Pidie, Indonésie – En décembre, Abdul Karim est monté à bord d’un bateau en bois en provenance du Bangladesh avec sa femme et ses deux fils, avec l’espoir d’une vie meilleure pour toute la famille.
Mais au cours du périlleux voyage en mer, qui a duré près de trois semaines, la femme d’Abdul est tombée malade. Elle est décédée juste un jour avant que leur bateau n’atteigne l’Indonésie.
« Ma femme rêvait que nos enfants reçoivent une éducation. Elle voulait qu’ils soient connus comme des personnes honorables », a déclaré Abdul. « Nous sommes venus ici uniquement pour un avenir meilleur pour nos enfants. »
La famille d’Abdul s’était réfugiée au Bangladesh, avec des centaines de milliers de Rohingyas du Myanmar, en raison de la répression brutale de 2017 contre la minorité ethnique par l’armée du Myanmar.
Le 24 janvier, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a déclaré qu’au moins 569 Rohingyas étaient morts ou avaient disparu en mer en 2023 alors qu’ils tentaient d’atteindre l’Asie du Sud-Est.
Ces derniers mois, plus de 1 700 réfugiés rohingyas ont quitté le Bangladesh et sont arrivés dans le nord de l’Indonésie à bord de 11 bateaux, fuyant une fois de plus alors que les camps au Bangladesh deviennent de plus en plus surpeuplés et dangereux.
« Il n’y avait pas de paix. Nous ne pouvions pas dormir. C’est pourquoi nous sommes venus ici, dans l’espoir de pouvoir nous déplacer librement », a déclaré Abdul.
Mais la vie est aussi dure en Indonésie.
Abdul et ses fils, Saiful et Mohammad, font partie d’un groupe de plus de 200 réfugiés rohingyas qui s’abritent en plein air sur une plage de Pidie, dans la province indonésienne d’Aceh.
Le HCR, qui prend en charge leur nourriture, leurs médicaments et autres dépenses, a exhorté le gouvernement local à désigner des sites sécurisés pour les réfugiés, comme cela a été fait dans le passé.
Mais les autorités locales ont déclaré à Al Jazeera que la situation était compliquée, en raison du fort rejet de la communauté locale.
« Nous essayons de leur trouver des abris temporaires. Mais avant notre arrivée sur place, la population locale s’est déjà rassemblée pour protester. Le gouvernement ne peut donc pas l’imposer », a déclaré Ir Wahyudi Adisiswanto, maire par intérim de Pidie.
La mère rohingya, Nur Begum, a déclaré qu’elle avait fait le difficile voyage depuis le Bangladesh pour le bien-être de son enfant.
Son fils souffre d’un problème de santé non diagnostiqué. Il ne peut ni marcher ni parler.
« Mon fils est devenu comme ça après l’âge de trois ans. Les médecins m’ont dit d’emmener mon fils à l’étranger et de le faire soigner là-bas », a-t-elle déclaré.
Le garçon a des coupures partout dans les jambes après avoir traîné son corps sur le sable. Et sa mère n’est toujours pas prête à comprendre son handicap.
“C’est très difficile pour moi de le soulever”, a déclaré Nur Begum. «Je survis d’une manière ou d’une autre, dans cet endroit. Mais je ne peux pas exprimer ma douleur en tant que mère. Mon fils souffre.
2024-01-26 08:12:02
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