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L’histoire de l’Imam Assouhaili, une légende de Marrakech

L’histoire de l’Imam Assouhaili, une légende de Marrakech
A Marrakech, les histoires des sept Saints, les fameux « Sabâtou Rijal », dont la culture orale et les cantiques se sont échos au fil des siècles, plaisent, interpellent ou choquent. En d’autres termes, elles ne laissent personne indifférent.

Comme celle de l’Imam Assouhaili, transmise de père en fils, de génération en génération, enseignée dans les Universités les plus prestigieuses du monde arabo-musulman comme Al-Qarawiyine de Fès ou Al-Azhar du Caire, appuyée par les thèses les plus émérites et savamment répertoriée dans les Archives nationales du Royaume.

Une histoire poignante qui exhorte d’emblée à la méditation. Juriste arabo-amazigh très porté sur les sciences humaines, la grammaire et la religion, né aveugle, désargenté, Abou Kassem Assouhaili fut éduqué à l’autosuffisance et à l’abnégation. Assoiffé de culture et friand de savoir, il a daigné côtoyer d’éminents Oulémas arabo-andalous, à une époque où l’apprentissage de la langue arabe et du Coran était porté aux cimes, voire aux nues.

Quand bien même sa situation précaire et sa santé fragile auraient pu faire de lui un homme ordinaire sans savoir ni mérite, le destin en a voulu autrement.

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Selon moult récits historiques concordants, le jeune arabo-andalou a passé toute son enfance avec son père qui l’a aidé à apprendre le b.a.-ba de la grammaire et du Coran. Adolescent, ses enseignants voyaient déjà en lui un prodige. Pour étudier chez les doctes de l’époque, tel que le soufiste Abou Bakr Ibn Arabi et le linguiste Ibn Attarawa, il a osé sillonner les quatre coins de l’Andalousie. À 17 ans, il connaissait par cœur les 60 parties du Livre saint de l’Islam.

L’âge d’or de l’Andalousie musulmane


De son vivant, l’Imam Assouhaili a été témoin de l’âge d’or des Almoravides (1090-1140), le retour des Taïfas (1145-1153) et le triomphe des Almohades (1147-1228).

En effet, à l’époque, la ville de Souhail, tout comme Malaga, se trouvait dans un climat politique plutôt tendu. La conquête de Tolède par Alphonse VI représentait une menace existentielle pour les Royaumes musulmans de la péninsule. Face à ce défi, les têtes couronnées des Taïfas sollicitent l’aide du Sultan almoravide d’Afrique du Nord, Youssef ben Tachfine, qui atterrit à Algésiras, défiant le roi de León à la bataille de Zalaca (1086). Son objectif est de gagner progressivement toutes les villes appartenant aux Taïfas (1090), mais il se heurte à l’ancienne capitale wisigothique, Tolède.

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Un parcours atypique


Au milieu de ce brouhaha, Assouhaili n’avait de bataille que celle contre l’ignorance. Son souhait le plus cher fut de trouver des scribes qui pourraient l’aider à retranscrire ses livres sur le droit musulman, à savoir la charia et un autre recueil des habiths sahihs, soit les paroles vérifiées et validées du messager de l’Islam. Dès 18 ans, il se mit à enseigner l’art de lire et de réciter le coran. Quelques années plus tard, il publia deux recueils, suivi de plusieurs autres essais.

Au Maroc, lors de l’apogée des Almohavides, un nouveau « réveil » religieux initié par Ibn Toumert est né dans le Sud du pays. Dès 1147 les Almohavides siègent sur Marrakech, pacifient le Maroc en 1148 et étendent leur influence sur tout le Maghreb. Entre 1146 et 1150, ils conquièrent Al-Andalous et installent leur capitale à Séville.

À l’approche de la mort d’Aswahaili, durant la seconde moitié du XIIe siècle, Al-Andalous, l’Espagne musulmane, est prospère. L’agriculture et l’artisanat sont largement diversifiés, les impôts sont allégés et une réforme monétaire donne naissance au dinar almohade, à l’origine du doublon, qui multiplie par deux la quantité d’or par pièce.

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Forte de sa prospérité, l’Andalousie se dote de grandes villes, de marchés et de commerces, en particulier à Séville (la nouvelle capitale), mais aussi à Cordoue, Almeria, Grenade, Malaga et Valence. En dépit de la doctrine rigoureuse des nouveaux Souverains, la vie des plus fortunés semble perpétuer un art de vivre hérité du califat et marqué par la chasse et la bonne nourriture.

De retour à la terre de ses ancêtres, il choisit de vivre à Marrakech jusqu’à ce qu’il y ait rendu son dernier souffle en 1187. Après sa mort, des hordes humaines désireuses de réussir dans les affaires ou d’avoir une vie personnelle épanouie rendent visite aux saints de la ville ocre pour implorer leur bénédiction, en respectant rigoureusement le calendrier hebdomadaire dédié à ces pratiques, en commençant par cet imam le premier jour de la semaine, lundi.

Houda BELABD

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