Les ventes de soja des agriculteurs argentins aux acheteurs commerciaux ont stagné en juin, a déclaré à Reuters le directeur de la chambre de trituration et d’exportation du pays (CIARA-CEC), chutant de 45% par rapport aux ventes de mai, l’affaiblissement du peso sur les marchés d’échange informels ayant conduit les agriculteurs à conserver leurs stocks de graines oléagineuses.
La réduction de l’offre commerciale de soja destinée à la transformation indique une baisse probable des exportations ultérieures d’huile et de tourteau de soja de l’Argentine.
Dans une interview jeudi soir, le président de CIARA-CEC, Gustavo Idigoras, a déclaré que les ventes de soja étaient d’environ 3,8 millions de tonnes métriques ce mois-ci, en forte baisse par rapport à mai, lorsque les agriculteurs avaient accéléré leurs ventes pour gagner de l’argent afin de couvrir les dépenses liées à la plantation de blé.
L’Argentine traverse une profonde récession, ses réserves de la banque centrale sont épuisées et son inflation est élevée, ce qui la pousse à chercher désespérément des revenus en devises étrangères provenant du soja, sa principale exportation.
Cependant, l’affaiblissement du peso sur les marchés des changes informels populaires a entraîné une divergence des taux par rapport au taux officiel contrôlé par la banque centrale. Cela signifie que les exportateurs qui utilisent largement le taux officiel pour convertir leurs dollars en pesos finissent par être perdants, ce qui encourage la thésaurisation des stocks de soja.
« Lorsque l’écart entre le taux officiel du dollar, les dollars (informels) et le dollar du marché noir commence à se creuser, il diminue et paralyse presque le marché du grain en Argentine », a déclaré Idigoras à Reuters. « C’est tout à fait naturel. »
Il existe aujourd’hui un écart de 45% entre la valeur du peso officiel, qui s’élève à 912 pesos pour un dollar, et celle du peso informel, qui s’élève à environ 1 320 pesos pour un dollar. Cet écart s’est creusé, passant d’environ 15 à 20% en mai.
Les prix mondiaux du soja ont baissé au cours de la deuxième quinzaine de juin, ce qui pourrait encore freiner les ventes.
« Le rythme des ventes d’oléagineux, qui avait pris de l’ampleur en mai… a perdu de son dynamisme ce mois-ci », a indiqué vendredi la bourse des céréales de Rosario dans un rapport, citant la baisse des prix liée à de meilleures perspectives de production aux États-Unis.
Idigoras a ajouté que le volume de soja 2023/24 broyé localement en juin serait d’environ 3,8 millions de tonnes. Le broyage global au cours du premier semestre de l’année serait d’environ 19 millions de tonnes, légèrement inférieur à la moyenne sur 10 ans.
