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L’inceste, un tabou ultime : comment en parler sans reproduire la violence ?

by Nouvelles

Comment raconter la violence sans générer autre violence ? Comment montrer ce que personne ne voudrait voir ? Comment dire l’indicible ?

Un documentaire a suivi le fleuve Tajapuru, longeant l’île de Marajò, située dans le delta de l’Amazone, au Brésil. Il a recueilli les témoignages de nombreuses jeunes filles et femmes victimes de viols par leurs pères ou d’autres membres de leur famille.Un exploitation sexuelle qui commençait dès l’enfance, à la maison, et se poursuivait sur les barges commerciales descendant le fleuve, sans leur laisser d’échappatoire.

La réponse apportée est Manas (sœurs, en portugais) : l’histoire de Tielle, 13 ans, vivant dans une maison sur pilotis avec sa mère, son père, son frère et sa petite sœur. Elle observe l’eau lente, boueuse et croupissante, tandis que l’air résonne du bruit incessant de la vie dans la forêt tropicale. Tielle se demande pourquoi sa sœur aînée n’a jamais écrit depuis cet endroit magnifique où, selon sa jeune mère, l’homme avec qui elle vit l’a emmenée et où elle ne manque de rien.

Sa sœur ne se manifestera pas, ni sa mère, qui a subi le même sort et s’y est résignée.La réponse viendra de son père, un jour où, la mère enceinte le repoussant, il emmène pour la première fois la jeune fille chasser dans la forêt, au lieu de son frère. Le film ne montre pas ce que cela lui fait, mais seulement son visage, l’extinction de son regard, son corps flottant dans l’eau sombre, sa mère silencieuse qui lui peigne les cheveux dans le fleuve, son comportement qui change du tout au tout. Contrairement à sa mère, Tielle décide de ne pas se résigner. Contrairement à sa sœur aînée, elle décide de ne pas abandonner sa petite sœur.

Le résultat est un film d’une grande intensité, capable d’aller au cœur de la violence patriarcale, racontant presque sans mots, à partir de ces enfants perdus dans la forêt, une histoire universelle qui brûle et incite à la révolte.

En Amazonie péruvienne se déroule un autre film, un documentaire : « Karuara. People of teh river ». Pendant dix ans, la vie d’un peuple indigène, les Karuara, a été filmée. Ils se considèrent comme les enfants du fleuve et croient qu’il est habité par ceux qui y disparaissent. Ils pensent que sous l’eau boueuse se trouve une ville, accessible par les tourbillons à la surface. Leurs légendes ont été recueillies, racontées à l’aide de dessins animés réalisés avec des artistes locaux. Leur vie a été filmée : les parties de pêche, les naissances, le transfert des jeunes filles vers les villes pour qu’elles puissent étudier. Surtout, les fuites de pétrole polluant le fleuve, de plus en plus stérile et désert, et tout leur environnement ont été filmées, mettant en péril leur mode de vie et tout l’écosystème.La naissance d’un mouvement a été documentée, celui de la Fédération des femmes indigènes Kukama des rivières Marañón et Samiria, qui a réussi à faire déclarer le fleuve Marañón comme détenteur de droits, comme un être humain.

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Comment raconter la violence sans générer autre violence ?

Le documentaire Manas illustre une approche puissante : montrer l’impact de la violence sur les victimes plutôt que la violence elle-même. Le film privilégie les expressions non-verbales, les regards, les silences, pour traduire la souffrance et la résilience. L’absence d’images explicites de la violence permet d’évoquer l’horreur sans la reproduire.Dans Karuara, la violence est incarnée par la pollution du fleuve, une menace environnementale tangible illustrant les conséquences de l’exploitation humaine.

Comment montrer ce que personne ne voudrait voir ?

Il s’agit de trouver un équilibre entre la réalité brute et la responsabilité éthique. Manas choisit de ne pas montrer directement les actes de violence, mais de se concentrer sur les conséquences psychologiques et comportementales sur les victimes. Karuara montre l’impact physique de la pollution, une réalité difficile à regarder, mais nécessaire pour dénoncer la situation. L’utilisation d’un langage symbolique, comme dans le recours aux dessins animés dans Karuara, peut rendre plus accessible des réalités difficiles.

Comment dire l’indicible ?

En utilisant un langage cinématographique subtil et puissant. Le silence, les regards, les expressions du visage deviennent des outils narratifs plus forts que les mots. Manas utilise la nature — le fleuve, la forêt — comme un miroir de la violence intérieure. Karuara utilise la mythologie et les traditions du peuple Karuara pour donner du sens à leurs souffrances et à leur lutte. L’approche se concentre sur l’espoir, la révolte et la résistance des victimes, et la création d’un mouvement d’action.

Tableau comparatif : Manas et Karuara

| Caractéristique | Manas | Karuara |

|—|—|—|

| Thème principal | Violence familiale et sexuelle,résilience | Pollution environnementale,lutte pour les droits du fleuve |

| Approche narrative | Intimiste,centrée sur les victimes | Documentaire ethnographique,contextualisé dans une lutte collective |

| Représentation de la violence | implicite,par les conséquences sur les victimes | Explicite,visuelle (pollution) |

| Style visuel | Sobre,réaliste | varié,incluant des dessins animés |

| Message principal | Importance de la parole et de la solidarité face à l’inceste | La défense de l’environnement et des droits collectifs |

FAQ

Q : Comment ces films évitent-ils la victimisation secondaire ?

R : En se focalisant sur la force et la résilience des victimes,en donnant la parole à celles qui le souhaitent et en évitant les images explicites de la violence.

Q : Quel est le rôle de la nature dans ces documentaires ?

R : La nature sert de toile de fond, mais surtout de reflet des émotions et des difficultés vécues par les personnages.

Q : Quel est l’impact escompté de ces films ?

R : Sensibiliser le public, encourager le dialogue et inciter à l’action contre la violence et la destruction environnementale.

Q : Pourquoi ces films sont-ils importants ?

R : Ils donnent une voix aux victimes, remettant au centre la lutte contre les injustices.

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