L’impact des micro et nanoplastiques sur la santé cardiovasculaire : une étude inquiétante

Alors que la pollution plastique devient de plus en plus préoccupante pour la santé de notre planète, quel est son impact sur la santé humaine ? Une équipe de scientifiques italiens a mené une étude montrant que la présence de micro et nanoplastiques dans les plaques d’athérome artérielles était associée à un risque cardiovasculaire accru. Faisons le point.

Plastiques et pollution environnementale

Le plastique et tous ses dérivés (polyéthylène, polypropylène, polystyrène, polychlorure de vinyle) sont omniprésents dans nos sociétés modernes et leur production ne cesse d’augmenter. On les retrouve ainsi dans les emballages alimentaires, dans les fibres des vêtements, dans les jouets, etc. Ils représentent pourtant un ennemi redoutable pour la préservation de notre planète. Contribuant largement au phénomène de pollution, ce sont chaque année 8 millions de tonnes de plastiques qui terminent dans l’océan.

Par ailleurs, au cours de leur transport, les plastiques se désagrègent en microplastiques (particules de moins de 5 millimètres) et en nanoplastiques (particules de moins de 1 000 nanomètres). Ces petites particules se retrouvent alors dans les sols, dans l’air, dans l’eau et sont capables de pénétrer dans les organismes humains et animaux par ingestion, inhalation ou contact cutané. Elles interagissent ensuite de manière toxique avec ces organismes. Leur présence a d’ailleurs été détectée dans des tissus du corps humain tels que le placenta, les poumons, le foie, mais aussi dans le sang, les urines et même le lait maternel. En outre, le polyéthylène est connu pour être un perturbateur endocrinien. Quant au polychlorure de vinyle, il est connu pour être cancérogène de classe I pour deux formes de cancers du foie.

Des études précliniques récentes suggèrent que les micro et nanoparticules de plastique pourraient constituer un nouveau facteur de risque de maladies cardiovasculaires. Des études in vitro ont en effet montré les effets toxiques de ces particules de plastique qui favorisent par exemple le stress oxydatif et l’inflammation. Des études sur animaux ont également suggéré des effets néfastes sur le système cardiovasculaire tels qu’une altération du rythme cardiaque et de la fonction cardiaque, ou une fibrose myocardique.

Cependant, jusqu’à présent, aucune donnée clinique n’était disponible concernant l’éventuel lien entre les micro/nanoparticules de plastique et le développement de maladies cardiovasculaires.

Micro et nanoplastiques dans les artères : quel impact sur la santé ?

Ayant constaté cela, des scientifiques italiens ont mis en place une étude prospective observationnelle. L’objectif affiché ? Vérifier si la présence de micro et nanoplastiques dans l’athérome de patients devant subir une intervention est associée ou non à un risque cardiovasculaire accru par rapport à des patients ayant un athérome exempt de ces particules de plastique.

Pour mener à bien leurs travaux, les chercheurs ont analysé l’athérome carotidien de 257 personnes, âgées de 18 à 75 ans, sur une période de 34 mois. Ils ont cherché 11 types de micro et nanoplastiques par spectrométrie de masse et microscopie électronique.

À la fin du suivi, les chercheurs ont pu faire les constatations suivantes :

• Présence de polyéthylène dans l’athérome carotidien de 58,4 % des patients.
• Présence de polychlorure de vinyle dans l’athérome carotidien de 12,1 % des patients.
• Survenue d’un événement cardiovasculaire (infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux non mortels ou décès toutes causes confondues) chez 20 % des patients présentant un athérome avec micro et nanoplastiques contre 7,5 % des patients présentant un athérome sans micro et nanoplastiques.
• Quantités accrues de marqueurs inflammatoires chez les patients présentant un athérome avec des microplastiques.

Un risque accru de maladies cardiovasculaires

Publiés dans le Journal of Medicine de la Nouvelle-Angleterre, ces résultats démontrent pour la première fois l’impact des micro et nanoplastiques sur la santé humaine. Ces micro et nanoparticules étrangères contribueraient ainsi à déclencher une inflammation. Cette inflammation augmenterait à son tour le risque de rupture d’une plaque d’athérome, susceptible d’obstruer les vaisseaux sanguins. La présence de micro et nanoplastiques dans les plaques d’athérome carotidiennes serait donc associée à une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires et de mortalité.

Les auteurs de cette étude reconnaissent cependant que ces travaux présentent des limites comme le risque de contamination plastique en laboratoire ou le panel peu représentatif de la population générale. Des recherches plus approfondies seront donc nécessaires pour éclaircir totalement ce sujet.

Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources