problème se pose un peu plus pour les médicaments sous forme liquide, qui sont plus fragiles. Les crèmes ou les suppositoires peuvent s’oxyder : s’ils changent d’odeur ou d’apparence, il ne faut pas les utiliser et il est conseillé de se rendre à la pharmacie. Pour ceux qui doivent être conservés au réfrigérateur, il vaut mieux les utiliser immédiatement après les avoir sortis. « Par exemple, pour les stylos à l’insuline, une fois qu’on a commencé à les utiliser, on peut les conserver à température ambiante », explique la pharmacienne. « Mais s’il fait trop chaud chez soi – 30 °C – et qu’il n’y a pas d’endroit plus frais, il faut éviter de les remettre au réfrigérateur, puis les ressortir, et ainsi de suite. » Il vaut donc mieux consulter son pharmacien, qui évaluera la durée de conservation en fonction du produit.

Surtout, face à la multiplicité des situations et des cas individuels, les deux pharmaciens le répètent : en cas de doute, il est préférable de toujours solliciter l’avis d’un professionnel de santé.
#gare #cocktail #chaleurmédicaments #Libération
publish_date]

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.