Lettre à l’année 2024 : Un monde qui t’attend au tournant

Chère 2024,

Non, vous ne rêvez pas, j’écris à la nouvelle année, merci de ne pas me juger.

J’écris pour la célébrer. Car, je vous ai vus dimanche dernier, vous vous êtes abondamment souhaités une bonne année, vous avez même embrassé des gens alentour qui vous importaient si peu, mais qui a pensé à souhaiter une belle année 2024 à 2024 ?

En réalité, je lui écris pour l’amadouer.

Chère 2024, nous savons déjà que tu es, que tu seras spéciale. D’entrée, tu as choisi de te distinguer en comptant 366 jours, oui, 2024, année bissextile, il y aura un 29 février cette année, on ne sait pas, ça peut tout changer, le 29 février 2024 verra son lot de personnes qui trépassent, son lot de nouveau-nés, ces pauvres êtres humains qui ne fêteront leur anniversaire qu’une fois sur 4, plus ça ira, plus ça deviendra un avantage. À 12 ans, c’est énervant, à 72 ans, beaucoup moins. Suite de l’examen clinique sous toutes les coutures, même ésotériques : en numérologie, 2024, tu es une année 8, 2 cercles qui se rejoignent, le 8 est paraît-il le nombre du “tout ou rien”, une impression hardcore renforcée, si vous y croyez, par l’astrologie chinoise qui affiche 24 comme l’année du dragon. Bref, feux et flammes au programme, davantage dans les cœurs que dans les forêts, espérons.

Que va-t-il se passer pour sûr cette année, quels événements programmés : les Jeux Olympiques et para à Paris à partir du 26 juillet (fuite prévisible d’une partie de la population ayant loué à prix d’or son appartement sur Airbnb, un vrai défi aux punaises de lit) ; les sportifs auront aussi noté un Euro de football en Allemagne (La Belgique est qualifiée, surtout, éviter le seum contre la Slovaquie, 1er match de poule le 17 juin).

Veuillez aussi noter une flopée d’élections présidentielles à venir cette année en Finlande au Mali, au Salvador, en Azerbaïdjan, au Sénégal, en Algérie, en Slovaquie (encore elle), en Russie, où l’on se doute de l’issue et aux Etats Unis où l’on redoute en novembre un revival à mèche décolorée.

Et pour ceux qui y croient encore, sachez que le pape François a annoncé une visite en Belgique en 24, si dieu lui prête vie, évidemment.

Au rayon commémoration, les 80 ans du débarquement allié en Normandie (le 6 juin), Utah, Omaha, Gold, Juno, Sword, révisez vos Beach.

Après, c’est au choix, vous célébrerez cette année les 20 ans de la mort de Claude Nougaro et de Marlon Brando ou les 30 ans de celle d’Eugène Ionesco et vous remarquerez qu’ils auraient eu 100 ans en 2024 s’ils n’avaient subi une issue fatale avant : Charles Aznavour, James Baldwin, Marcello Mastroianni ou bien Lauren Bacall. Belle cuvée, 1924 !

Chère 2024, à toi de jouer. Le monde t’attend au tournant, tu hérites de quelques dossiers brûlants. Le climat, en plein dérèglement, les guerres dont on ne sait pas l’issue, en Ukraine ou au Proche-Orient. Les extrêmes ou les populistes, ou les extrêmement populistes, qui se sentent tout confiant.

Fais ce que tu peux, accorde-nous quand même si possible l’exécution de quelques vœux. Tu es comme nous, tu es de passage. Tu as parfaitement le droit de ne pas être sage.

Bonne année à toi 2024 !

Pascale Clark

Retrouvez les plumes de votre rendez-vous “En toutes lettres !” chaque semaine dans “Dans quel Monde on vit” présenté par Pascal Claude sur La Première.