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L’influence des médecins sur la politique française a-t-elle diminué ?

2024-07-12 11:09:20

PARIS — « En tant que médecin, je me sens particulièrement abandonné et troublé par le résultat de ces votes inspirés par la haine et la malveillance. » Ce commentaire sur les résultats des élections européennes en France a été affiché dans la salle d’attente d’un médecin à Saint-Martin-des-Besaces, un village de 1.200 habitants où le Rassemblement national (RN) d’extrême droite a recueilli 38% des voix le 9 juin.

Dans son message, écrit en lettres capitales, le médecin de 66 ans déclare sans ambiguïté : « Si le choix de la violence extrême s’impose, ce sera sans moi. » Il explique à France Bleu avoir rédigé cette déclaration dans un moment d’intense émotion suite à la décision du président Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale. S’il décrit les résultats comme lui donnant la nausée, il souligne que son intention est d’encourager le dialogue.

Indignation et peur

Si tous les médecins ne sont pas allés jusqu’à afficher leurs opinions politiques dans leur cabinet, ce qui pourrait être perçu comme une violation de leur obligation de rester impartiaux à l’égard des idéologies de leurs patients, beaucoup ont exprimé leurs émotions et leurs convictions sur le rôle potentiel du personnel infirmier dans l’avenir de la France.

Chez la plupart des opposants au RN, les sentiments d’indignation et de peur dominent, souvent accompagnés de comparaisons historiques que d’autres jugent excessives. Par exemple, le Dr Amine Ayari, réagir sur X Au lendemain de l’annonce de la dissolution, il a déclaré qu’il était temps pour lui d’envisager de travailler hors de France, qui est pourtant son pays d’origine. Au-delà des nombreuses anecdotes personnelles, des expressions plus générales d’inquiétude ont également été largement partagées.

Dr Jérôme Marty, president of the Union Française pour une Médecine Libre, has been particularly vocal on X, exprimant des préoccupations extérieures à son rôle syndical. L’un de ses récents commentaires a souligné sa crainte que les restrictions proposées par la RN sur les personnes ayant une double nationalité et occupant certains postes « sensibles » puissent éventuellement s’étendre à des domaines tels que la santé.

Baisse de la mobilisation

La réponse ne s’est pas limitée aux individus. Au cours de la dernière semaine de campagne, diverses plateformes et appels à l’action ont émergé. Par exemple, le professeur Antoine Pelissolo et le Dr Julie Chastang ont appelé à voter pour les candidats du Nouveau Front populaire. De même, le Collectif de Professionnels et de Patients pour la Refondation de la Santé « Pour combattre véritablement le RN, les partis politiques doivent proposer des mesures urgentes pour améliorer la situation sociale de la population », a-t-il déclaré.

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Outre ces plateformes de gauche, plusieurs organisations ont clairement exprimé leur opposition au RN.

Les fédérations hospitalières ont exprimé leur inquiétude face aux nouveaux défis potentiels auxquels pourraient être confrontés les médecins et les infirmières formés à l’étranger, qui sont essentiels au fonctionnement de nombreuses institutions. Elles ont déclaré que « les valeurs du service public sont incompatibles avec toute forme de discrimination, de rejet ou d’intolérance ».

Si les syndicats de médecins libéraux, notamment actifs en 2002 et 2017, se sont montrés plus réservés cette fois-ci, les organisations de jeunes médecins ont fait entendre leur voix. Du Syndicat national des jeunes médecins généralistes au Regroupement autonome des jeunes généralistes installés et remplaçants, le message a été sans équivoque. « Ensemble contre l’extrême droite », a déclaré la première organisation.

Représentation législative

Ces initiatives individuelles ou collectives suggèrent que de nombreux médecins croient encore à leur influence électorale. La citation du chancelier allemand Konrad Adenauer (« Il est difficile de faire passer une loi contre 70 000 médecins qui voient 30 patients par jour ») est souvent citée pour souligner cette perception de pouvoir médical. Mais cette influence, si elle a jamais existé, semble avoir diminué au fil des années.

L’idée du pouvoir électoral des médecins en France découle de leur présence importante à l’Assemblée nationale depuis le début de la Troisième République. Bien que leur nombre ait diminué, les médecins restent très présents. Au fil des ans, le « lobby médical » a démontré sa force en bloquant certaines lois et même en renversant des gouvernements.

De nombreux membres de la classe politique, notamment à droite, estiment que la chute du gouvernement Juppé est en partie due à la rébellion massive des médecins contre lui. Les analystes politiques mettent cependant souvent en garde contre une surestimation de cette influence.

