2022-09-14 22:46:28
Nous publions un document d’orientation pour les prochaines élections politiques proposé par le groupe “Réformistes pour de vrai”. Un groupe de réflexion et d’action politique qui s’est constitué au début de l’année à l’initiative de quelques intellectuels et hommes politiques progressistes avec le soutien et les encouragements de la Fondation Socialisme et de la revue Mondoperaio. Au printemps dernier, il a organisé un séminaire de réflexion sur l’opinionnisme et préparé et diffusé un projet de réforme de la loi électorale largement discuté. Le groupe comprend, entre autres, Giuseppe De Rita et Vito Gamberale, Paolo Pombeni et Giulio Sapelli, Michele Salvati et Claudio Petruccioli.
LES RÉFORMISTES POUR LE RÉEL ET LES ÉLECTIONS
Nous ne pouvons nous soustraire au devoir de nous prononcer sur le tournant qui s’ouvre avec les élections du 25 septembre 2022. Disons d’emblée que nous rejetons la tentative de présenter cet appel aux urnes comme une sorte de rediffusion du 18 avril 1948, un choix forcé entre le bien et le mal, un affrontement qui ne permettrait d’autre choix que de rester d’un côté ou de l’autre.
Il ne s’agit pas de nier qu’il existe des différences entre la droite et la gauche, mais d’être conscient que les deux domaines sont composés d’articulations plurielles, que c’est la dialectique naturelle entre celles-ci qui permet de rechercher des solutions aux problèmes de ce moment historique complexe et compliqué, que la tâche de cette dialectique est de décomposer et recomposer continuellement les agrégations politiques.
Ceux qui ont opté pour un horizon réformiste sont conscients que la politique est un gouvernement par la discussion, que la solution aux problèmes de terrain se trouve dans la patiente recherche d’une conviction mutuelle entre les différentes positions, que la construction d’un « idem sentire de re publica » ” Il faut absolument éviter de tomber dans le piège du pays éternellement divisé entre Guelfes et Gibelins.
Il y a des questions majeures devant nous et sur lesquelles il est un peu ridicule de prêcher des solutions qui ne sont pas entre nos mains : la guerre en Europe et les nouveaux impérialismes, la crise désormais évidente de la « société d’abondance », les grands événements mondiaux liés à la migration. pour changer le climat. Pour faire face à ces urgences, nous devons disposer d’un contexte institutionnel qui permette la comparaison continue des analyses et des propositions, qui aide à la sélection des personnalités les plus aptes à agir dans le flux d’événements qui ne peuvent être prédéterminés. Rien ne peut être résolu par un vote.
Il existe ensuite de nombreuses questions sur lesquelles il serait non seulement possible, mais nécessaire, d’entamer une discussion dès le moment où le vote des électeurs est demandé. Pour donner quelques exemples : le type de loi électorale le plus adapté pour respecter la représentation et en même temps enrichir la dynamique décisionnelle ; la réforme du bicamérisme égalitaire qui a toujours eu peu de sens, mais qui a également perdu le peu qu’elle possédait lorsque les électeurs des deux Chambres sont devenus égaux ; l’aménagement de la répartition des pouvoirs et des rôles entre le centre et les autonomies régionales et locales ; la révision de l’ensemble du système fiscal, en laissant de côté les absurdités démagogiques de l’impôt forfaitaire ; la réglementation des pouvoirs de nomination qui doivent être soustraits au cas des pouvoirs d’accaparement en faveur des amis et associés. Nous pourrions bien sûr continuer.
Sur ces questions, tout au plus, dans les programmes des partis, il y a des lignes génériques, ou plutôt génériques au point qu’on pourrait presque les adhérer à toutes si l’on ne savait pas quelle pourrait être la crédibilité et la capacité de chaque partisan à les mettre en œuvre. .
Dans cette phase cruciale, il n’est donc pas nécessaire de lancer des croisades et de reproduire des idéologies obsolètes opposant les bons aux méchants. Il est plutôt nécessaire d’encourager la participation des citoyens à la vie politique et cela peut être réalisé si on leur propose d’entrer dans un mécanisme de construction de choix politiques, et non si on les invite à proclamer leur foi acritique en ceci ou en cela (tout le monde est alors offensé de le voir présenté ainsi, car il prétend offrir des espaces d’implication impossibles dans un système entièrement aux mains de groupes oligarchiques).
Nous pensons donc que toute approche visant à créer un contraste entre un nous et un eux qui deviennent mutuellement figés et imperméables doit être rejetée. Les réformistes savent que les opérations politiques sont menées dans la comparaison et le respect entre les différentes positions, convaincus qu’il existe un espace et un moyen de converger vers des solutions communes. Les imbéciles appellent cela avec mépris un « compromis », ou pire « un gâchis », mais il ne faut pas oublier qu’avec cette ouverture d’esprit, nous avons réussi à écrire notre Charte constitutionnelle même à une époque de forts contrastes. Son actualisation s’est alors révélée impossible précisément en raison de la perte de cette culture de la discussion et de la recherche de compréhension des raisons de chacun (pour les raisons, évidemment, pas pour les folies et les fantasmes, pour les utopismes bon marché qui ne sont pas rationnels, ils n’ont rien).
Sur la base de ces réflexions, nous qui avons l’ambition de nous considérer comme de véritables réformistes, invitons chacun à participer à l’épreuve électorale pour ne pas planter de drapeaux pseudo-identitaires, pour ne pas se laisser prendre par l’appel visant à donner des votes “utiles” à tel ou tel contre tel ou tel ennemi astucieusement construit, mais pour donner vie à un parlement constituant, riche en capacités créatives, capable de contribuer à la construction de ce sentiment commun essentiel pour affronter les temps difficiles auxquels nous sommes confrontés.
Ce n’est que dans un tel contexte qu’il sera possible d’avoir une dialectique constitutionnelle correcte entre des majorités et des oppositions qui s’affrontent plutôt que d’échanger des anathèmes, qui conviennent de ne pas monopoliser leurs pouvoirs respectifs, mais de les mettre au service des femmes et des hommes. hommes de ce pays.
Rome, le 9 septembre 2022
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