Les socialistes soutiennent le nouveau gouvernement français et brisent l’alliance de la gauche

La motion présentée par insoumis et les écologistes, les premiers contre Bayrou, n’avaient pas d’options pour aller de l’avant même si les socialistes l’avaient soutenu – il aurait fallu que l’extrême droite adhère aussi – mais le fait que le parti dirigé par Olivier Faure préférait ne pas s’opposer au gouvernement, comme l’ont fait ses partenaires de gauche, change les choses. Le soutien des socialistes au gouvernement de Bayrou, minoritaires à l’Assemblée, est une victoire sur laquelle compte le nouveau premier ministre, qui s’était donné pour objectif de ne pas dépendre de l’extrême droite. Et la seule façon d’y parvenir est de trouver le soutien des socialistes.

“Une autre voie est ouverte pour un accord qui nous permette de construire un avenir différent”, s’est félicité Bayrou ce jeudi. Le Premier ministre a gagné la confiance des socialistes après avoir fait quelques concessions, comme la révision de la réforme des retraites poussée par le président de la République Emmanuel Macron. La loi, qui prolonge l’âge de la retraite de 62 ans actuellement à 64 ans (progressivement, il ne sera atteint qu’en 2030), a été approuvée il y a près de deux ans sans être soumise au vote de l’Assemblée et après des semaines de manifestations dans la rue. Bayrou n’a pas voulu suspendre la loi, mais a accepté d’y apporter des modifications. Les négociations débutent ce vendredi.

Le premier ministre a fini de convaincre les socialistes avec d’autres promesses pour les budgets de cette année, première grande loi que devra négocier le nouvel exécutif. Une heure seulement avant le vote, François Bayrou a adressé aux socialistes un document dans lequel il s’engage à retirer des budgets certains des points les plus controversés qui avaient été inclus par le gouvernement précédent : la suppression de 4 000 enseignants ainsi que la réduction des remboursements de médicaments et des visites chez le médecin. Il s’engage également à continuer d’augmenter les impôts des plus riches.

Les budgets, le grand examen du gouvernement

Le soutien des socialistes au Premier ministre face à la motion de censure n’est qu’un premier pas, mais Bayrou cherche déjà clairement l’aval du parti dans les budgets. L’avenir du nouveau gouvernement dépend directement de la question de savoir s’il obtiendra le soutien parlementaire nécessaire pour l’approuver. La gauche – y compris les socialistes – et l’extrême droite ont déjà prévenu que si l’exécutif choisissait de les approuver par décret, il y aurait une nouvelle motion de censure pour le faire tomber.

Même s’il a sauvé le premier ballon du match, Bayrou n’est pas assuré du soutien des socialistes, ni à court ni à moyen terme. La confiance est encore fragile et le Parti socialiste vit avec d’énormes tensions internes dans son soutien parlementaire à l’exécutif. La formation est divisée sur l’opportunité ou non de se tenir aux côtés de Bayrou et de nouer une alliance avec les autres partis de gauche. Le groupe parlementaire s’est réuni mercredi soir sans parvenir à une conclusion définitive et s’est également réuni ce jeudi après-midi. Quelques minutes seulement avant le début de la séance à l’Assemblée, ils ont annoncé qu’ils ne voteraient pas en faveur de la motion. Huit des 66 députés socialistes se sont abstenus et ont voté pour la motion.

Les autres partis du Nouveau Front Populaire –insoumisécologistes et communistes – ont influencé « l’isolement » des socialistes et ont clairement fait savoir qu’ils resteraient unis, que l’alliance n’est pas rompue, c’est le parti socialiste qui l’a quitté. “Nous continuerons le combat”, a déclaré Mélenchon. Le NFP a été créé pour former un front commun de la gauche contre la droite et l’extrême droite lors des élections législatives de juin de l’année dernière, mais dès le début les désaccords entre les formations sont devenus évidents. Le soutien des socialistes au gouvernement signifie très probablement le coup final porté à l’alliance de toute la gauche en France.