Dans le cadre de l’un des plus grandes initiatives de recherche jamais lancées par l’Union européenne (UE), une équipe internationale a levé l’alerte sur le graphène. Les scientifiques n’ont pas observé de risques aigus pour la santé, comme le montre une étude avec participation suisse publiée dans la revue ACS Nano.
Cette méta-analyse s’est penchée sur près de 500 études sur les risques sanitaires et écologiques des matériaux à base de graphène. Fabriqué pour la première fois en 2004, le graphène est constitué d’une seule couche d’atomes de carbone et possède des propriétés exceptionnelles : il est mécaniquement solide, très flexible et possède une excellente conductivité électrique.
Afin d’en savoir plus sur ce matériau, l’UE a lancé en 2013 l’initiative de recherche “Produit phare du graphène”. Avec un budget total d’un milliard d’euros, il s’agissait de la plus grande initiative de recherche de l’Europe à ce jour, en plus du “Projet Cerveau Humain” lancé à la même époque, a indiqué jeudi le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (EMPA) dans un communiqué.
Après dix ans, ce programme de recherche vient de s’achever et la présente étude en résume les résultats, qui portaient sur les effets environnementaux et sanitaires.
“Nous avons examiné les effets aigus possibles de différents graphènes et matériaux similaires au graphène sur les poumons, le tractus gastro-intestinal et le placenta, et dans toutes les études, nous n’avons pas observé d’effets aigus graves endommageant les cellules”, indique Peter Wick, biologiste moléculaire à l’Empa, cité dans le communiqué. Des réactions de stress peuvent certes se produire dans les cellules des poumons, mais les tissus se rétablissent relativement vite, ajoute le chercheur.
Dans leurs analyses, l’équipe de recherche ne s’est pas limitée aux matériaux de type graphène nouvellement produits, mais a également examiné l’ensemble du cycle de vie des diverses applications des matériaux contenant du graphène. Diverses questions ont été posées, telles que : “Que se passe-t-il lorsque ces matériaux sont abrasés ou brûlés ? Des particules de graphène sont-elles libérées et cette fine poussière peut-elle nuire aux cellules, aux tissus ou à l’environnement ?”
L’étude ne portait pas seulement sur le graphène, mais aussi sur d’autres matériaux dits 2D, c’est-à-dire des matériaux constitués d’une seule couche d’atomes, comme les nitrures de bore, les dichalcogénures de métaux de transition, les phosphènes et les MXènes. Certains de ces nouveaux matériaux sont toutefois encore peu étudiés, a souligné Peter Wick. Des recherches supplémentaires sont nécessaires.
Pendant longtemps, le graphène, ce “matériau miracle” n’a existé qu’en théorie. Ce n’est qu’en 2004 que les physiciens Konstantin Novoselov et Andre Geim de l’université de Manchester (GB) ont pu le produire et le caractériser spécifiquement. Pour ce faire, les chercheurs ont enlevé des couches de graphite à l’aide d’un morceau de ruban adhésif jusqu’à obtenir des flocons d’un seul atome d’épaisseur. Ces travaux leur ont valu le prix Nobel de physique en 2010.
(sjaq et l’ats)
#graphène #passe #avec #succès #des #tests #santé #rts.ch
publish_date] pt]