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L’Inde met fin à ses exportations de riz blanc non basmati, aggraves la situation des prix

L’Inde met fin à ses exportations de riz blanc non basmati, aggraves la situation des prix

Le pays a annoncé vendredi cette décision qui vise à sécuriser la consommation de sa population, alors que les prix augmentent ces dernières semaines sur les marchés boursiers.

Un arrêt aux conséquences mondiales. L’Inde a mis fin à ses exportations de riz blanc non basmati “avec effet immédiat”, a annoncé, jeudi 20 juillet, le ministère de la Consommation et de l’Alimentation dans un communiqué. Dans un contexte où le prix du riz a déjà augmenté, cette décision pourrait encore aggraver la situation. Franceinfo répond à quatre questions sur le choix de l’Inde.

1. Pourquoi l’Inde a-t-elle décidé de cesser ses exportations ?
Le gouvernement indien poursuit deux objectifs. D’une part, il s’agit de “garantir” un approvisionnement “suffisant” pour les consommateurs locaux. Au deuxième trimestre 2023, les exportations indiennes de riz blanc non basmati ont bondi de 35% sur un an, peut-on encore lire dans le communiqué.
D’autre part, le ministère entend ainsi “atténuer la hausse des prix sur le marché intérieur” alors que les “prix au détail ont augmenté de 11,5% en un an et de 3% ces derniers mois”. L’an dernier, le pays a exporté 10,3 millions de tonnes de riz blanc non basmati, souligne l’AFP.
Les exportations indiennes de riz blanc non basmati représentent environ un quart des exportations totales de riz par l’Inde, ajoute l’agence de presse. L’Inde est un poids lourd du marché puisqu’il représente près 38% des exportations mondiales de riz, selon une note du ministère de l’Agriculture français (PDF) suivi de la Thaïlande et du Vietnam (14%).

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2. Pourquoi le prix du riz augmente-t-il ?
New Delhi cite le “contexte géopolitique” notamment la guerre en Ukraine, et les “phénomènes climatiques extrêmes” notamment El Niño. Le phénomène météorologique, caractérisé par des températures de surface plus chaudes que la normale dans l’océan Pacifique équatorial a causé de graves déficits de pluie dans les pays d’Asie du Sud-Est, alors que la culture du riz est particulièrement gourmande en eau.
Dans le cas de l’Inde, après un épisode de sécheresse au début de l’année, des inondations ont fortement endommagé les cultures en juillet. “L’effet combiné de ces deux phénomènes fait baisser la production indienne” souligne auprès de franceinfo Thierry Pouch, économiste à l’université de Reims Champagne-Ardenne. Toutefois, cette baisse devrait être très limitée, selon le chercheur : “Elle va passer à 136 millions de tonnes en 2023 à un peu moins de 135 millions de tonnes en 2024 selon les estimations.”
La spéculation constitue une autre raison de l’augmentation des prix, selon Patricio Mendez Del Villa, économiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement. “Les pays importateurs cherchent à remplir leurs stocks, et les pays exportateurs en profitent pour faire grimper la facture” analyse-t-il dans Le Figaro.

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3. Quelles sont les conséquences sur le marché mondial ?
La décision de l’Inde va entraîner une augmentation “inévitable” des prix sur les marchés internationaux, déjà en cours ces derniers mois. “Après une baisse des prix en juillet 2022, on assiste à un retournement inédit” relève Thierry Pouch. “Le prix du riz à la tonne est de 513 dollars [461 euros] sur le mois de juillet 2023 alors qu’en mai et juin, on était à 470 dollars la tonne [422 euros]. C’est exactement le même niveau qu’en 2008, au moment de la crise économique et financière.”
En outre, cet arrêt des exportations risque de coûter cher aux pays qui en sont le plus dépendants. Cela va “mettre des pays importateurs comme le Bénin, le Sénégal, la Turquie ou le Liban en grande difficulté financière” redoute Thierry Pouch. Il y a un “risque d’exacerber l’insécurité alimentaire” dans de tels Etats, a mis en garde, dans une note citée par l’AFP, la société Gro Intelligence, qui analyse des données sur les matières premières.
Pour l’économiste, la Russie devrait profiter de cette situation, alors que Moscou a décidé de suspendre l’accord sur les céréales ukrainiennes. “Face à des prix aussi élevés, la Russie va pouvoir proposer de vendre sa production de céréales [autres que le riz] à un prix bien inférieur.”

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4. Le prix du riz va-t-il augmenter dans les supermarchés français ?
Oui, mais pas “immédiatement” précise Thierry Pouch. “Les contrats avec les distributeurs ont été signés sur des prix antérieurs. Quand les contrats devront être renouvelés, les prix augmenteront.” Il prédit une hausse des prix “d’ici l’automne”. En mars 2023, le riz faisait déjà partie des cinq produits qui avaient le plus augmenté, avec un bond de 25% en un an, selon une étude du cabinet Nielsen IQ pour franceinfo. Le paquet de 500 g était ainsi passé à 1,67 euro.
En France, le riz est largement importé d’Asie, mais relativement peu depuis l’Inde (21 180 tonnes en 2021/2022), bien loin du Cambodge (83 409) et de la Thaïlande (76 191). L’Italie reste toutefois le principal fournisseur (128 262 tonnes), selon les données du ministère de l’Agriculture français.
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