Les relations privilégiées entre le Maroc et les États-Unis continuent de créer de la friction en Espagne. Cela est souligné par un nouveau rapport élaboré par le Centre supérieur des études de défense nationale, relevant du ministère de la Défense, dont des extraits ont été publiés par des médias ibériques.
Le rédacteur du rapport déplore que, même si l’Espagne est un allié des États-Unis au sein de l’OTAN et qu’elle accueille l’une de ses bases navales les plus importantes à Rota, les États-Unis ont choisi de privilégier leurs relations avec un régime non-démocratique et qui soulève de sérieuses inquiétudes quant à son respect des droits de l’Homme.
Il est souligné que “le Maroc a offert plus aux États-Unis que l’Espagne en échange du renforcement de la sécurité israélienne, d’où la décision concernant le Sahara occidental”. Cela fait référence à la reconnaissance de la marocanité du Sahara par l’ancien président Donald Trump le 10 décembre 2020. Depuis, “le Maroc s’est converti en un partenaire régional important des États-Unis sur les questions de sécurité”, souligne l’auteur.
En 2021, un Think-tank avait mis en garde quant à l’impact de la décision de Trump sur l’Espagne
Le rapport reconnaît que “le mouvement marocain est un exemple de ce qui peut être considéré comme un succès diplomatique dans la nouvelle ère de concurrence stratégique, alors que le suivisme et l’absence de réponse de notre gouvernement sont le signe de son incapacité à lire correctement l’environnement et à savoir s’adapter à la volatilité du contexte géostratégique.”
Les remarques du Centre supérieur des études de défense nationale rejoignent l’analyse faite par l’Institut espagnol pour la sécurité et la culture dans un rapport intitulé : “Le Maroc, le Détroit de Gibraltar et la menace militaire sur l’Espagne”, publié en août 2021.
L’Institut avait observé que “le Maroc a su tirer profit de la stratégie de Trump et Netanyahu au Moyen-Orient et le conflit palestinien, retardant habilement le rétablissement de relations diplomatiques avec Israël jusqu’à ce qu’il obtienne la reconnaissance des États-Unis de sa souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.”
Le centre de recherche avait assuré que la décision de Donald Trump dépassera la simple officialisation de liens déjà existants entre Rabat et Tel-Aviv. “Le schéma des relations politiques au Maghreb, au Sahel et en Afrique subsaharienne, va changer”.” Le rapport avait également analysé les conséquences de cette reconnaissance sur la place du Maroc au Maghreb, en Afrique, notamment au Sahel et en Europe.
Près de trois ans après la publication de ce rapport, le roi Mohammed VI a lancé, le 6 novembre, l’initiative d’accès des pays du Sahel à l’océan Atlantique, à laquelle le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont adhéré le 23 décembre.