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L’étendue et l’impact de la crise des opioïdes au Canada

by Nouvelles
L’étendue et l’impact de la crise des opioïdes au Canada

La crise des opioïdes au Canada est un problème depuis près d’un quart de siècle. Ici, Norm Buckley et Jason Busse du Michael G DeGroote Institute for Pain Research and Care et du National Pain Center discutent du problème, de ses effets à la fois généraux et sur des communautés spécifiques, et de ce qui peut être fait pour y remédier.

Au cours des vingt-cinq dernières années, l’usage médical des opioïdes au Canada a connu une évolution remarquable, depuis la prescription pour des cas très précis (p. ex. soins de fin de vie) jusqu’à une utilisation beaucoup plus répandue (p. ex. douleur chronique non cancéreuse), et il existe désormais une plus grande réticence à fournir une analgésie opioïde. Cela coïncide avec une prise de conscience croissante du besoin non satisfait en matière de soins de la douleur chronique et avec la promotion de l’utilisation des opioïdes par les intérêts commerciaux.

La production de formes d’opioïdes à libération prolongée contenant de fortes doses, ainsi que leur utilisation généralisée, ont été associées au détournement d’opioïdes sur ordonnance vers des marchés illicites ou récréatifs, et les décès liés aux opioïdes ont commencé à être plus fréquemment associés à ces drogues qu’aux drogues illicites historiques. comme l’héroïne.

L’attention a été portée aux pratiques de prescription des médecins et aux stratégies de marketing pharmaceutique, et la presse publique a évoqué les problèmes liés aux décès causés par une surdose de médicaments sur ordonnance, ainsi que la nécessité d’accorder une plus grande attention aux questions de traitement de la toxicomanie et de soins de la douleur, y compris les alternatives aux produits pharmaceutiques contre la douleur.

Tragiquement, même si la prescription a diminué entre 2010 et 2023, le nombre de décès associés aux opioïdes a grimpé en flèche. La plupart des décès sont désormais associés à des opioïdes synthétiques très puissants acquis sur les marchés illicites et souvent mélangés à d’autres drogues ou vendus comme d’autres drogues sans que les utilisateurs soient conscients de leur grande puissance.

Enjeux liés à la crise des opioïdes au Canada et dans le monde

Ces questions sont complexes et étroitement liées, et elles se sont développées dans un contexte dans lequel les tentatives de gestion de la prestation des soins de santé et de la formation des professionnels de santé interagissent avec la détresse du public face à l’augmentation des décès associés à la consommation d’opioïdes. Il est également difficile de lutter efficacement contre la production et la distribution criminelles de drogues destinées à un usage illicite.

La crise des opioïdes occupe l’attention du public depuis le début des années 2000. À cette époque, les opioïdes sur ordonnance faisaient leur apparition sur le « marché » à usage récréatif ou illicite, soupçonnés d’avoir été détournés de l’usage sur ordonnance. L’attention, en particulier dans la presse publique, s’est concentrée sur le détournement par les patients, l’usage libéral ou les médecins prescrivant des doses inappropriées et élevées qui permettaient le détournement.

Les taux de consommation globale et de consommation problématique ont été rapportés dans des enquêtes de Statistique Canada telles que l’Enquête canadienne sur l’alcool et les drogues (ECAD – de 2019), l’Enquête canadienne sur le tabac, l’alcool et les drogues (ECTAD – de 2013 à 2017) et l’Enquête canadienne sur l’alcool et les drogues. et Enquête de surveillance de la consommation de drogues (CADUMS – 2008-2012). « Toute consommation » d’opioïdes a diminué, passant de 20 % de la population déclarante en 2008 à 14 % en 2019, tandis que la consommation problématique d’opioïdes a varié entre 2 et 6 % au cours des années 2012-2019.

Même si le taux d’usage problématique reste faible, les décès associés aux opioïdes ont considérablement augmenté, en partie à cause de l’intrusion de stupéfiants synthétiques très puissants sur les marchés illicites, avec une baisse du détournement d’opioïdes sur ordonnance. Il y a eu 2 819 décès liés aux opioïdes en 2016 au Canada, et ce chiffre est passé à 7 328 en 2022. En 2023, jusqu’à présent, il y a eu en moyenne 21 décès liés aux opioïdes par jour. La dépendance aux opioïdes et l’usage « récréatif » de drogues, sur ordonnance ou en vente libre, constituent un problème constant, mais l’impact en termes de décès dus à une surdose d’opioïdes s’est considérablement accru.

L’impact sur les différentes communautés

Entre 2000 et 2017, les décès liés aux opioïdes ont augmenté de 592 %, passant de 20 par million d’habitants à 118 par million. Les décès ont augmenté de façon particulièrement spectaculaire entre 2015 et 2017. Au cours de la période 2000 à 2017, les décès liés aux opioïdes, les visites aux services d’urgence et les hospitalisations dues à la consommation d’opioïdes (à la fois pour la maladie et les admissions pour traitement d’OUD) ont augmenté de façon continue. Les décès dus à la consommation d’opioïdes et aux surdoses sont les plus élevés dans les provinces de la Colombie-Britannique, de l’Ontario et de l’Alberta.

