Le 17 avril 1975, Phnom Penh, la capitale cambodgienne, tombait aux mains des khmers rouges. Vêtus de pyjamas noirs et de foulards rouges, les guérilleros victorieux étaient accueillis par une population partagée entre espoir et crainte. Peu imaginaient l’horreur qui allait suivre. En 48 heures,la ville de deux millions d’habitants serait vidée de sa population,marquant le début d’un des plus terribles chapitres du XXe siècle.L’évacuation fut justifiée par une menace de bombardement américain. la population, traumatisée par les 500 000 tonnes de bombes déversées par les B-52 au cours des trois années précédentes, ne remit pas en question l’alerte.C’était un mensonge. L’évacuation de Phnom Penh n’était que le premier acte d’une révolution radicale.
Le régime communiste nourrissait des ambitions utopiques. Ses idéologues rêvaient d’une société paysanne, débarrassée de 2000 ans de civilisation. Chaque citoyen devait participer à cette utopie,aboutissant à la création d’un homme nouveau,un être pur,libéré des influences modernes,au sein d’une communauté ignorante et autosuffisante.
Les témoignages des survivants décrivent des scènes d’horreur : enfants,vieillards et malades mourant sur les routes,travaux forcés dans les rizières collectives et construction d’infrastructures rudimentaires. la simple possession d’un savoir était une condamnation.
« Dans chaque ville, des personnes éduquées, professeurs, médecins, moines, intellectuels ou toute personne ayant fait des études, étaient assassinées. »
Porter des lunettes ou avoir des mains non marquées par le travail des champs pouvait suffire à justifier une exécution.
Ce projet destructeur n’était pas né dans les jungles cambodgiennes, mais dans les cafés parisiens, deux décennies plus tôt. de jeunes étudiants privilégiés, issus de la bourgeoisie de Phnom Penh, y ourdirent un nouvel ordre faisant table rase du passé. Parmi eux,Khieu Samphan,Ieng Sary et Saloth Sar,plus connu sous son nom de guerre : Pol Pot,ou Frère numéro un.
Le contexte de l’époque explique en partie cette tragédie.La guerre d’Indochine avait ébranlé l’empire français. Le Vietnam du Nord avait proclamé son indépendance, suivi par le Cambodge, devenu une monarchie sous le roi norodom Sihanouk. La guerre du Vietnam embrasa la région, et les partis communistes locaux reçurent le soutien de Hanoi, Pékin et Moscou.
Le roi Sihanouk proclama la neutralité du Cambodge. Le Vietcong utilisa le territoire cambodgien pour attaquer les troupes sud-vietnamiennes et soutint les Khmers rouges dans leur rébellion. En 1970, un coup d’État soutenu par Washington renversa Sihanouk, le remplaçant par le dictateur militaire Lon Nol.
Le régime de Lon nol échoua. Les Khmers rouges instaurèrent la Kampuchea démocratique, un régime de terreur. Sihanouk fut rappelé d’exil et placé à la tête de l’État, mais réduit à un rôle symbolique.Après avoir démissionné en signe de protestation contre la répression,cinq de ses enfants et quatorze autres membres de sa famille furent exécutés. La culture fut également décimée : 90% des danseurs du Ballet Royal, un art ancestral classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, périrent.
« La destruction du tissu social fut brutale. »
Des générations entières de personnes éduquées furent perdues, laissant des traces profondes sur le développement du pays. Les mariages forcés, imposés par les Khmers rouges pour créer une société nouvelle, brisèrent de nombreuses familles.
L’irrationalité du régime conduisit à sa propre perte. La Kampuchea démocratique, en quête d’un ordre révolutionnaire et isolationniste, fut minée par les conflits internes du bloc communiste et par des rivalités anciennes.Le Cambodge, pro-chinois, avait perdu sa région sud-orientale au profit du vietnam, fidèle à Moscou. Cette animosité conduisit à une invasion du Vietnam, une erreur fatale compte tenu du rapport de forces.
Hanoi répliqua par une contre-offensive, soutenue par les opposants au régime cambodgien. La paranoïa du régime s’intensifia, entraînant une répression accrue et la traque de prétendus ennemis intérieurs. La prison S-21, ou Tuol Sleng, transformée en Musée du Génocide, témoigne de cette folie. Environ 12 000 personnes, dont de nombreux membres de la guérilla, y furent torturées et assassinées. seule une quinzaine survécurent.
Le nombre exact de victimes de cette période reste inconnu. On estime qu’environ deux millions de personnes périrent de faim, de maladie, d’épuisement ou furent exécutées.
Le 7 janvier 1979, Phnom penh fut de nouveau envahie, cette fois par les troupes vietnamiennes. Les khmers rouges se replièrent vers l’ouest ou se réfugièrent en Thaïlande. Dans un retournement de situation surréaliste, ils s’allièrent à leurs anciens ennemis, monarchistes et occidentaux. Les États-Unis apportèrent même un soutien aux miliciens qu’ils avaient combattus auparavant, ces derniers ayant renoncé à leur idéologie communiste pour tenter de reprendre le contrôle du pays.Les anciens rivaux s’unirent pour combattre Hun Sen,l’homme fort du nouveau régime,un ancien Khmer rouge rallié aux Vietnamiens,qui conserva le pouvoir pendant 40 ans.
Les combats laissèrent place à des négociations, et les Accords de Paix de paris furent signés en 1991.
