La militante Narges Mohammadi, vice-présidente du Centre des défenseurs des droits de l’Homme fondé par Shirin Ebadi, a été condamnée et emprisonnée à plusieurs reprises au cours des 25 dernières années pour son engagement contre le voile obligatoire pour les femmes et contre la peine de mort. La présidente du Comité Nobel norvégien, Reiss-Andersen, a lancé un appel à l’Iran pour la libérer, déclarant : “Faites quelque chose de digne et libérez la lauréate du Nobel”. L’an dernier, l’Iran a connu un vaste mouvement de contestation suite à la mort de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, après son arrestation à Téhéran pour non-respect du strict code vestimentaire islamique.
L’Iran se situe à la 143e place sur 146 pays du classement du Forum économique mondial (WEF) sur l’égalité des sexes. Une adolescente de 16 ans, Armita Garawand, est également actuellement dans le coma après avoir été “agressée” par des membres de la police des mœurs chargés de faire respecter l’obligation de porter le voile. Narges Mohammadi a écrit le mois dernier depuis sa cellule que le mouvement de contestation a accéléré le processus de démocratie, de liberté et d’égalité, et qu’il est désormais “irréversible”. Elle a elle-même brûlé son voile avec trois autres codétenues dans la cour de la prison d’Evin à Téhéran pour marquer l’anniversaire de la mort de Mahsa Amini le 16 septembre.
Selon l’ONG Droits de l’homme en Iran (IHR), 551 manifestants, dont 68 enfants et 49 femmes, ont été tués par les forces de sécurité, et des milliers d’autres ont été arrêtés. La contestation se poursuit sous différentes formes et représente l’un des plus grands défis pour les autorités iraniennes depuis la révolution de 1979.
La famille de Narges Mohammadi a salué “un moment historique pour le combat pour la liberté en Iran”, et l’ONU a demandé sa libération ainsi que celle de tous les défenseurs des droits humains emprisonnés en Iran. La présidente de la Commission européenne et Berlin se sont félicités du choix du Comité Nobel, tandis que la Russie a choisi de ne pas réagir. Le Comité Nobel considère Narges Mohammadi comme une “détenue d’opinion” et rapporte qu’elle a été arrêtée 13 fois et condamnée cinq fois à un total de 31 ans de prison et 154 coups de fouet. Elle est actuellement incarcérée et n’a pas vu ses enfants qui vivent en France avec son mari depuis huit ans.
Le prix de la paix du Nobel lui sera remis le 10 décembre à Oslo. Il s’agit de la cinquième fois qu’il est attribué à des militants emprisonnés.