En 2016, la Colombie-Britannique a enregistré 985 décès pour 100 000 habitants, l’Ontario 867/100 000 et l’Alberta 611/100 000. Les autres provinces étaient plus faibles, avec 140/100K au Québec et beaucoup moins dans les autres provinces.

Outre la variabilité géographique, il existe également une représentation inégale des décès selon l’ensemble du spectre socio-économique. Le fardeau des surdoses et des décès pèse de manière significative dans les communautés en quête d’équité et dans les classes socio-économiques inférieures.

Les populations autochtones subissent un impact considérablement plus important : bien qu’elles ne représentent que 2,6 % de la population totale, les peuples autochtones sont responsables de 10 % des décès par surdose. Les femmes autochtones sont huit fois plus susceptibles de subir une surdose non mortelle et cinq fois plus susceptibles de subir une surdose mortelle que les femmes non autochtones. La gravité de cette crise est probablement sous-estimée en raison de la mauvaise ventilation des données sur les peuples autochtones dans de nombreux contextes.

Être un homme, être plus jeune (20 à 24 ans), avoir une santé mentale passable ou mauvaise, avoir des besoins non satisfaits en matière d’aide en matière de santé mentale ou émotionnelle ou de problèmes de toxicomanie, être fumeur ou être seul et vivre avec d’autres étaient significativement liés aux opioïdes problématiques. utilisation de médicaments contre la douleur.

De 2000 à 2017, des niveaux de revenu plus faibles étaient associés à des taux plus élevés de mortalité liée aux opioïdes, de visites aux services d’urgence et de taux d’hospitalisation, bien que l’écart entre les niveaux de revenu en matière de mortalité ait diminué au fil du temps.

Les reportages de la presse publique sur la crise des opioïdes ont également changé de ton et de contenu au fil du temps. Dans une analyse des reportages publiés dans trois principales sources d’information nationales canadiennes de 2000 à 2018, les commentaires se sont initialement concentrés sur les besoins des patients souffrant de douleur chronique, la valeur des opioïdes dans leurs soins et le manque relatif d’alternatives thérapeutiques.

L’attention s’est déplacée vers l’augmentation de la fréquence et des doses d’ordonnances, l’apparition des opioïdes sur ordonnance sur les marchés illicites, le marketing agressif des sociétés pharmaceutiques, l’usage abusif des opioïdes par les « toxicomanes ». L’attention s’est ensuite portée sur l’impact des acteurs criminels sur l’usage des opioïdes, puis sur la complexité des problèmes d’addiction et l’entrée de sources illicites très puissantes d’opioïdes de synthèse (comme le fentanyl), avec la disparition quasi totale des médecins et des médecins. prescription de la discussion.

Travailler sur le problème

La solution à la crise des opioïdes n’est pas simple. L’accès à des analgésiques efficaces est important pour la partie des personnes qui souffrent de douleur chronique et qui tirent des bénéfices de ces médicaments. Il est également nécessaire de rendre les traitements non pharmaceutiques contre la douleur plus facilement accessibles et accessibles à un spectre plus large de la population ; Actuellement, de nombreux traitements efficaces ne sont disponibles que via une couverture tierce plutôt que dans le cadre des soins universels, et les listes d’attente sont souvent suffisamment importantes pour être associées à une détérioration du fonctionnement et de la qualité de vie.

L’usage récréatif de produits pharmaceutiques illicites, tout comme l’usage d’autres substances comme l’alcool, le tabac et maintenant (avec la légalisation) l’usage récréatif de produits à base de cannabis, est une réalité au Canada comme dans une grande partie du monde. Le passage d’une consommation récréative à la dépendance et à l’addiction se produit effectivement pour une partie de la population, avec des conséquences souvent dramatiques et tragiques.

Des travaux supplémentaires sont en cours pour prédire quelles personnes sont à risque afin de fournir un soutien et un traitement appropriés, mais ce domaine des soins de santé en est encore à ses débuts. Il est également nécessaire de fournir des soins plus efficaces en matière de toxicomanie et d’accéder à des voies et moyens permettant d’éviter les conséquences tragiques de la consommation de substances inconnues dans des contextes dangereux.

Toutes ces questions complexes se déroulent également dans une atmosphère politiquement chargée dans laquelle il y a un manque de preuves concrètes pour orienter les interventions et où les divers groupes et individus impliqués ont des valeurs politiques, morales et culturelles. Cela rend extrêmement difficile l’examen efficace d’interventions controversées pour diverses raisons (par exemple, un approvisionnement sûr) et la mise en œuvre de programmes même si les preuves disponibles soutiennent l’action proposée.

Dans le prochain et dernier article de cette série, nous passerons en revue les diverses mesures prises par les systèmes juridiques, de santé et de réglementation fédéraux et provinciaux au Canada entre 2005 et aujourd’hui afin de fournir un contexte supplémentaire aux enjeux en jeu.

2024-01-16 11:44:04
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