« La véritable pacification n’est intervenue qu’à la mort de Pol Pot en 1998, lorsque la majorité des Khmers rouges ont déposé les armes. Au total,nous parlons de 30 ans de conflit continu. »
La fin de la guerre révéla de nombreuses fosses communes dans un pays miné. Le Tribunal Spécial pour le Cambodge jugea cinq hauts dirigeants khmers rouges.Pol Pot mourut dans la jungle avant d’être condamné. Seul Kieu Shampan, son successeur à la tête des Khmers rouges, purge une peine de prison à perpétuité.Lors de son procès, il affirma n’avoir jamais eu connaissance des atrocités commises.
Le gouvernement actuel prépare une loi visant à punir toute personne niant ou approuvant les crimes commis pendant la période de la Kampuchea démocratique. Cinquante ans après, de nombreux survivants portent encore les cicatrices de cette tragédie. dans les zones rurales, les préoccupations quotidiennes restent la priorité : rembourser les dettes, protéger les rizières des inondations et assurer la santé et l’éducation des enfants.Quant aux anciens miliciens khmers rouges, souvent des enfants soldats, beaucoup sont aujourd’hui handicapés par les mines antipersonnel. Ils sont intégrés dans leurs communautés, et le peuple cambodgien a su pardonner.
La Tragédie des Khmers Rouges au Cambodge : Un Génocide Oublié ?
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Le 17 avril 1975 marque la prise de Phnom penh par les Khmers rouges.Sous le prétexte d’un bombardement imminent, la population de deux millions d’habitants est évacuée en 48 heures, début d’un génocide effroyable.Cette évacuation, un mensonge, amorçait une révolution radicale visant à créer une société paysanne pure, débarrassée de 2000 ans de civilisation.
L’Utopie Sanglante des Khmers Rouges
Le régime communiste, nourrissant des ambitions utopiques, ambitionnait la création d’un “homme nouveau”, libéré des influences modernes. Toute personne éduquée, intellectuelle ou possédant un savoir était persécutée, souvent exécutée. Des témoignages poignants décrivent des scènes d’horreur : morts sur les routes, travaux forcés, et une terreur omniprésente. Même porter des lunettes ou avoir des mains non calleuses pouvait justifier une exécution. ce projet destructeur, né dans les cafés parisiens deux décennies plus tôt, était le fruit de jeunes étudiants issus de la bourgeoisie de Phnom Penh, parmi lesquels Pol Pot (Saloth Sar), Khieu samphan et ieng Sary.
Le Contexte de la Tragédie
La Guerre d’Indochine, la guerre du Vietnam et le soutien de Hanoi, Pékin et Moscou aux partis communistes locaux ont grandement influencé la situation. La proclamation de la neutralité du Cambodge par le roi Sihanouk n’a pas empêché l’utilisation du territoire cambodgien par le Vietcong. Le coup d’État de 1970, soutenu par les États-Unis, qui renversa Sihanouk et installa Lon Nol, a aggravé le conflit. L’échec du régime de Lon Nol a ouvert la voie aux Khmers rouges et à leur régime de terreur, la Kampuchea démocratique. Même Sihanouk, rappelé d’exil, fut réduit à un rôle symbolique, puis cinq de ses enfants et quatorze membres de sa famille furent exécutés après sa démission.La culture cambodgienne a subi de lourdes pertes ; 90% des danseurs du Ballet Royal ont péri.
La Chute et l’Héritage
L’irrationalité du régime et les conflits internes du bloc communiste ont précipité sa chute.L’invasion du Vietnam, une erreur fatale, a provoqué une contre-offensive soutenue par les opposants au régime. La prison S-21 (Tuol Sleng) témoigne de la barbarie du régime, avec environ 12 000 personnes torturées et assassinées. On estime à deux millions le nombre de victimes du régime. L’invasion vietnamienne de 1979 a mis fin au régime des Khmers rouges. Paradoxalement, les Khmers rouges se sont alliés à leurs anciens ennemis, recevant même le soutien des États-Unis, pour combattre Hun Sen, un ancien Khmer rouge rallié aux vietnamiens.
Les accords de paix de Paris (1991) ont mis fin aux combats,mais la pacification complète n’est intervenue qu’avec la mort de Pol Pot en 1998. le Tribunal Spécial pour le Cambodge a jugé cinq hauts dirigeants des Khmers rouges, seul Khieu Samphan purge une peine de prison à perpétuité. Aujourd’hui, le Cambodge porte encore les cicatrices de cette tragédie, mais le peuple cambodgien a su pardonner.
Tableau Récapitulatif: La Chronologie des Khmers Rouges
| Année | Événement |
|—|—|
| 1975 | Prise de Phnom Penh par les Khmers Rouges |
| 1975-1979 | Régime de la Kampuchea démocratique et génocide |
| 1979 | Invasion vietnamienne et chute des Khmers Rouges |
| 1991 | Accords de paix de Paris |
| 1998 | Mort de Pol Pot |
FAQ
Q: Combien de victimes ont fait les Khmers Rouges ?
R: On estime à environ deux millions le nombre de victimes.
Q: Qui était Pol Pot ?
R: Pol Pot (Saloth Sar) était le dirigeant des Khmers Rouges.
Q: Quand les Khmers Rouges ont-ils pris le pouvoir ?
R: Le 17 avril 1975.
Q: Quand les Khmers rouges ont-ils été renversés ?
R: En janvier 1979 par l’armée vietnamienne.
Q: Quel est le rôle de Tuol Sleng (S-21) ?
R: C’était une prison où des milliers de personnes ont été torturées et assassinées. C’est aujourd’hui un musée du génocide.