« La surreprésentation constante des médecins à l’Assemblée nationale n’a pas empêché récemment l’adoption de réformes contraires aux positions des principaux syndicats de médecins libéraux ou de mandarins hospitaliers. Les travaux de Patrick Hassenteufel montrent comment en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne, le « pouvoir médical » s’est érodé parallèlement aux efforts de maîtrise des dépenses de santé, déplaçant ainsi le pouvoir de décision vers les acteurs étatiques. Le pouvoir politique du corps médical n’est pas une propriété inhérente mais une relation », explique le sociologue Frédéric Pierru dans son ouvrage Essai 2017 « Un mythe bien fondé : le lobby des professions de la santé à l’Assemblée nationale. »

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L’érosion de l’influence électorale de la profession médicale se manifeste par l’écart marqué entre les orientations des médecins et les résultats des élections nationales. Cet écart s’observe dans les discours et les intentions de vote.

Un sondage réalisé par Le Quotidien du Médecin confirme ce que montraient les études précédentes : le soutien au RN reste minoritaire chez les médecins. Seuls 15,9% des praticiens interrogés ont indiqué leur intention de voter pour un candidat du parti de Jordan Bardella, alors que les sondages en population générale créditent le RN et ses alliés de près de 36% des intentions de vote.

Les médecins « déconnectés » ?

L’affiche du médecin de Saint-Martin-des-Besaces est-elle un cas de « déconnexion », comme le dit suggéré par le site Boulevard Voltaire, qui se présente comme « ouvert à toutes les sensibilités de droite conservatrice » ? Le site affirme que « le médecin de 60 ans est comme une grande partie de sa génération : déconnecté. Il est coincé dans la France des années 1980. Jouissant sans doute d’un niveau de vie enviable, notre médecin… n’a pas pris conscience de la baisse du pouvoir d’achat, de l’explosion de la précarité, [and] « la permanence des tensions communautaires ».

Ce regard est-il trop superficiel ? Les médecins sont en première ligne pour observer les difficultés quotidiennes des Français, mesurer leur sentiment d’insatisfaction à l’égard de la classe politique, qui, selon les analystes, alimente le vote RN, au-delà du simple souhait d’une politique d’immigration plus stricte. Si le message du médecin caricature l’extrême droite avec de nombreuses analogies avec le nazisme, il reconnaît aussi les difficultés auxquelles les gens sont confrontés. “La vie est effectivement difficile pour certains, et en tant que pansement social, je l’observe plus que quiconque.”

Les médecins ont sans doute été témoins de nombreux facteurs qui ont pu influencer les électeurs vers le RN. Parmi ces facteurs figure la question des déserts médicaux. En 2017, le directeur adjoint de la Fédération hospitalière de France avait noté comment les cartes des déserts médicaux se superposaient au vote pour la cheffe du RN, Marine Le Pen, au premier tour de l’élection présidentielle.

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Changement d’attitude

Comme beaucoup d’autres Français, les médecins éprouvent le même désarroi face à la montée des violences dont ils sont parfois victimes et la même frustration face aux limites du discours politique, qui contribuent aussi au vote RN. De fait, parmi les médecins et les professionnels de santé, le RN a gagné des voix ces dernières années.

Dans la fonction publique hospitalière, les intentions de vote analysées par le Centre de recherches politiques de Sciences Po en 2012 créditaient Marine Le Pen de 18 %, à égalité avec Nicolas Sarkozy. En 2017, Le Pen recueillait 25 % des intentions de vote au premier tour parmi les agents de l’hôpital public.

Aujourd’hui, le sondage du Quotidien du Médecin montre une hausse de 9,5 points du soutien au RN parmi les médecins depuis 2022. Cette hausse est la plus forte parmi tous les partis politiques. Par ailleurs, deux généralistes sur 10 seraient prêts à voter pour un candidat du RN.

Médias médicaux

Le rejet traditionnel de l’extrême droite chez les médecins s’atténue et l’effet de la « dédiabolisation » du RN semble se faire sentir parmi les professionnels de santé, quoique dans une moindre mesure. S’il existe un fossé clair entre les praticiens et l’électorat général, jetant le doute sur l’influence supposée des médecins dans les affaires politiques, il pourrait également y avoir un fossé entre les positions anti-RN dans les médias médicaux et le sentiment de la majorité de l’électorat médical.

Par exemple, le Nouveau Front populaire, soutenu par diverses organisations, notamment les signataires de la plateforme initiée par le professeur Pelissolo, est clairement boudé par les médecins, dont l’inclinaison à droite ou au centre-droit n’est pas un mythe. De plus, l’indignation à l’égard de l’Aide médicale d’État ne se reflète pas toujours dans les sondages réalisés auprès des professionnels de santé, qui indiquent que la plupart sont favorables à la réforme du système plutôt qu’à sa suppression.

Cette histoire a été traduite de JIM en utilisant plusieurs outils éditoriaux, dont l’IA, dans le cadre du processus. Des éditeurs humains ont révisé ce contenu avant publication.



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