2024-01-30 19:34:00
Les agriculteurs se rendent désormais à Bruxelles pour faire pression sur les chefs d’État européens lors de leur sommet extraordinaire. La situation empire en France.
Paris/Bruxelles taz | Les protestations des agriculteurs dans divers pays européens se poursuivent. En France, les agriculteurs assiègent Paris depuis lundi. En Allemagne, les effets de lundi se faisaient encore sentir mardi, lorsque les agriculteurs ont bouclé le port de Hambourg avec des centaines de tracteurs. Et en Belgique, la situation atteint son paroxysme après les premières manifestations sporadiques qui ont eu lieu ce week-end en Wallonie francophone. Les agriculteurs ont paralysé mardi la ville wallonne de Namur avec 300 tracteurs et perturbé la circulation sur le périphérique autoroutier autour de la capitale Bruxelles.
Jeudi, ils veulent « assister » au sommet de l’UE, qui se réunit dans le quartier européen de Bruxelles. La réunion suprême est en fait censée porter essentiellement sur l’aide à l’Ukraine. Mais aujourd’hui, le soulèvement paysan s’impose à l’ordre du jour. Le chef de l’État français Emmanuel Macron a annoncé qu’il en ferait un sujet.
En fait, la politique agricole est largement dictée par l’UE : la majorité des subventions viennent de Bruxelles – et sont liées aux exigences de protection du climat et de l’environnement, que de nombreux agriculteurs qualifient de « bureaucratie européenne excessive ». accords qui sont inclus dans leurs yeux sur la « concurrence déloyale » des pays tiers. Les importations agricoles en provenance de pays extérieurs à l’UE sont l’une des principales raisons de la colère des agriculteurs. Ils s’inquiètent du sort de l’Ukraine, qui approvisionne le marché européen en céréales bon marché, mais aussi du futur contrat avec les États latino-américains du Mercosur.
Le ministre français de l’Agriculture Marc Fesneau, qui avait cherché sans succès des solutions lundi soir avec une délégation de la plus grande association d’agriculteurs FNSEA, envisage de discuter des questions les plus urgentes avec l’UE mercredi à Bruxelles “dans le cadre d’une série de discussions”. L’objectif est de pouvoir faire au plus vite de « nouvelles propositions » aux agriculteurs français.
Manifestants violents en Belgique
Le Premier ministre belge Alexander De Croo souhaitait rencontrer mardi des représentants des agriculteurs à Bruxelles. Cependant, étant donné l’atmosphère tendue, on ne pouvait guère s’attendre à une solution rapide. La ministre wallonne verte de l’Environnement, Céline Tellier, a par exemple dû être protégée par la police contre des manifestants violents lundi ; une conversation avec des agriculteurs en colère a été interrompue. En Flandre, le nouveau parti Boer Burger Belangen a publié une vidéo montrant une potence à laquelle étaient suspendues des poupées politiques. Elle s’est ensuite excusée.
Une première offre commune des chefs d’Etat européens aux manifestants pourrait avoir pour conséquence de suspendre encore davantage l’accord de libre-échange avec le Mercosur. Le porte-parole de la Commission européenne a déclaré mardi que les conditions pour une signature « n’existent pas actuellement ». Macron a fait des commentaires similaires et souhaite en parler avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en marge du sommet.
Macron subit une forte pression. Avec les concessions précédentes sur les prix du diesel agricole et la promesse d’une simplification drastique pour simplifier les formalités administratives, les dirigeants français n’ont pas réussi à éviter une escalade du mouvement. Néanmoins, le Premier ministre Attal a promis de nouvelles mesures d’accommodement dans sa déclaration gouvernementale de mardi.
Dans la province, les actions se sont toutefois poursuivies. A Toulouse, l’accès à l’aéroport a été bloqué et les passagers ayant réservé un vol ont dû parcourir un dernier tronçon à pied avec leurs bagages.
Du badminton sur l’autoroute
Même de tels obstacles ne semblent pas affecter l’immense sympathie dont jouissent les protestations des agriculteurs au sein de la population. Près de 90 pour cent des personnes interrogées déclarent soutenir ces revendications. A Grenoble, le blocage de l’autoroute A480 a provoqué des images insolites : des gens marchant sur la zone piétonne improvisée, jouant au ballon ou au badminton.
Cette solidarité devient un problème pour les forces de l’ordre. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a exhorté ses responsables à agir « avec modération » pour éviter toute escalade. Parce qu’ils sont prévisibles : mardi matin, un convoi de 200 tracteurs en provenance d’Agen, au nord de Limoges, a franchi les barrières de sécurité de l’A20 en direction de Paris en raison d’un barrage policier. On leur avait promis de voyager gratuitement dans la capitale, “s’ils veulent nous faire passer pour des imbéciles, ça finira mal”, a menacé un agriculteur sur la chaîne de télévision BFM.
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