Les révoltes urbaines en France: Comparaison entre 2005 et les récentes émeutes – Témoignage de la directrice du Bondy Blog

Les révoltes urbaines en France: Comparaison entre 2005 et les récentes émeutes – Témoignage de la directrice du Bondy Blog
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Ce média a été lancé par L’Hebdo suite aux longues semaines (21 jours) d’émeutes en 2005. Il est intéressant de constater la similitude entre les révoltes urbaines qui ont secoué la France ces dernières nuits et celles qui avaient suivi la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, poursuivis par la police à Clichy-sous-Bois en 2005.

À l’époque, les journalistes suisses avaient rapidement transmis les rênes de ce média aux habitants du quartier. Aujourd’hui, il est dirigé par Sarah Icho, qui avait 10 ans en 2005. Elle se souvient de l’émotion suscitée par ces événements et en a beaucoup discuté avec les plus anciens. Selon elle, la grande différence entre les deux mouvements réside dans l’omniprésence des réseaux sociaux actuellement : « On n’attend plus les médias traditionnels pour faire connaître les actions de son quartier, cela se passe directement sur les réseaux sociaux, c’est filmé et diffusé immédiatement. Et, de plus, le contrôle de Nahel a également été filmé, ce qui change tout ».

Est-ce que ces images expliquent pourquoi l’intensité des violences mercredi et jeudi a rapidement dépassé celle de 2005 ? Est-ce un mimétisme, comme l’a dit Emmanuel Macron ? « À chaud, je ne suis pas sûre que l’explication réside là-dedans », répond la directrice du Bondy Blog. Tous les médias le disent, mais je me demande si cette intensité ne signifie pas simplement que ces jeunes sont encore plus en colère.

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Car pour le reste, le contexte est similaire, voire pire selon elle : « Quand on se rend compte qu’en 18 ans, pas grand-chose n’a changé, cela peut aussi expliquer pourquoi la réaction est si forte. La situation du logement, de l’emploi, de l’éducation et de la santé n’a malheureusement pas beaucoup évolué. »

Génération engagée

Le gouvernement actuel pense que sa réaction a été très différente de celle de Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy (ministre de l’Intérieur à l’époque). Il est doncime que les mouvements ne doivent pas être comparés : « Nous sommes dans une situation dramatique mais très différente : les mots du gouvernement, les mots du président de la République, les mots de la première ministre, sont justes, ils témoignent de la solidarité envers cette famille, de la justice qui est rendue rapidement. Donc l’histoire n’est pas une simple répétition », a déclaré le ministre délégué à la Ville, Olivier Klein, sur France Inter vendredi matin.

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En ce qui concerne les différences avec 2005, le mouvement Black Lives Matter a également eu un impact. « Une prise de conscience s’est produite, des mots ont été prononcés, des collectifs tels que le comité Adama ont été créés et ont connu un grand succès. La mobilisation sur la question de la violence policière est de plus en plus organisée », explique Sarah Ichou. Nous sommes face à une véritable génération engagée. C’est pourquoi le terme “émeute” dérange au Bondy Blog, car il néglige le côté politique, conscient et organisé de ce qui se passe. Les violences contre les écoles nous attristent également, mais il y a quand même une volonté politique de s’exprimer derrière tout cela. Cette colère, nous l’avons vue monter avec le ras-le-bol du traitement par la police. Il est encore trop tôt pour dire exactement qui a participé aux violences, mais la question est plus complexe qu’elle n’en a l’air, je pense.

en Francais.

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