Sandro et Laura, les personnages principaux du dernier film de l’écrivaine Amanda Sthers, s’aiment. Mais l’amour ne suffit pas, surtout si le temps s’en mêle. “Les Promesses” est à découvrir au cinéma le 9 août 2023.
Un homme et une femme marchent côte à côte dans un couloir un peu sombre sans vraiment se regarder, avant de se faire leurs adieux dans une voiture. La première scène du film “Les Promesses”, en salles le 9 août, est peuplée de non-dits et pour l’expliquer, la réalisatrice Amanda Sthers offre un long retour en arrière à l’intérieur duquel elle se joue encore du temps. La référence à Proust est d’ailleurs explicite avec la mention de son incontournable “A la recherche du temps perdu” qui s’apparente à une clé de lecture, à l’instar du roman de l’Italien Italo Calvino, “Le Baron pourquoi” (“Le baron rampant”).
Déconstruit
Alexander alias Sandro – interprété par le comédien italien Pierfrancesco Favino – rencontre Laura, incarnée par l’actrice britannique Kelly Reilly, lors d’une soirée où la moustache est un élément indispensable du dress code. Le coup de foudre est immédiat, mais Sandro, la quarantaine triomphante, est marié à Bianca et Laura s’apprête à se marier. Le récit de cette histoire d’amour renvoie le narrateur à son rapport au temps et à son enfance. Mais surtout à un drame fondateur : la disparition de son père. La relation que Sandro tente de construire avec Laura se trouve intimement liée à ces jeunes années marquées par son grand-père italien à qui Jean Reno donne vie à l’écran.
A l’instar de son roman homonyme qu’Amanda Sthers a adapté elle-même, “Les Promesses” n’est pas un film linéaire. Les allers-retours entre le passé et le présent donnent un certain rythme au film qui n’est rien d’autre qu’une évocation du temps de l’amour, du moins de sa complexité. La photo fait écho à cette dualité : le passé est nimbé de la lumière des étés dans la demeure familiale, en Italie, et les ambiances du présent – vécu sous le ciel anglais – sont plus sombres et brumeuses.
Désespérés
En réalité, ce sont les pérégrinations amoureuses d’un homme qu’Amanda Sthers relate. Se focalisant sur ce que Sandro considère comme sa grande histoire d’amour, la cinéaste déterre par tranches tous les souvenirs d’enfance qui ont fait de son héros l’adulte qu’il est devenu. Sandra (son premier béguin), Bianca (sa première femme), Gilda (sa deuxième compagne) et surtout Laura sont les héroïnes du livre des amours compliquées du bouquiniste et riche héritier. La stabilité du trio amical à toute épreuve que Sandro forme avec Louis (Kris Marshall) et Jack (Deepak Verma), tous fans de ballon rond, vient d’ailleurs contrebalancer toute cette effervescence sentimentale. De quoi vous faire préférer l’amitié à l’amour. Cependant, le couple ardent que forme Pierfrancesco Favino et Kelly Reilly, filmés en gros plan avec une caméra qui insiste sur leurs regards souvent enfiévrés et désespérés, remporte tous les suffrages.
Ceux qui ont lu le livre d’Amanda Sthers, paru en 2015 chez Grasset et Fasquelle, retrouveront les temps forts du récit littéraire même si l’intrigue initiale se déroule sur une période différente, et plutôt entre la France et l’Italie, le pays de tous les fantômes de Sandro. “Les Promesses”, le quatrième film d’Amanda Sthers, s’avère être une histoire d’amour assez sexy et alambiquée pour retenir l’attention d’une audience pendant près de deux heures. Au moins, celle des incurables fleurs bleues.
La fiche
Genre : drame
Réalisateur : Amanda Sthers
Acteurs : Pierfrancesco Favino, Kelly Reilly et Jean Reno
Pays : France, Italie
Durée : 1h54
Sortie : 9 août 2023
Distributeur : Madeleine Films
Synopsis : Alexander a été élevé en Italie et vit désormais en Angleterre. Alors qu’il a quarante ans dans les années 1980, il tombe follement amoureux de Laura, mais il est marié et incapable de changer de vie. Cette histoire qui ne bascule jamais dans la réalité l’accompagnera durant toute son existence. Entre son adolescence anglaise et son enfance italienne sous l’œil de son riche et autoritaire grand-père, les joies et les traumatismes qui les jalonnent nous éclairent sur les routes qu’Alexander ne prend pas… Et avec lui nous nous posons tous l’éternelle question : que ce serait-il passé si ?
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