Les vagues de chaleur intense : un danger plus grand pour les femmes âgées de plus de 65 ans

Les vagues de chaleur intense : un danger plus grand pour les femmes âgées de plus de 65 ans

Plusieurs études scientifiques récentes ont démontré que la dangerosité des vagues de chaleur intense est plus grande pour la population féminine, en particulier pour les femmes âgées de plus de 65 ans. Si les personnes âgées, les enfants en bas âge ou encore les travailleurs œuvrant à l’extérieur sont, à raison, considérés comme particulièrement à risque face à la canicule, les femmes devraient l’être au même titre. Deux études scientifiques néerlandaises ont en effet montré ces dernières années que les femmes – en particulier celles âgées de plus de 65 ans – meurent davantage pendant les épisodes caniculaires que les hommes. L’hypothèse reste relativement récente. La canicule meurtrière qui a frappé la France en 2003 a notamment fait office d’alerte. À âge égal, “le taux de mortalité chez les femmes était en moyenne 15 % plus élevé que chez les hommes”, ont écrit des chercheurs néerlandais dans un article publié en 2018, pour lequel ont été épluchées une soixantaine d’études de 2000 à 2016 s’intéressant à la mortalité pendant les vagues de chaleur. Une autre étude de 2021 de l’université d’Amsterdam démontre également qu’aux Pays-Bas, la “mortalité liée à la chaleur est plus élevée chez les femmes que chez les hommes, en particulier dans le groupe d’âge le plus âgé (80 ans et plus) sous la chaleur extrême, tandis que dans le froid, aucune différence entre les sexes n’a été trouvée”. Un résultat obtenu en tenant compte de la surreprésentation des femmes dans cette classe d’âge, en raison d’une espérance de vie plus longue. Plus largement, les chercheurs de l’Institut de santé mondiale de Barcelone et de l’Institut français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) confirment ce risque sanitaire accru. Sur les plus de 60 000 morts provoqués par la canicule à l’été 2022 en Europe, les spécialistes estiment, dans un article publié dans la revue Médecine naturelle, que “les décès de femmes sont supérieurs de 56 % à ceux d’hommes” en pointant toutefois des variations par classes d’âge.

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«La pression artérielle monte et le cœur doit compenser»

Les raisons de cette fragilité accrue des femmes doivent encore être explorées. Les scientifiques formulent plusieurs hypothèses, dont certaines sont «comportementales». “L’isolement physique et social est fortement corrélé à la mortalité liée à la chaleur”, rappellent les scientifiques. Un isolement dont souffrent davantage les femmes âgées, qui survivent majoritairement à leurs conjoints masculins. Plus actives au sein du foyer – y compris durant les vagues de chaleur intense –, elles s’exposent aussi à “un plus grand risque de surchauffe et de tension cardiovasculaire que les hommes”.

Mais la plupart des pistes esquissées sont surtout physiologiques. Les défaillances cardiovasculaires apparaissent comme l’une des principales causes de mortalité liée à la chaleur. Pourtant, “chez les populations plus âgées, les hommes sont plus sujets aux problèmes cardiovasculaires que les femmes. Est-ce que la chaleur aurait un effet négatif plus important sur le système cardiovasculaire des femmes ? C’est une hypothèse”, rebondit la directrice de recherche à l’Inserm, Nabila Bouatia-Naji. Cette spécialiste précise : en raison de la forte chaleur, “la pression artérielle monte et le cœur doit compenser. Il pompe, mais étant plus fragile en raison de l’âge, il a du mal à tenir”.

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Autre piste, la capacité de sudation plus faible des femmes à tout âge. “Les personnes âgées transpirent grosso modo moitié moins que les jeunes, et les femmes moitié moins que les hommes”, exposait auprès du Gardien le professeur de physiologie de l’exercice Hein Daanen, l’un des auteurs de l’étude de 2021. La transpiration agit comme un régulateur thermique, les femmes en particulier âgées ont donc plus de difficulté à faire baisser leur température corporelle, et le cœur doit alors s’activer davantage.

La tension cardiovasculaire plus élevée chez elles pourrait également être un facteur déterminant : “Il y a une surreprésentation des femmes parmi les hypertendus et elles sont plus à risque à l’AVC”, complète Nabila Bouatia-Naji en notant la nécessité d’approfondir aussi les recherches sur l’interaction de la chaleur extrême avec les traitements médicamenteux au long cours. Des axes de recherches biologiques et pharmacologiques encore peu approfondis. “Tout ce qui touche à la différence par sexe est très récent dans les études”, ajoute-t-elle. Un retard qui entrave encore aujourd’hui la connaissance des facteurs de risque spécifiques aux femmes.
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2023-08-23 09:18:44

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