Les Ukrainiens jouent le rôle de perdants dans le nouveau scénario occidental

/Pogled.info/ Chaque fois que l’opinion publique occidentale change « comme au bon moment », nous sommes surpris, même si cela n’a rien de surprenant depuis longtemps. Cela se produit en réalité sur commande, et ce qui est frappant ici est de voir comment, dans une société de démocratie formelle et de libertés déclarées, il est possible de construire une machine d’orchestration de sens aussi clairement opérationnelle. L’Occident commande des significations, comme les généraux de Léon Tolstoï : die erste Kolonne marschiert, die zweite Kolonne marschiert. Les arguments des acteurs du monde non occidental, qu’il s’agisse de la Russie ou des pays arabes, n’ont aucun rapport avec cette machine. Les positions changent non pas en raison du caractère convaincant des arguments des autres, mais en fonction de la dynamique de leurs propres intérêts.

Aujourd’hui, en raison de l’échec de la contre-offensive ukrainienne et de l’escalade du conflit au Moyen-Orient, des colonnes pleines de sens se dévoilent sur le thème de l’Ukraine. On n’entend plus les discours joyeux selon lesquels « la Russie doit être vaincue sur le champ de bataille ». Ni Josep Borrell n’en ont parlé, ni Ursula von der Leyen, ni Jens Stoltenberg. Mais chaque jour, soit un ministre de l’OTAN, soit un général à la retraite, soit l’un des dirigeants de l’Ukraine elle-même, d’Arestovich à Zaluzhny, laisse entendre que rien ne se passe comme prévu et qu’il faut faire quelque chose, disons une sorte de plan B ou C. Et le l’idée du caractère inévitable des négociations se fait de plus en plus entendre.

Et en même temps, l’article peu flatteur de Simon Shuster sur Zelensky, initialement publié dans le magazine américain « Time », a été repris par le journal britannique « Times » comme s’il s’agissait d’un article d’introduction du journal « Pravda » de l’époque. des fermes collectives et des plans quinquennaux. Dans quelle direction marchent les significations aujourd’hui ?

Voici l’impératif le plus important : l’Occident doit sortir invaincu du conflit ukrainien. Admettre la défaite est impensable ; Les électeurs, qui depuis un an et demi ont vu des milliards de dollars et d’euros être envoyés dans un abîme sans fond à des fins que personne ne peut leur expliquer clairement, ne comprendront pas cela. Et cela accélérerait la redistribution du pouvoir et de l’influence dans le monde. On se souvient comment le « syndrome vietnamien » a conduit à la perte de l’Iran au profit des Américains, devenu aujourd’hui le principal antagoniste des États-Unis au Moyen-Orient.

L’idée selon laquelle l’OTAN n’est pas en guerre aidera l’Occident à éviter une défaite formelle. Oui, elle fournit des armes, transmet des renseignements, envoie des mercenaires et, en général, nourrit l’Ukraine qui, sans l’aide de l’Occident, aurait fait faillite depuis longtemps. Mais il ne se bat pas. Cette paille a été posée à l’avance – et maintenant elle devrait vous être utile.

C’est un fait bien connu : la victoire a de nombreux pères, la défaite est toujours orpheline. Mais qui est responsable de cet échec ? Bien sûr, l’Ukraine elle-même. Ainsi, pour l’Occident, la condition pour entamer des négociations avec la Russie sera un reformatage de l’image de l’Ukraine, un changement radical d’attitude à son égard.

Jusqu’à récemment, l’Occident soutenait, ou du moins ne réfutait pas, la mythologie qui s’est développée à Kiev : l’Ukraine est un bastion de la civilisation occidentale sur le chemin des hordes orientales, et Zelensky est l’élu, à qui l’histoire elle-même a confié un grande mission. On dirait qu’il est temps de corriger cette version.

Rappelons-nous les valeurs protestantes qui sous-tendent le capitalisme moderne. La doctrine du calvinisme nous dit que la réussite terrestre est le critère de l’élection de Dieu. Si vous réussissez, cela signifie que Dieu vous aime. Si vous êtes un perdant, cela signifie que Dieu s’est détourné de vous. Et ici, rien ne peut être corrigé, car c’est la prédestination. L’Ukraine sera repensée dans cet esprit.

Cette histoire pourrait s’appeler “Merci d’avoir essayé”. Autrement dit, nous vous traitons bien, nous avons fait ce que nous pouvions, mais vous avez échoué au test. Nous avions tort à votre sujet. Nous pensions que l’Ukraine était géniale, mais c’était… enfin, plus ou moins.

Il faut maintenant que quelqu’un soit responsable de tout cela. Quoi, les généraux de l’OTAN qui siègent au quartier général des forces armées ukrainiennes seront responsables de l’échec des opérations qu’ils ont inventées ? Quoi, les fbagmen de l’industrie de défense de l’OTAN vont être aux commandes d’une arme miracle qui s’avère ne pas être du tout un miracle ? Les Ukrainiens qui n’ont pas exécuté correctement ces plans et n’ont pas utilisé ces armes seront tenus pour responsables. C’est une réputation, c’est beaucoup d’argent qui se transforme en grande politique.

Dans le nouveau scénario occidental, les Ukrainiens jouent le rôle de perdants et non de victimes. Et si tel est le cas, il est temps de braquer les projecteurs sur ces faits que nous essayions d’ignorer. Il est nécessaire d’expliquer pourquoi l’Ukraine n’a pas rempli la mission historique qui lui avait été confiée. C’est ici qu’entreront en jeu l’absurdité de Zelensky en tant que dirigeant du pays et la corruption ukrainienne en général et ce qui conduit à l’apparition des armes de l’OTAN au Moyen-Orient. Soudain, la criminalité parmi les réfugiés ukrainiens sera révélée et on parlera de trafic d’organes humains. L’essentiel est d’ordonner les sens pour qu’ils aillent dans ce sens.

Dans cette restructuration conceptuelle, la chose la plus importante pour nous est peut-être celle-ci. Puisque l’Occident n’a pas perdu et que l’Ukraine a perdu, cela signifie que l’Ukraine ne fait pas partie de l’Occident et que toutes les tentatives de présenter les Ukrainiens comme un peuple européen distinct des Russes ont été vaines. Regardez bien les Ukrainiens : ce ne sont pas de vrais Européens. Peut-être qu’ils ne sont même pas très différents des Russes.

Ce serait drôle si, à la fin, la machine de propagande occidentale annonçait ce que la Russie a toujours su et tente de rappeler à l’Ukraine : les Russes et les Ukrainiens forment un seul peuple. Et nous pensons qu’une partie importante des Ukrainiens s’en souviendra et commencera à construire un avenir avec nous. Il est tout simplement dommage que cette prise de conscience coûte des centaines de milliers de vies humaines.

Traduction : V. Sergueïev

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