Une escapade sous le soleil de Floride coûte désormais 1000$ de plus en décollant de Québec qu’en partant de Montréal en raison de la mainmise d’Air Transat sur les vols directs à partir de l’aéroport Jean-Lesage, du «jamais vu» selon une voyageuse qui se sent «prise en otage» par le transporteur québécois.
«Ça fait douze ans que je vais en Floride régulièrement, et je n’ai jamais vu des écarts comme ça», tonne Danièle Audet. «Jamais, je vous le dis, jamais!»
La femme à la retraite a sursauté en consultant le prix des billets d’avion vers Fort Lauderdale dans les derniers jours. Le prix de l’aller-retour entre Québec et le «Sunshine state» est de 1746$, taxes incluses, alors que le trajet à partir de Montréal coûte 744$… un énorme 1000$ de moins.
«Ils nous prennent pour des… captifs!», lance Mmoi Audet, qui a hésité quelques secondes pour choisir le dernier mot de sa phrase. «Et ce n’était pas comme ça avant…»
Monopôle
C’est qu’avant, il y avait de la concurrence. Cet hiver, Air Canada a annulé l’ensemble de ses vols de Québec vers plusieurs destinations au sud, comme Punta Cana, Orlando et Fort Lauderdale, laissant Air Transat pratiquement seul sur ce terrain.
Dans ce contexte, une hausse des prix était écrite dans le ciel.
«Bienvenue dans le monde de l’aviation commerciale», rigole l’expert de l’aviation et chargé de cours à l’Université McGill John Gradek.
«Si on manque de compétiteurs, les chances sont bonnes qu’on va voir les prix augmenter, et c’est exactement ce qu’on voit avec Air Transat.»
Et étonnamment, les consommateurs ne sanctionnent pas ces hausses de prix en boudant le service, et la demande reste très forte, poursuit M. Gradek.
«Les compagnies peuvent donc charger le prix qu’elles veulent, et les gens vont payer, car ils veulent voyager», explique-t-il.
Planifiez vos voyages à l’avance, dit Air Transat
Appelée à s’expliquer, Air Transat a d’ailleurs convenu que son monopole sur les vols directs de Québec vers certaines destinations au sud est à l’origine de la hausse du prix de ces billets d’avion.
«Les tarifs aériens sont influencés par une complexité de facteurs, principalement l’offre et la demande», a fait savoir une porte-parole dans une déclaration écrite. «Les différences d’offre entre des marchés comme Montréal et Québec peuvent entraîner des disparités de prix, ce qui est une conséquence naturelle de la dynamique du marché.»
«Indépendamment du point de départ ou de la destination, nous encourageons nos passagers à planifier leurs voyages à l’avance et à profiter des nombreuses promotions que nous offrons tout au long de l’année», ajoute la porte-parole de la compagnie aérienne.
Mais pour Danièle Audet, le mal est déjà fait. «Je ne partirai pas de Québec avec des prix comme ça», souligne celle qui surveille attentivement les fluctuations du coût des billets d’avion.
Dans quelques jours, elle prendra donc sa voiture pour se rendre à Montréal, et elle embarquera dans un avion opéré par une autre compagnie aérienne.
– Avec la collaboration de Sophie Durocher
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